MUSIQUE MUETTE
Quand l'automne fredonne un refrain de berceuse
Et que le fruit doré dérive entre tes doigts,
N'as-tu pas remarqué quelle harmonie heureuse
Fait remonter au ciel une branche sans poids?
La vie est un concert de musique muette,
La rumeur du silence au fond des nuits d'été,
Un accord qui relie à des formes parfaites
La souplesse, la grâce, et la simplicité.
Vois le charme scandé d'un pas d'adolescente,
Le rythme épanoui du nageur qui fend l'eau,
La courbe de la fleur qu'un soleil oriente!
Le geste le plus beau ne sait pas qu'il est beau.
Une commune gravité apparente l'une à l'autre des oeuvres si diverses.
Le jour où, pour la première fois, un matin de printemps, nous les avons vues rangées en demi-cercle chez le maître-fondeur François Rudier, il nous est souvenu de ces deux cantatrices, deux fidèles de Beethoven, Henriette Sontag et Caroline Unger, qui s'avançaient chez lui comme on entre à l'église.
Nous même, pénétré de respect et pour Beethoven et pour Bourdelle, nous pensions, à l'égard de ce dernier, que l'admiration ne va pas sans un amour qui aime à garder ses secrets.
Ce sont eux cependant que nous voudrions connaître.