Pour parer à l’ennui et à la dépression, la Mort elle-même peut être imaginée comme un dernier voyage en quête d’inconnu :
« Ô Mort, vieux capitaine, il est temps ! levons l’ancre !
Ce Pays nous ennuie, ô Mort ! Appareillons !
Si le ciel et la mer sont noirs comme l’encre,
Nos cœurs que tu connais sont remplies de rayons !
Verse-nous ton poison pour qu’il nous réconforte !
Nous voulons, tant ce feu nous brûle le cerveau,
Plonger au fond du gouffre, Enfer ou Ciel, qu’importe ?
Au fond de l’Inconnu pour trouver du nouveau ! »
La pulsion n’est pas l’instinct : elle jouit d’une mobilité par rapport aux besoins et surtout par rapport aux représentations, aux signifiants qui les constituent, auxquels elle peut se lier. De sorte que Laplanche a pu dire que « c’est la sexualité qui représente le modèle de toute pulsion et probablement la seule pulsion au sens propre du terme » .
La pensée esthétique n’est pas une présentation crue des fantasmes et des désirs : elle opère par une transposition qui est justement métaphorique ; et par ce moyen elle offre à chacun une plus grande liberté de résonance et contribue de surcroît au mécanisme de l’oscillation métaphoro-métonymique qui crée la jubilation.
Sans l’autre, je suis seul ; avec l’autre, je me différencie grâce au repère de comparaison, à tel point que, voulant me voir ainsi, c’est par l’autre que je deviens unique. Par deux voies apparemment différentes, la solitude prend ses assises.