Plusieurs préhistoriens célèbres, comme Gabriel de Mortillet ou Emile Rivière, sont animés à cette époque d'un anticléricalisme farouche qui les conduit à nier absolument la religiosité de l'Homme des cavernes. A l'orée du XXème siècle, la mode intellectuelle est encore au "bon sauvage" rousseauiste, supposé vivre dans un Eden perdu qui lui permet une parfaite oisiveté, mère des Arts comme chacun sait. Mais les compte-rendus de l'époque viennent rapidement battre en brèche cette première interprétation en montrant que l'art "primitif" a presque toujours une vocation utilitaire, et qui est fréquemment surnaturelle. De plus, l'emplacement de ces œuvres, nichées au fond des cavernes obscures, s'accorde mal avec la notion de musée. Et les signes, nombreux, ne sont pas explicables dans ce cadre.
p188-189
L'essentiel de la difficulté à percer l'art des cavernes tient à la distance temporelle qui nous en sépare. En fait, tout découle de ce écueil majeur. A commencer par quelques ambiguïtés sémantiques, comme la notion d'art [...]. On peut raisonnablement estimer que les chasseurs-cueilleurs de la Préhistoire ne se voyaient pas eux-mêmes comme des artistes, au sens moderne du terme.
Chap. 1 p.19
Des hypothèses se renforceront, d'autres seront remises en cause, mais les certitudes échapperont toujours aux préhistoriens.