AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de martineden74


C'est la première fois qu'elle pousse la porte d'un sex-shop. Elle ne veut pas se contraindre à attendre l'existence d'un alibi professionnel pour découvrir ce commerce pornographique assumé qu'elle n'a encore jamais fréquenté. Aucune femme ne devrait avoir besoin d'alibi pour assouvir sa curiosité, partir à la conquête de ses sens, à la recherche de son propre plaisir. Au premier regard, ce qui sidère le plus Maya, c'est la quantité d'objets non phalliques destinés à la jouissance féminine. (…) Les lesbiennes éprouveraient donc du plaisir, et les excisées en sont violemment et définitivement dépossédées.
Maya éprouve une rage soudaine.
Contre elle-même, qui jusqu'à présent ne considérait de l'excision que la barbarie de l'acte d'ablation, réduisant son ignominie à la découpe cruelle et à une lame de rasoir, contre les sociétés qui perpétuent cette sauvagerie. Pour faire taire les femmes d'entre leurs lèvres on sectionne leur langue contrôlé et policé, celle de l'orgasme, puissant et incontrôlable, celle qui transcende les conventions, celle qui rend invulnérable. Si ces femmes orientales et africaines, par centaines de millions, de l'Egypte à l'Indonésie, subissent des mutilations sexuelles, les sociétés occidentales, bien-pensantes et jugeant au loin ces sévices comme des coutumes locales arriérés, insidieusement des années durant, ont fait disparaître le clitoris de la vie des femmes. Aucun manuel de biologie, aucune planche d’anatomie ne décrit avec précision l’organe dont l'unique utilité consiste à apporter du plaisir à celle qui le porte. Toutes ces femmes qui sont bien nées, celles qui possèdent cette chance de ne pas avoir été sauvagement découpées avant l’âge de quinze ans, celles-là n’ont jamais été éduquée: à leur propre anatomie préservée, ignorant tout de sa toute-puissance. Toutes ces psychanalysées dont les thérapeutes, disciples d’un Freud pour qui le plaisir clitoridien doit disparaître au profit du plaisir vaginal, toute une vie acceptent l’absence d’un doigt ou d’une langue car seul l’appendice masculin pénétrant doit tenir un rôle dans l’acte sexuel, Rôle principal qui, dans sa mégalomanie, est devenu monologue. Laissons faire le dieu pénien,lui seul est tout-puissant, sans sa jouissance, ne l'oublions pas, l'humain ne peut se reproduire. Laissons jouir les hommes pour perpétrer l’espèce, pour le reste, on verra plus tard.
Passer en second, parce que la société nous y a éduquées, parce que l'école nous l'a enseigné, abandonner le pouvoir à ceux qui ont un pénis. Contentons-nous de notre petit reliquat phallique, ignorons qu'entre nos jambes se trouve une petite bombe à retardement.
Commenter  J’apprécie          00









{* *}