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Citation de Oliv


Pour Trudel, la Bible était une chose très nouvelle. Elle avait traversé l'école hitlérienne sans aucune religion, et elle n'avait jamais ressenti de besoin spirituel. Dieu ne signifiait rien pour elle, Dieu n'était qu'un mot dans les exclamations comme "Bon Dieu !". On aurait aussi bien pu dire "Bon sang !" — cela ne faisait pas de différence.
Et là encore, en apprenant quelle avait été la vie du Christ, selon l'évangile de Matthieu, elle avait dit au pasteur qu'elle ne parvenait pas à s'imaginer ce qu'il voulait dire quand il déclarait être "le fils de Dieu". Mais le pasteur Lorenz lui avait seulement répondu, avec un sourire doux, que cela n'était pas grave. Qu'elle devait seulement prêter attention à la façon dont le Christ avait vécu sur la terre, comment il avait aimé les hommes, et aussi ses ennemis. Elle pouvait interpréter les "miracles" comme elle voulait, comme de jolis contes, mais il fallait qu'elle apprenne qu'il y avait quelqu'un qui avait vécu ainsi sur la terre, si bien que sa trace rayonnait encore de façon impérissable près de deux mille ans plus tard, comme la preuve éternelle que l'amour était plus fort que la haine.
Trudel Hergesell, qui pouvait aimer aussi vigoureusement que haïr (et qui, en recevant cet enseignement, haïssait de tout son cœur Frau Hänsel trois mètres plus loin), Trudel Hergesell s'était d'abord révoltée contre un enseignement pareil. Elle le trouvait trop mou. Si bien que ce ne fut pas Jésus-Christ qui rendit son cœur plus sensible, mais son pasteur Friedrich Lorenz. Lorsqu'elle considérait cet homme, dont personne ne pouvait ignorer la grave maladie, lorsqu'elle voyait qu'il prenait part à ses soucis comme si c'étaient les siens, et qu'il ne pensait jamais à lui-même, lorsqu'elle reconnaissait son courage quand il lui glissait, pendant la lecture, un billet dans la main sur lequel étaient écrites des nouvelles de Karli, et lorsqu'elle l'entendait parler avec la crâneuse Hänsel du même ton sympathique et bienveillant qu'avec elle, cette femme dont il savait pourtant qu'elle était capable à tout instant de le trahir, de le livrer au bourreau, alors elle ressentait quelque chose comme du bonheur, une paix profonde qui émanait de cet homme qui ne voulait pas haïr, mais seulement aimer, aimer même le plus mauvais des hommes.
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