Alors que le souvenir place généralement le passé sous un jour d'autant plus clément que les années qui nous séparent sont nombreuses, l'après-guerre a suivi un parcours inverse. Son image est devenue de plus en plus sombre à mesure que l'on s'éloignait de lui. Cela tient entre autres au besoin largement répandu parmi les Allemands de se considérer comme des victimes. Plus on noircissait le récit des deux hivers de famine effectivement terribles que furent ceux de 1946 et 1947, moins ce peuple était coupable au bout du compte – c'est du moins ce que beaucoup semblaient croire.