Sombre destin de Hart Crane
Les étoiles griffonnent sous nos yeux les froides sagas,
Les chants fulgurants de l'espace invaincu.
Chaplinesque
Nous ferons nos doux ajustements,
satisfaits de consolations aussi aléatoires
que le vent se dépose
dans des poches glissantes et trop amples.
Car on peut encore aimer le monde, qui trouve
un chaton affamé sur la marche, et connait les
recoins pour lui de la fureur de la rue,
Ou des couvertures chaudes du coude déchirées.
Nous nous éloignerons, et au dernier sourire narquois
Dally la ruine de ce pouce inévitable
qui frotte lentement son index plissé vers nous,
Face au strabisme terne avec quelle innocence
Et quelle surprise!
Et pourtant ces beaux effondrements ne sont plus des mensonges
que les pirouettes d'une canne souple;
Nos obsèques ne sont en quelque sorte pas une entreprise.
Nous pouvons vous échapper, et tout le reste sauf le cœur:
quel reproche nous si le cœur continue à vivre.
Le jeu impose des sourires narquois; mais nous avons vu
La lune dans des ruelles solitaires faire
Un graal de rire d'une boîte de cendres vide,
Et à travers tout son de gaieté et de quête, Nous avons
entendu un chaton dans le désert.
À Emily Dickinson
Toi qui désirais tant - en vain de demander--
Pourtant, tu t'es nourri de la faim comme une tâche sans fin,
Osé digne le travail, bénis la quête--
Atteint ce calme finalement le mieux,
Être, de tous, le moins recherché: Emily, écoute !
O doux et mort Silencieux, tout à coup clair
En chantant que l'Éternité possédait
Et pillait momentanément dans chaque sein;
- Vraiment aucune fleur ne se fane encore dans votre main.
La récolte que vous avez décrite et que vous comprenez a
besoin de plus que d'esprit pour récolter, aimer pour lier.
Une certaine réconciliation de l'esprit le plus éloigné -
Laisse Ormus sans rubis et Ophir se refroidit.
Sinon, les larmes s'accumulent dans une seule colline glacée.
Dimanche matin, pommes
À William Sommer
Les feuilles tomberont encore un jour, lesteront
La toison de la nature de ces desseins
Qui sont la force de ton tracé ample et juste.
Il y a désormais un défi au printemps
Dans ce nu de la maturité, la tête
levée
Parmi un royaume d’épées, son ombre pourpre
Sur l’hiver de la terre, jaillissant
De la blancheur qui provoque la neige d’un cri.
Un garçon court avec un chien face au soleil, chevauchant
Des enthousiasmes qui tracent librement leurs orbites,
Lumineuses et éternelles
Dans la vallée où tu vis
(Qui s’appelle Brandywine.)
Là, j’ai vu les pommes qui te jettent des secrets, —
Des pommes aimées de la folie de saison
Qui nourrissent tes questions de vin aérien.
Pose-les de nouveau près d’un pichet avec un couteau,
Équilibre-les, pleines à exploser —
Les pommes, Bill, les pommes !
Bâtiments blancs (White buildings)
traduction Chantal Bizzini.
Sur la tombe de Melville
Souvent, sous la vague, au large de ces hauts-fonds,
Il a vu ces dés, les os des noyés, lui léguer
Une ambassade. Comme il les regardait, ils heurtaient
Nombreux le rivage poussiéreux, puis étaient recouverts.
Et les naufrages passaient sans son de cloches,
Le calice de la mort généreuse donnait en retour
Un chapitre dispersé, le hiéroglyphe livide,
Présage enroulé dans des corridors de coquilles.
Puis, dans le circuit calme d’un vaste rouleau,
Ses lacérations sous le charme et sa méchanceté apaisée,
Il y avait des yeux givrés qui élevaient des autels;
Et de silencieuses réponses coulaient entre les étoiles.
Compas, quadrant, sextant n’inventent
Pas de marées plus lointaines... Haut dans l’azur escarpé,
Le chant monodique n’éveillera pas le marin.
Cette ombre fabuleuse que la mer garde seule.
Bâtiments blancs (White buildings)
traduction Chantal Bizzini.