HISTORICAL FICTION NOVELS with HAZEL GAYNOR
Penser à lui fait naître le désir profond de sentir ses mains rassurantes sur les siennes. Elle l’imagine debout, dans l’encadrement de la porte de derrière, en train d’enfiler son manteau, prêt à s’embarquer de nouveau. « Courage, Sarah, disait-il en se penchant pour déposer un baiser sur sa joue. Je serai de retour à l’aube. » Il ne précisait jamais de quelle aube il s’agissait. Et elle ne demandait jamais.
J'ai l'impression d'être une spectatrice assise sur le bord de la vie ; j'assiste au raffut qui se déroule autour de moi et je n'en suis plus le centre comme avant.
Je ne comprends pas pourquoi je persiste à songer à lui. Nous ne nous sommes pas parlé longtemps – vingt minutes tout au plus – mais quelque chose dans la cadence de son accent écossais, dans sa façon particulière de rouler les « r », sa manière d’incliner la tête pour observer le paysage et son intérêt pour les fossiles de Mary Anning s’est collé sur moi comme des bernacles sur un rocher.
« Il y a deux manières de répandre la lumière ;
en étant la bougie ou le miroir qui la reflète. »
Edith Wharton
Je pose derechef les doigts sur mon médaillon d’un air de défi. C’est un bijou de famille qui a jadis appartenu à mon arrière-arrière-grand-mère, Sarah. Enfant, j’ai passé de nombreuses heures à ouvrir et fermer le délicat fermoir en filigrane, et à me raconter des histoires sur les gens minuscules peints à l’intérieur : une jeune femme séduisante debout près d’un phare et un beau jeune homme, que l’on pense être un artiste victorien, George Emmerson, un parent très éloigné. Pour une fillette livrée à elle-même dans les pièces pleines de courants d’air de notre immense manoir, ces silhouettes offraient un aperçu attrayant d’une époque où je m’imaginais que tout le monde était heureux à jamais.
Le passé est un drôle d'endroit, si lointain et pourtant toujours là, prêt à vous faire trébucher sous le poids des souvenirs et des regrets. (p 250)
Alors ? Que pensez-vous de la galerie ?
C'est très joli. (Je me dirige vers une collection d'aquarelles de phare.) Celles-ci me plaisent beaucoup. Mais j'ignore tout de l'art.
Joseph me rejoint.
C'est ça qui est génial avec l'art. Tout le monde y voit quelque chose de différent. Vous êtes aussi qualifiée pour les apprécier qu'un expert l'est de ne pas les aimer.
Nous devons nous contenter, lorsqu'un malheur terrible s'abat sur nous ou lorsqu'une délicieuse surprise se déploie, de choisir notre façon d'y réagir : nos décisions fugaces prises en une fraction de seconde trouveront un écho durant toute la durée de notre existence. ( p 306, 307)
La voilà. Ma plus grande peur. Je ne crains ni les tempêtes ni la mer déchaînée mais je redoute la vie au delà du phare.
Si j étais vraiment brave, j'abandonnerais l' existence que je connais, je m'en éloignerais à la rame et je ne reviendrais pas avec la marée.
SI les choses avaient été différents, elle ne s'en serait pas mêlée mais elle est certaine que le bonheur de son frère ne l'attend pas dans l'étreinte fluette de sa cousine mais qu'ils se niche dans les bras d'une femme sur une île au milieu du nord