Désormais il faut sortir, céder la place à une nouvelle arrivante sans oser regarder son visage, ne pas se retourner sur le ballet des infirmières, des médecins, des aides-soignantes (dans vos habits civils, il ne vous reconnaissent pas), prendre l’ascenseur, signer un formulaire de sortie, franchir les portes battantes. Puis, lorsqu’on aura repris le cours d’une vie interrompu derrière les murs de l’hôpital, qu’il faudra faire à manger, le ménage, on se souviendra peut-être qu’on a abandonné pour toujours, dans les recoins impersonnels d’une chambre d’hôpital, la trace la plus secrète de soi. (p. 112)