AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de Partemps


" Pourquoi, lorsque la dominance est passée des aristocrates aux bourgeois, a-t-il fallu cinq cent mille morts dans la chouannerie vendéenne pour mieux lui infliger la liberté, l'égalité et la ... fraternité ? "

L'IMAGINAIRE ET LA CREATIVITE

La seule caractéristique d'un cerveau humain est de posséder les zones associatives particulièrement développées qui permettent, aidées par l'abstraction du langage, une combinaison originale des voies nerveuses codées, engrammées antérieurement par l'expérience. Un enfant qui vient de naître, répétons-le, ne peut rien imaginer parce qu'il n'a encore rien appris. La seule caractéristique humaine est ainsi le pouvoir imaginaire, celui de pouvoir mettre en forme des structures nouvelles qu'il pourra par la suite confronter à l'expérience. C'est la seule liberté, si l'on tient à conserver ce mot dangereusement suspect.

Combien de millions d'hommes ont-ils été assassinés en son honneur ?

Quand on a compris que ce que l'on nomme ainsi représente seulement, pour un individu ou un ensemble humain, la possibilité de faire aboutir son projet, c'est à dire l'expression motrice ou langagière de ses déterminismes, sans que le projet de l'autre vienne le contrecarrer, on comprend aussi que la recherche des droits de l'homme soit si difficile à délimiter, à conceptualiser et à institutionnaliser. Il semble que ce soit une donnée immédiate de la conscience, comme on dit, puisque l'ignorance des déterminismes, des lois, des structures complexes en rétroactions dynamiques, établies par niveaux d'organisation, au sein des organismes vivants, nous fait croire à la liberté. Elle ne commence qu'où commence notre ignorance, c'est à dire très précocement. Mais ce que nous savons déjà de ces mécanismes complexes, qui, de la molécule au comportement humain en situation sociale, animent notre système nerveux, dirigent notre attention, établissent nos processus de mémorisation et d'apprentissage, eux-mêmes fondements biochimiques et neurophysiologiques de notre affectivité, de nos envies simplistes, de notre imaginaire créateur, de ce que recouvrent des mots comme pulsion, motivation, désir, et qui restent des mots si on ne tente pas de leur fournir des bases expérimentales, à chaque niveau d'organisation phylogénétique et ontogénétique, permet de se demander ce qui reste de notre liberté.

Ce n'est guère plus sans doute que la possibilité pour un cerveau humain, motivé inconsciemment par la conservation de la structure organique, de son bien être, de son plaisir, motivation contrôlée par l'apprentissage également inconscient des lois culturelles lui infligeant l'application d'un réglement de manoeuvre avec récompense et punition, de pouvoir parfois, si ces automatismes ne sont pas trop contraignants et si l'on sait qu'ils existent, ce qui permet de s'en méfier, d'imaginer, grâce à l'expérience déterminée par le vécu antérieur inconscient, une solution nouvelle aux problèmes anciens. C'est peu sans doute mais c'est peut-être déjà beaucoup. C'est le moyen de fuir le carcan de la société telle qu'elle est, en ne lui fournissant que ce qu'elle demande, c'est à dire des marchandises.

En dehors de cela, la notion de liberté nous parait dangereuse, car elle débouche sur la notion de mérite qui doit être récompensé et qui ne voit que ce mérite est celui du conformisme le plus total aux lois institutionnalisées par les structures hiérarchiques de dominance ?

Elle débouche aussi sur la notion de responsabilité. Tout le monde sait que ce sont les patrons et les cadres qui sont responsables. L'ouvrier n'est pas libre et ne peut être récompensé qu'exceptionnellement par une ascension hiérarchique, l'accession à un prétendu pouvoir qui n'est en fait, une fois encore, que la soumission à une structure abstraite, à savoir la finalité productiviste d'une société marchande qui lui permettra d'établir et de maintenir les hiérarchies de dominance établies sur le degré d'abstraction professionnelle. D'où les droits de l'homme à la connaissance et à la culture, connaissance technologique avant tout car avec les formules mathématiques et physiques, on construit des machines, qui font beaucoup de marchandises en peu de temps. La production est le moyen d'établir _ et la protection par les brevets en fait foi _ la dominance interindividuelle, inter-groupes, internationale et inter-groupes de nations...

... L'enseignement n'est jamais que la façon de faire pénétrer, au mieux de son ascension hiérarchique, le petit de l'homme dans un système de production de marchandises et d'armes le plus efficaces et meurtrières. Pourquoi un droit de l'homme se serait-il pas de refuser de s'en servir et d'aller mourir à la guerre ? Parce que sans doute toutes les structures sociales de dominance seraient appelées à disparaître.

La biologie est encore trop jeune pour que l'enseignement soit autre chose que l'enseignement technique permettant à ses dominances de se perpétuer...
Commenter  J’apprécie          10









{* *}