Henri Meunier

Un superbe album, agréablement dérangeant, aux illustrations dont la douceur contraste avec la dureté de l'histoire.

Aurore se prépare devant la glace – elle dépose mascara et rouge à lèvres sur ce visage qui conserve les traits – et les ombres – de l’enfance. Puis la jeune femme monte dans sa petite voiture rouge en direction de la forêt. Elle se gare et marche dans ces bois qui sentent l’hiver ; la lumière traverse les branches dénudées. Aurore se dirige vers l’entrée d’un pavillon de chasse délabré – silhouette sombre et lugubre – autrefois majestueux, où l’attend un vieillard impotent, désordonné, sale et disgracieux, dont elle doit s’occuper. Mais pour quelle raison s’occupe-t-elle de celui qui l’a dévorée et blessée par le passé ?

Page après page, nous découvrons un album d’une rare beauté. Dans un jeu de clair-obscur, les illustrations sont empreintes d’onirisme ; rêve et cauchemar cohabitent. Petit à petit, nous passons de l’ordinaire du quotidien au surnaturel de cette forêt à la fois angoissante et enveloppante.



La référence au conte est finement orchestrée grâce aux images quasiment cinématographiques et à l’écriture très visuelle. Textes et images se répondent et oscillent entre réalisme et références au conte de fées, ne cessant de nous interroger jusqu’à la chute finale…



Coeur de bois est un ovni littéraire au charme fou, étonnant et inattendu, sur la résilience et les blessures de l’enfance. Une fois l’album refermé, on éprouve une irrésistible envie de le relire, d’en décortiquer chaque mot, chaque scène, chaque illustration afin de s’imprégner à nouveau de la magie qui se dégage de ces pages.
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Un design très coloré et très simple, des personnages facilement reconnaissables et « kawaï » favorise l’attachement des petits aux héros de cette série. De fait, Balbir sont de mignons enfants animaux auxquels le jeune lecteur peut s’attacher, ce qui lui donnera l’envie de poursuivre ses lectures avec d’autres albums de la série « Les Trop super ».

Bruno la tortue et Balbir le tigre ont en effet des préoccupations proches de celles des lecteurs. Mais ils ont un secret, partagé avec malice par leur lectorat : ils sont aussi des super-héros ! Cette double identité est réjouissante et le texte sait en tirer parti.

Cet album débute dans le drame ! Un méchant profite de la nuit pour tondre les cheveux des habitants du zoo ! Transformation : Bruno et Balbir revêtent cape et masque pour enquêter.



Beaucoup d’humour tout au long du récit. Mine de rien, les auteurs délivrent plein de petites informations sur le quotidien, sur la vie, sur le corps et sur les émotions. Tout cela au service d’une mini-aventure bien construite qui entraîne les lecteurs débutants sans les perdre. C’est vraiment réservé aux premiers lecteurs de bande dessinée. Le texte est cependant d’une relative longueur et joue son rôle mais ne cherchez pas de jeu ici entre image et écriture. « Le Complexe d’Adèle » joue la carte de la simplicité, mais peut être un bon atout pour faire aimer la lecture. Je le répète, l’humour est très présent et en empruntant la voix des jeunes héros l’auteur s’amuse avec le langage, invente des mots valises, fait des jeux de mots. On a tout le temps le sourire aux lèvres.



Au final, l’histoire délivre un propos intelligent sur le respect de la différence, bien amené, sans moralisation. Je dis bravo !

Tout le matériel et les écrits de Victor Frankenstein ont été récupérés pour dormir dans un entrepôt de l’Empire britannique. Au début du XXème siècle, cette technique de réanimation est activée pour conquérir l’Antarctique au nez des Allemands et de leur empereur, Guillaume II. 7 hommes, décédés récemment, se retrouvent à nouveau sur pieds à leur grand désespoir.

Le principe de la série – mettre en scène 7 personnages – pose toujours deux problèmes : installer une histoire solide et développer chacun des 7 protagonistes (voir des tomes précédents : 7 héros, 7 cannibales…) . Chaque album est donc une tentative très libre de deux créateurs. Cet album commence sur une idée très forte, en reprenant le mythe de Frankenstein et en utilisant la cupidité des gouvernants. La scène d’explication, avec un poney, est à ce niveau-là tout à fait réussie. Une fois l’aventure entamée et les présentations faites avec les 7 personnages, on s’attend à des confrontations de caractère. Malheureusement, l’aventure de cette conquête prend le dessus sur les personnalités (notamment celles du macchabée principal). Il y a une certaine frustration mais le scénario est très bien rythmé. L’enjeu étant bien installé dès le début, cela suffit à tenir tout au long de la lecture.
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Raconter la vie avec des oeufs, c'est la consigne que s'est donnée René Gouichoux. Aidé par les illustrations très gaies de Henri Meunier, le texte donne une idée très fourmillante de la vie, avec ses bons et ses mauvais côtés. C'est la vie !

Ici, pas vraiment d'histoires, mais une succession de petites scènes qui forment un tout, avec la reproduction du même schéma: L'image montre ce qui existe maintenant et le texte nous invite à imaginer ce qui va suivre: "Bientôt, c'est sûr, le bateau repartira en mer"



A ces pages qui affirment, avec une certitude appuyée, connaître l'avenir, succèdent toujours l'annonce d'une incertitude: "Il s'en ira si loin qu'on ne le verra plus. Que sera-t-il devenu?"
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Comment aborder la notion de temps avec de jeunes enfants ? Henri Meunier, dans son sobre et poétique album intitulé Bientôt, a l’ingénieuse idée de projeter son propos vers le devenir, pour mieux interpeller ses lecteurs en devenir : quoi de mieux qu’envisager l’avenir pour éclairer le présent & plus encore ? La suite et l'intégralité de ma chronique à découvrir dans la BBthèque : https://bebetheque.wordpress.com/2016/04/09/bientot-henri-meunier/
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J'ai pu découvrir ce petit livre grâce à l'opération masse critique spéciale jeunesse. Aussi, je remercie grandement babelio et Rouergue édition.

Ce livre de 32 pages qui se lit à partir de 2 ans est principalement imagé. Il y a assez peu de texte et celui-ci ne raconte pas au sens propre une histoire mais décrit plutôt les évènements se déroulant sur chaques pages. J'ai trouvé les textes parfois vraiment courts, aussi je n'ai pas hésité avec mes enfants à jouer avec eux et le livre comme avec un imagier. Ils ont particulièrement appréciés le passage sur les papillons ou encore l'arc en ciel. Ce livre a en fait quelque chose d'un peu décalé qu'il convient je pense de ne pas restituer de façon brute aux enfants, sinon ce serait le décrochage assuré ... Les dessins sont très jolis, mais les couleurs sont je trouve un peu dures et criardes. Mes enfants en on tiré au final d'avantage de citriques positives que négatives et c'est bien le principal !

Sans intérêt pour l'âge des petits albums cartonnés carrés.



Dans la bibliothèque où je l'ai emprunté, il est classé en "bébé", logique pour ce format.

Mais l'enfant à qui je l'ai lu, 3 ans 1/2, n'a absolument rien compris. (moi, pas tout !!)

A part le dodo de la 1e page, et la mie de la suivante. et de toutes façons, il ne connaît pas encore les notes de musique.

Pas essayé avec les plus grandes, car ce n'est qu'un imagier avec juste un objet/mot par page.

Les casses ont toujours donné matière à histoires, que ce soit au cinéma ou en littérature. Au cinéma, le braquage est un sous-genre en soi où le pire côtoie le meilleur : Mélodie en sous-sol, Ascenseur pour l’échafaud, Mission impossible etc.

Et maintenant en BD. Les éditions Delcourt créent une série de six one-shot, chacun centré autour d'un braquage.

Si je n'ai pas été enthousiasmé, c'est peu de le dire, par les autres ouvrages, Le troisième jour tranche singulièrement dans la série.



L'histoire : Jérusalem, jeudi 6 avril de l'an 30, fin d'après midi. Un homme est mené par le peuple juif pour qu'il soit jugé par le représentant de César, Ponce Pilate. Selon la délégation des juifs, cet homme est coupable d'avoir voulu se faire le fils de Dieu, il doit être condamné à mort et Barabas, criminel emprisonné, doit être relâché. Ponce Pilate, ne trouve aucune raison de le condamner, mais face à la volonté du peuple assemblé, il se déclare "innocent du sang de cet homme". C'est ainsi que l'homme leur est livré...

Dans la foule, une femme est effondrée, la femme de l'homme, Marie-Madeleine. Mais il n'est pas dit qu'elle laissera faire. Avec l'aide de Jacques, le frère de son époux, elle va tenter de le libérer. Elle se vengera de Judas, l'illuminé qui entend des voix, persuadé d'avoir fait ce que Jésus lui demandait ; elle corrompra Longinus le soldat chargé de l'exécution et mettra à exécution un plan sans faille. Sauf que Judas capture Longinus pour se sauver et se libérer de la culpabilité. Et cela met tout le plan de Marie-Madeleine par terre. Il va falloir improviser...



L'idée de raconter les derniers jours de la vie de Jésus en suivant Marie-Madeleine est tout simplement géniale. Jésus est celui dont on parle, le centre de la vie de Marie-Madeleine, mais on ne voit jamais sa figure, il est le complément d'objet de ce livre, jamais le sujet. Meunier et Guérineau créent (?!) un personnage roué, séducteur, opiniâtre et déterminée coûte que coûte à sauver son homme. En ce sens, elle n'est pas sans rappeler la figure d'Antigone.

Formellement, le dessin est assez réussi tant dans la représentation des personnages (Marie-Madeleine en particulier) que dans l'articulation centrale de l'ouvrage dans la représentation du chemin de croix.

La résolution de l'histoire prendra un tour inattendu qui donne un sens tout particulier à l'épisode de la résurrection.

Un album surprenant avec un traitement original d'un sujet rebattu. Une bonne surprise !
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Tout petit livre coloré où on s'amuse à la base des cris (rigolos) d'animaux faciles à imiter.

Les enfants s'amusent bien, et c'est bien là le but. En fin de livre, j'ai apprécié que les enfants sont sollicités pour créer leur propre cri: éclats de rires assurés

A partir de 8 ans



Voilà un album au format trompeur. Petit et cartonné, il n'est pas destiné à la petite enfance. Son originalité réside dans le texte qui n'est créé qu'à partir des notes de la gamme. Mais ces jeux de mots ne sont vraiment appréciés que par les lecteurs avec un minimum de connaissances en musique. Le principe sympa reste tout de même assez compliqué.

L'histoire de ce vieux marin qui invite la mer à le suivre dans sa retraite tient en quelques lignes, pourtant la magie prend vie, fait effet et laisse la place à l'imagination.

Ce n'est pas le récit d'un naufrage amoureux, mais bien celui d'un amour sincère. L'album distille sa poésie à travers la tendre complicité des personnages qui se livrent l'un à l'autre.

Mais là où la mer s'est retirée, tout n'est que tristesse et désolation. Le loup de mer, solitaire, n'en est pas moins généreux ; il décide de rendre sa liberté à la mer...

Les illustrations, grandes planches vides et sobres se fondent avec le texte. Elles décrivent parfois l'à côté, les instants suspendus, sans la mer, où la tristesse se fait sourde et la colère gronde.

Un album rafraichissant et subtil, merci à Babelio et aux éditions Notari.

Un vieux capitaine décide de prendre sa retraite mais avant il propose à la mer de rester auprès de lui. Très romantique, la mer accepte de partir vivre à ses côtés et pour cela elle n'a d'autres choix que de se glisser dans un verre, afin de ne pas prendre trop de place dans l'appartement du vieil homme. Les jours s'écoulent et le capitaine dévoile à la mer les mille et une légendes qui naissent dans la tête des hommes pour qui elle reste insondable. Pour lui, la mer se dévoile à lui peu à peu, une belle complicité les unit. Cependant au loin résonne déjà les cris de détresse des pêcheurs, des enfants qui aiment tant se baigner, des mouettes abandonnées, ... Il faut que la mer retourne à la mer ...



Une bien belle histoire d'amour qui se déploie tel un conte. Les superbes illustrations de Régis Lejonc répondent magnifiquement au texte poétique de Henri Meunier suscitant un appel au voyage et des moments de contemplation que j'ai pris plaisir à savourer. J'ai aimé retrouvé la trace d'artistes aussi célèbre que Edouard Hopper, Claude Monet, Eugène Boudin, ... Un voyage au pays de l'art et des diverses formes du langage.



Les illustrations très urbaines m'ont quant à elles surprise puisque je m'attendais essentiellement à des paysages de bord de mer, voir d'îles. Le contraste entre la nature et l'urbanité se veut saisissant et incite à une réflexion sur la place de la nature sauvage dans notre monde qui tend à tout enfermer. Cela a également été la préoccupation de beaucoup d'artistes. C'est un regard philosophique sur l'urbanité et la nature, sur la possibilité ou non de renoncer à ce que nous sommes profondément, ... Beaucoup de perles abondent dans cet album.
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Bel album pour grands enfants.

Un capitaine qui part à la retraite invite la mer à l'accompagner. Bonne fille, celle-ci accepte et se coule dans un verre d'eau pour partir avec lui. Dans la demeure du capitaine, entre pêche et bains, ils échangent histoires et souvenirs. Ils vivent heureux. Mais ça ne peut pas durer... les autres ont besoin de la mer!

Le texte semble plat à côté des illustrations magnifiques. Chaque page créée est un tableau inspiré de grands peintres dont on a la liste à la fin de l'album. Les couleurs sont plutôt sombres, deux demi-pages s'imposent, noires. Aucune redondance entre texte et image, au contraire, il y a presque un décalage entre des représentations urbaines et le sujet maritime.

Très beau livre qui peut être appréhendé sous différents angles.

Ce livre est un concentré de rêve, il est idéal pour envoyer ses petits au lit. Les textes sont très poétiques et finement illustré pas Henri Meunier. je le recommande vivement ainsi que tout les livres de Henri Meunier.

Malgré le tumulte des villes et l’agitation des rues, qui telles des palissades, se dressent entre les gens, malgré le brouillard urbain qui étouffe les sentiments, deux jeunes amoureux tentent de construire leur idylle par fenêtres interposées. Dans ce brouhaha citadin, les moineaux virevoltent au gré du vent et se posent en passeurs d’émotions et de rêves. Le format singulier et allongé de ce livre offre un terreau fertile à Henri Meunier et à Régis Lejonc qui s’associent une nouvelle fois pour nous offrir un album somptueux. Cette histoire est le résultat d’une rencontre subtile entre un texte poétique, sensible et émouvant sublimé par des images aux tonalités pastel qui apportent douceur et féérie.

Voilà donc un ouvrage atypique, plein d’inventivité et d’enseignements avec plusieurs niveaux de lecture : de quoi se régaler.
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Lu à un enfant de sept ans dans le cadre du jury de lecture UNICEF 2024. Mon enfant aime bien Taupe et Mulot et connaissait déjà les personnages. Cependant le niveau de lecture de fond ne met pas assez en valeur les sujets d’inégalités ou de handicap pour un enfant de cette tranche d’âge.



L’enfant a tout de même pris du plaisir à l’écoute.

Si ce roman faisait partie d’un prix littéraire, on lui attribuerait sans hésitation ! Mon fils et moi suivons les aventures de Taupe & Mulot avec assiduité. Comme à l'accoutumée, nous avons adoré les trois récits qui composent ce recueil. Nous sommes toujours séduits par la délicieuse portée philosophique du texte, les envolées lyriques de Taupe et la bienveillance de Mulot. L'amitié inconditionnelle de ces deux personnages bien campés nous donnerait presque envie de vivre avec eux, toujours au contact de la nature. Même si certaines tournures peuvent paraître un peu âpres pour les plus jeunes, le texte est toujours servi par un humour à la portée de tous et des illustrations chatoyantes et très expressives. La police de caractère choisie rend le texte très abordable pour des lecteurs peu aguerris. Encore une belle réussite, mais il faut tous les découvrir !
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