Henri de Bresson

Depuis la réunification, l’édition française a vu se multiplier les livres sur l’Allemagne. Cette abondante littérature oscille entre deux pôles. Le premier dénonce le retour d’une Allemagne hégémonique au cœur de l’Europe avec Jean-Pierre Chevènement (France Allemagne, Parlons franc, 1996), Paul-Marie Coûteaux (L’Europe vers la guerre, 1997), Yvonne Bollmann (La tentation allemande, 1998) ou Alain Griotteray et Jean de Larran (Voyage au bout de l’Allemagne, 1999). Jusqu’à Philippe Delmas qui, pour faire vendre un livre intelligent et mesuré sur notre voisin d’Outre-Rhin devait en 1999 recourir à un titre alarmiste : De la prochaine guerre avec l’Allemagne.



Le second groupe s’emploie au contraire à donner une image moins polémique de l’Allemagne réunifiée. On y trouve nombre de témoignages de Français vivant en Allemagne et souhaitant en décrire les évolutions quotidiennes : Emmanuel Terray (Ombres berlinoises, 1996), Brigitte Sauzay que G. Schröder recruta dans son cabinet pour y suivre les questions franco-allemandes (Retour à Berlin, 1998) ou l’ouvrage si attachant de Pascale Hugues, (Le bonheur allemand, 1998). C’est à ce second groupe qu’Henri de Bresson, ancien correspondant du Monde en Allemagne, se rattache.



Lui aussi décrit une Allemagne normalisée qui a subi la réunification plus qu’elle ne l’a vraiment désirée et qui doit désormais apprendre à vivre dans des habits trop grands. Une Allemagne décomplexée qui veut se libérer de son passé sans l’oublier comme en témoigne le polémique provoquée en 1998 par Martin Walser, celle lancée par le (mauvais) livre de Daniel Goldhagen ou la construction à Berlin d’un monument à la mémoire de la Shoah. Une Allemagne dont l’éclatement des centres de pouvoirs (Länder, Cour constitutionnelle, Bundesbank indépendante, Eglises, réseaux de villes moyennes) semble prémunir du risque d’un retour au centralisme autoritaire. Une Allemagne qui, dans l’Europe élargie à l’Est, doit repenser sa relation avec la France. Une Allemagne qui, selon Henri de Bresson, dispose avec Gerhard Schröder, Joschka Fischer et Angela Merkel, d’une nouvelle génération capable de relever ces défis.



On pouvait attendre beaucoup du livre de Henri de Bresson dont les articles du Monde le disputent en intelligence et en clarté. Hélas, la déception est grande. En dépit d’une biographie imposante, le contenu du livre est peu fouillé et n’apprend rien de neuf. Le propos est répétitif et souvent confus, mélangeant récits et analyses.