On se demande comment être adapté. Il faudrait d'abord savoir comment être.
La « mort de Dieu » devait avoir son contrecoup fatal. Nous assistons à ce que Nicolas Berdiaev, doué lui aussi d’un don « prophétique » mais accompagné en outre d’un diagnostic exact, a nommé justement « l’autodestruction de l’humanisme ». Nous sommes en train de vérifier expérimentalement que « là où il n’y a pas de Dieu, il n’y a point d’homme non plus ».
Que sont en effet devenues les hautes ambitions de cet humanisme, non seulement dans les faits, mais dans la pensée même de ses adeptes ? Qu’est devenu l’homme de cet humanisme athée ? Un être que l’on ose à peine encore appeler « être ». Une chose qui n’a plus de dedans, une celle toute entière immergée dans une masse en devenir. « Homme social-et-historique », dont il ne reste rien qu’une pure abstraction en dehors des rapports sociaux et de la situation dans la durée par quoi il se définit. Il n'y a donc plus en lui ni fixité ni profondeur. Qu’on n’y cherche donc pas quelque retraite inviolable, qu’on n’y prétende pas découvrir quelque valeur imposant à tous le respect. Rien n’empêche de l’utiliser comme un matériel ou comme un outil, que ce soit en vue de préparer quelque société future, ou d’assurer dans le présent même la domination d’un groupe privilégié. Rien n’empêche même de le rejeter comme inutilisable. Il se laisse concevoir d’ailleurs sur des types forts différents, voire opposés, selon que prédomine par exemple un système d’explication biologique ou économique, ou selon que l’on croit ou non à un sens et à une fin de l’histoire humaine.
Mais sous ses diversités l’on retrouve toujours le même caractère fondamental, ou plutôt l’on constate la même absence. Cet homme est, à la lettre, dissous. Que ce soit au nom du mythe ou au nom de la dialectique, perdant la vérité, il se perd lui-même. En réalité, il n’y a plus d’homme, parce qu’il n’y a plus rien qui dépasse l’homme. (pp. 50-51)
H. de Lubac devient professeur de théologie fondamentale à l'Institut catholique de Lyon, tout en résidant au scolasticat de Fourvière. En 1941, il fait partie de l'équipe à l'origine des Cahiers du témoignage chrétien et, en 1942, il fonde, avec Jean Daniélou, la collection de patrologie "Sources chrétiennes".
En 1950, après la parution de l'encyclique Humani generis, condamnant la "théologie nouvelle", il est interdit d'enseignement. Sa mise à l'écart durera une dizaine d'années, qu'il mettra à profit pour élargir son champ d'investigation théologique, d'une part en travaillant sur le bouddhisme, d'autre part en approfondissant sa réflexion sur l'Église.
Appelé par Jean XXIII
En 1960, il est appelé par Jean XXIII à faire partie de la Commission théologique préparatoire au Concile, puis il est désigné comme expert de la Commission doctrinale. L'ecclésiologue qu'il est, tant par ses travaux et ses recherches que par son expérience personnelle (être fidèle malgré le silence : imposé), participe à l'élaboration des grands textes de Vatican II Constitutions sur la Révélation, sur l'Église et sur l'Église dans le monde de ce temps.
À la suite du Concile, il poursuivra la réflexion ecclésiologique en la développant dans un certain nombre d'ouvrages publiés ultérieurement. Sa réhabilitation sera "officialisée" en 1983, quand Jean Paul II le créera cardinal.
http://croire.la-croix.com/Definitions/Vie-chretienne/Vatican-II/Les-grands-penseurs/Henri-de-Lubac
« “De même nature” est une expression vague, qui peut couvrir deux idées fausses : a. Elle ne suffit pas à écarter absolument tout subordinatianisme (…) b. Plus encore. La formule ne signifie pas du tout l’unité concrète, l’identité de nature ou de substance… » (p. 247)
Voici venir le troisième monde ! Voici que se dessine l’arc-en-ciel de l’humanité, ce signe de suprême et d’éternelle alliance ! C’en est fini de l’ère de la Grâce, celle du Mérite a commencé.