Quand on se quitte, on quitte aussi
tous ces lieux où nous sommes allés ensemble,
les faubourgs peu fréquentés, leurs maisons tachées
de fumée
où nous avons vécu un mois, villes où nous avons dormi,
leurs noms sont oubliés, hôtels puants d’Asie
où nous nous réveillions parfois dans la chaleur de midi
comme si nous avions dormi mille et une années.
Et toutes les petites chapelles de montagnes, quasi
inaccessibles
sur la route d’Athènes à Delphes
où les lampes à huile brûlent toute la nuit d’été.
Nous les quittons aussi, quand on se quitte.
Je souhaiterais que jamais n’arrive l’été pour que l’été soit toujours à venir.
LA ROSE DE LESBOS
J’ai reçu cette rose d’une femme inconnue
alors que j’étais en route vers une ville inconnue.
— Et maintenant que je me trouve dans cette ville
j’ai dormi dans ses lits, joué aux cartes sous ses cyprès
je me suis enivré dans ses tavernes
j’ai vu cette femme aller et venir, venir et aller
et je ne sais plus où jeter la rose qui est mienne.
Partout où j’étais flotte son parfum
et là où je n’étais pas
gisent ses feuilles fanées, froissées dans la poussière.
/ Traduction en français du danois de Elisabeth Gerlache