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Citation de Woland


[...] ... - "Je n'ai pas l'impression," dit-il, "que tu te conduises envers moi avec beaucoup d'égards.

- Je ne vois pas ce que vous voulez dire," répondit Catherine sans quitter son ouvrage des yeux.

- "Tu sembles avoir complètement oublié la prière que je t'avais faite à Liverpool, avant que nous nous embarquions ; je t'avais demandé de me prévenir quelques jours d'avance lorsque tu devrais t'en aller de chez moi.

- Je ne suis pas partie de chez vous !" dit Catherine.

- "Mais tu es prête à en partir, et d'après ce que tu m'as laissé comprendre, ton départ serait imminent. En fait, bien que ta personne soit encore en ces lieux, ton esprit en est déjà absent. Tu t'es installée mentalement chez ton futur mari et tu ferais mieux de vivre complètement sous le toit conjugal ; pour tout le plaisir que nous tirons de ta présence ici !

- Je m'efforcerai d'être plus gaie," dit Catherine.

- "Tu as en effet toutes les raisons d'être gaie, ou alors tu es bien difficile. Non seulement tu vas avoir le plaisir d'épouser un beau jeune homme, mais tu auras fait ce que tu voulais ; il me semble qu'on ne peut demander davantage !"

Catherine se leva de sa chaise ; elle n'avait pas la force d'en entendre plus long. Puis elle se mit à plier son ouvrage, lentement et soigneusement, en s'en servant comme d'un écran pour masquer sa rougeur. Son père n'avait pas bougé d'un pas depuis qu'il était entré ; elle espérait qu'il allait s'en aller, mais il s'attardait à enfiler ses gants et à les boutonner, et finalement il mit ses deux mains sur ses hanches.

- "J'aimerais bien savoir quand je puis compter que la maison sera vide," poursuivit-il, "car à la minute même où tu partiras, ta tante filera également."

Elle le regarda enfin, d'un long regard silencieux qui, en dépit de toutes ses résolutions, était chargé un peu de cet appel au secours qu'elle avait essayé de ne pas lancer. Le regard gris et froid de son père scrutait le sien, et la question qui suivit était toujours la même :

- "Alors, c'est pour demain, pour la semaine prochaine ou pour la semaine suivante ?

- Je ne partirai pas !" dit Catherine.

Le docteur prit l'air étonné :

- "Aurait-il changé d'avis ?

- J'ai rompu nos fiançailles.

- Rompu ?

- Je l'ai prié de quitter New-York et il est parti pour longtemps."

Le docteur était surpris et déçu, puis il se consola en songeant que Catherine arrangeait certainement les choses à sa manière - c'était bien naturel mais le fait n'en était pas moins certain - et il se consola de n'avoir pu obtenir le petit triomphe qu'il escomptait avec tant de plaisir en demandant finalement à Catherine :

- "Et comment prend-il son congé ?

- Je n'en sais rien !" dit Catherine qui se sentait perdre pied.

- "Tu veux dire que cela t'est bien égal ? Quelle fille sans cœur tu es après l'avoir encouragé comme tu l'as fait et joué tout ce temps avec son amour !"

Le docteur tenait sa vengeance, après tout. ... [..]
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