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Citation de enkidu_


L’idée fasciste, née de Mussolini, qu’il faut faire des enfants à tout prix – et à bon prix, – ce qui vous autorise à avoir les dents longues (l’« espace vital »), idée reprise par Hitler, pour la même raison, puis reprise par Pétain, sans raison, sinon pour copier, a créé une masse énorme de jeunes gens, clientèle affriolante pour les politiciens, les marchands, et en général tous ceux qui cherchent à tirer profit de leur semblable. Les uns et les autres ont trouvé habilement, mais avec une habileté qui est d’une facilité dérisoire, les points sur lesquels il fallait piquer pour émoustiller les jeunes gens, et les faire venir dans leurs rets.

Il y avait bien longtemps que la même manœuvre avait été faite avec les femmes. On repère avec soin tous les travers propres au féminin, et on les attise systématiquement (élégance, magazines, etc.). On le fit désormais avec les jeunes gens. Les marchands faisaient en conscience leur trafic de marchands. Les gouvernants, s’ils avaient eu, à défaut du sentiment du devoir, la moindre sympathie pour leurs compatriotes, ou seulement le moindre sentiment humain, se devaient de freiner cette action des marchands, par des interventions concrètes dans leur trafic, et en outre par l’éducation, par la censure des spectacles, par tout ce dont dispose un pouvoir pour influer sur l’opinion. Ils n’en firent rien, ces rois sans amour, et la politique suivit les marchands. Politiciens, éducateurs, marchands, publications, moyens audiovisuels : tout le monde poussait à la roue pour abaisser le plus possible les jeunes gens, sans défense par les déficiences naturelles à leur âge.

On en vint ainsi à donner une place dominante dans la vie sociale aux femmes et aux jeunes gens, c’est-à-dire aux moins aptes (je suis presque sûr que Julien Benda l’avait prédit, et quasiment en ces mêmes termes, environ les années 1925-1935, sans pouvoir en donner la référence).

Cela était fait par indifférence et manque de sens moral, mais surtout cela avait sa place dans le vaste mouvement commencé il y a x… années, qui consistait à faire venir au sommet les médiocres, et, en conséquence, à précipiter ou écœurer les meilleurs. Pour cela il fallait d’abord ahurir le public, créer chez lui la confusion mentale, d’où naît la confusion des valeurs : on le fit. L’opération fut menée impeccablement : 1° suppression du jugement chez le public ; 2° à la faveur de ce manque de jugement, promotion de ce qu’on voulait, qui ne rencontrait plus d’obstacles. On imposa le pire à des décervelés, qu’ils acceptèrent par incompétence ou lâcheté : « Faites comme font les autres. »

Cette opération de renversement, qui n’est pas finie, est la clef de tout. Ceux qui la voient s’en taisent, par peur ou par complicité. La masse n’en voit rien, ou la flaire et s’en fout. (1965)
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