Je peux dire en tous cas, concernant leurs cultes respectifs, que j'ai assisté à moins d'hypocrisie dans les tribus indiennes que chez les Blancs.
Le rideau de la nuit s'ouvre dans le ciel à l'orient, la brume et l'obscurité se dissipent, laissant place aux premières lueurs du jour qui scintille au firmament, pointes de lumière frémissantes offrant de nombreuses nuances de couleurs. Voici l'heure splendide où les éléments de la nature s'harmonisent parfaitement, cordes d'une harpe magique vibrant des beautés qui nous environnent, pleines de toutes les promesses d' un nouveau jour. Mais quel espoir pour moi?
La température tombe alors si bas que notre guerrier ne voit pas d'autre solution, pour se réchauffer, que de se réfugier dans le ventre de la bête.
La selle de son grand cheval gris, ouvragée à la mexicaine, arbore des pièces d'argent, la couverture rouge sur laquelle elle repose est neuve, la bride, lourde et solide a sans doute été confectionnée dans l'une des meilleures selleries du pays, et dans les sacoches nous mettons la main sur une grande quantité de pièces d'argent et une rouleau de dollars. Les indiens déchirent les billets, n'en connaissant pas la valeur.
À partir de ce jour, je devins un Comanche et le suis resté jusqu'à aujourd'hui, bénéficiant toujours des avantages qui me furent concédés le jour de mon intronisation. Malgré mon retour parmi les Blancs, les Comanches n'ont jamais cessé de me considérer comme un membre à part entière de leur tribu et je peux à bon droit revendiquer mon indéfectible lien avec elle.