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Critiques de Hideshi Hino (12)
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L'enfant insecte

À l'instar de Junji Ito, le moins bien connu Hideshi Hino est un mangaka du genre horreur. "L'enfant insecte" n'est pas sa première création, mais datant de 1975, fait partie de ses oeuvres du début. Il s'attaque ici (dans un one-shot) aux traumatismes de l'enfance et ce en adaptant très librement "La métamorphose" de Kafka.



Le petit Sanpei, chétif, cancre et aussi physiquement guère gâté par la nature, ne rencontre que brimades et rejet, à l'école comme dans sa famille. Adorant les animaux, il s'est construit un refuge dans une déchetterie où il accueille les laissés-pour-compte : chats, chiens, rats, serpents...et chenilles, ces dernières étant sa véritable passion. Après une nième engueulade par son père, Sanpei se réfugie dans sa chambre, vomit et est piqué par un insecte venimeux...

Il se transforme alors lentement et douloureusement dans une chose rampante et hideuse. Ses parents, son frère et sa soeur, au début vaguement inquiets, mais finalement plus préoccupés par leurs propres nombrils, écoeurés par ce monstre sous leur toit, espèrent lâchement que Sanpei trouvera une mort rapide...

Ce n'est pas le cas... Sanpei survit, s'enfuit et va s'abriter dans un endroit où toutes les immondices se rejoignent : dans les égouts sous-terrains. C'est là où "l'abjection" qu'il est devenu va prendre conscience de sa solitude et ... de son pouvoir.



On peut ne pas aimer les dessins aux traits dépouillés mais appuyés, parfois caricaturaux qui, par leur simplicité même, soulignent d'autant plus l'horreur. Or, Hino sait (!), quand cela doit servir l'histoire, parfaitement détailler les scènes et surtout son personnage principal : les mimiques du visage de Sanpei expriment pleinement sa souffrance, celle de son changement physique d'abord, celle de son délabrement moral ensuite.

C'est bien ce qui donne caractère humain au "monstre" qu'est devenu le garçon... c'est la raison pourquoi il reste -aux yeux du lecteur- et malgré les actes abominables qu'il commettra, un enfant. Non pas l'insecte qu'on écrase avec une mine dégoûtée, mais un enfant rejeté !



3,5/5
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Panorama de l'enfer

Puisqu'il fallait bien aimer un manga un jour, voici un auteur qui fera exception à mes grandes généralités : "J'aime pas les mangas". Je peux désormais rentrer dans le vif du sujet pour vous parlez de ce grand monsieur et de cette oeuvre qui m'a tapée dans l'oeil.

Mais attention, il faut apprécier -un minimum- le glauque, le sang et la violence, car ce manga n'est rempli que de ça, le tout sur un fond de poésie morbide...

Bienvenue au coeur du cerveau dérangé d'un peintre. Mais pas n'importe quel peintre. Un peintre fasciné par... le sang. Voilà ce qui lui sert principalement de peinture : le sang. La plupart de ses tableaux représentent des paysages tout aussi joyeux (la mort, par exemple). Cette oeuvre ne possède pas d'intrigue spécifique, mais, sans réellement savoir pourquoi, elle nous hypnotise et nous fait tourner les pages jusqu'à la dernière. Les planches sont parfaitement horribles et horrifiques et elles nous permettent de mieux nous imprégner de la vie "post-Hiroshima" que le peintre essaye tant bien que mal de nous expliquer. Il nous décrit chaque membre de sa famille (qui, comme vous l'avez compris, est toute aussi étrange que ce monsieur) et l'atmosphère qui s'en dégage est oppressante. L'auteur réussit le pari de nous offrir une histoire horrifique sans être pour autant très effrayante. Le sentiment d'oppression est omniprésent à travers le dessin si particulier d'Hino Hideshi et cette oeuvre prenante vous hante. Un peu à la manière dont cette famille est hantée par une malédiction, ce manga vous hante et vous ne pouvez vous empêcher de parler de ce livre aux personnes qui vous entourent.
Lien : http://oukouloumougnou.blogs..
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Le chat noir

Une superbe surprise que cette lecture! Étant une adepte des magas d'horreur et ayant eu plaisir à lire Junji Itô, Hideshi Hino m'a transporté, emporté dans son univers.

Noireau, un chat noir sauvage, part à la découverte du monde des humains après qu'ils aient enlevé tous ces frères et sœurs. Il va alors découvrir toute la cruauté et la bizarrerie des personnes qu'il va croiser...
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Panorama de l'enfer

C'est.. bizarre. Juste en enchaînement de scènes sanglante ou malaisante.

On croirait être dans la tête d'un psychopathe ou d'un fou..

Je n'ai pas trop compris l'intérêt de cette histoire, on a une sensation d'histoire bâclée ou pas fini.



J'ai préféré l'enfant insecte du même auteur.
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Panorama de l'enfer

Longtemps j'ai cherché ce manga... Il a été trop vite fini et m'a dans l'ensemble plutôt déçu. Un dessin presque enfantin, les fans du gore ne seront certainement pas plus impressionnés que ça...

Je donnerais certainement à nouveau sa chance à ce mangaka, mais dans un avenir moins proche que prévu.
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Serpent rouge

Après Panorama de l’enfer et L’Enfant insecte (et quelques embrouilles de datation, aheum…), troisième virée dans l’univers malsain de Hino Hideshi, avec Serpent rouge – qui date a priori (je dis bien a priori…) de 1983, ce qui en ferait a priori (je dis bien a priori…) une BD contemporaine de Panorama de l’enfer. Cela se tiendrait, j’imagine, parce que le style est très proche, graphiquement comme dans certains des thèmes illustrés.







Nous adoptons le point de vue d’un petit garçon – pas exactement un héros –, qui vit dans une bien étrange demeure aux dimensions palatiales, cernée par une forêt impénétrable et menaçante. À l’intérieur comme à l’extérieur, c’est un labyrinthe – comme dans ces cauchemars éprouvants dans lesquels on erre en boucle, sans jamais de possibilité de s’échapper. Le petit garçon déteste cette maison d’aspect autrement traditionnel, qui lui fait peur ; il aimerait la fuir, mais toutes ses tentatives s’avèrent tristement vaines…







Il a ses raisons. Mais les plus fortes d’entre elles ne tiennent pas tant à la maison en elle-même qu’à ceux qui l’habitent – la propre famille du petit garçon. Une bande de malades ! Et comme un écho de la famille du peintre narrateur de Panorama de l’enfer. Trois générations sous un même toit, et, là encore, une allure très traditionnelle... Façade respectueuse qui ne dissimule absolument rien de l'ignominie sous-jacente. Ici, le grand-père incarne l’autorité – hideux vieux bonhomme défiguré par un répugnant furoncle, que « soigne » quotidiennement sa belle-fille, avec des œufs et avec ses pieds. La grand-mère a complètement pété les plombs, et se prend pour une poule : couver « ses » œufs, voila la seule chose qui compte pour la vieille peau, qui caquette en permanence. Le père ? Une brute stupide et cruelle – son domaine est le poulailler, son régal la décapitation des poules « ingrates », celles qui ne pondent pas. Son épouse s’en tire mieux – mais elle s’insère parfaitement dans l’ambiance délétère de la maison, en accompagnant, d’une certaine manière, la folie des autres ; sa relation avec son beau-père est quasi sexuelle. Le petit garçon, enfin, a une grande sœur – qu’il épie par un trou dans la cloison, le vilain voyeur ; la jeune fille tournant à la jeune femme raffole des vers, et s’emploie bientôt à explorer les prémices d'une sexualité torturée, ce qui en fait l’héritière toute désignée de ces deux générations de branques.







Mais les choses vont mal tourner – oui, encore plus mal. Un mauvais rêve rituel détraque ce système, qui était fonctionnel même en étant fou, et la famille entière va sombrer dans la plus hallucinée des catastrophes…







L’effet est assez proche de celui produit par Panorama de l’enfer : c’est incroyablement malsain. Il y a, dans chaque page, de quoi se sentir très mal à l’aise. Le virage grand-guignol de la BD, et même outrancièrement gore, n’y change rien – les traits d’humour noir déglingué y participent, et de même le style graphique caractéristique de Hino Hideshi, avec ses dimensions humoristiques et/ou « super-deformed », qui donnent tout d’abord une trompeuse impression de naïveté enfantine, et au premier chef ces grands yeux tout ronds qui sont sa marque de fabrique. C’est proprement (non, salement) fascinant, et très, très dérangeant.







Mais, en comparaison avec les deux autres titres de l’auteur que j’ai lus, Serpent rouge appuie peut-être plus encore ces sensations désagréables en y associant de manière assez franche un contenu charnel, sexuel même, moins frappant (sinon absent ?) dans L’Enfant insecte et Panorama de l’enfer. Rien de pornographique au sens fort, mais c'est tout de même saisissant. Ce sont les personnages féminins qui introduisent ce thème : en mettant de côté la grand-mère (mais en relevant qu’elle est obsédée par la procréation, à sa manière volaille – mais cette obsession traverse en fait toute la BD), la mère et la sœur se distinguent d’emblée par leurs traits – elles n’ont rien à voir avec les caricatures que sont tous les autres personnages ; ce sont des femmes encore belles (mais pas à jamais…) ou qui le deviennent ; elles sont associées au désir sexuel passablement pervers, passant par un fétichisme glauque ou le voyeurisme. La mère massant de son pied le furoncle du grand-père pour en faire quotidiennement jaillir le pus noie ainsi la BD dans les sécrétions corporelles toujours renouvelées, et les gémissements orgasmiques du vieil homme soumis à cette délicieuse torture ne laissent guère de doute quant au sens exact de cette relation. La sœur, quant à elle, évoque, d’abord avec ses vers adorés, ensuite avec le très phallique serpent rouge du titre, qui sème le chaos dans la demeure, une obsession masturbatoire typique d’une sexualité qui est en train de dépasser le stade de l’éveil (et elle-même génératrice de chaos, plus que tout autre chose), mais qui en retour en favorise l’éveil chez le petit garçon voyeur, répugné mais fasciné. Tous ces aspects se mêlent à des tableaux très gores, avec une cohérence marquée qui tire la BD du côté du registre ero-guro.







Cet aspect frontal, on s’en doute, n’enlève en tant que tel rien au contenu allégorique ou symbolique du récit comme de ses séquences. La maison est un labyrinthe de chair en même temps qu’un abattoir, et la retranscription matérielle de l’inconscient torturé du petit garçon, avec pour habitants autant de fantasmes obscènes. Elle relève du cauchemar halluciné – un délicieux cauchemar, car l’enfant si terrorisé par la folie ambiante y participe, avec son désir de ne pas en manquer une miette ; dimension au moins aussi importante que ses pulsions destructrices, et sans doute plus inconsciemment charnelles : Eros et Thanatos sont dans un bateau, et tous deux tombent à l’eau.







(L'eau ?)







Mais le malaise est bien la force de Serpent rouge. Cette BD ne m’a certes pas surpris (le mot est faible !) comme l’avait fait en son temps l'incroyable Panorama de l’enfer, qui reste celle que je préfère, mais son effet demeure saisissant. Le dessin de Hino Hideshi est absolument parfait, et d’un à-propos constant. Si regret il doit y avoir (?), c’est peut-être dans la relative précipitation de l’intrigue (et de la chute qui n’en est pas vraiment une tant elle est attendue), passé la longue et géniale mise en place consistant en la présentation de la famille de dingues – ce ne sont alors plus que hurlements et giclées de fluides visqueux, sang et autres, dans une ronde folle et outrancière, qui en rajoute toujours davantage dans l’horreur glauque. Ces pages dont le texte a largement fui (onomatopées mises à part), on les tourne peut-être un peu trop vite, aussi la lecture de la BD ne prend-elle guère de temps – une erreur sans doute, car il vaudrait mieux s’attarder sur ces planches, avec tout ce qu’elles ont de répugnant ; l’amalgame de fascination et de dégoût est après tout une clef du travail de Hino Hideshi.







Une réussite, donc – et qui noue le bide avec un brio rare. J’ai préféré Panorama de l’enfer, plus fou encore et en même temps infusé d’éléments autobiographiques qui parviennent à insinuer dans l’horreur gore quelque chose de douloureusement poignant, mais Serpent rouge m’a bien davantage parlé que L’Enfant insecte, très bonne BD sans doute, et qui présage de la suite, mais qui demeure, au moins visuellement, plutôt sage. Serpent rouge est du côté de la folie pure, charnelle, suintante, et ne manque pas de produire son effet ambigu…
Lien : http://nebalestuncon.over-bl..
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Le chat noir

A l'arrivée, il y a énormément de choses à retenir dans cette œuvre à la narration maligne et brillante, au fil de laquelle Hideshi Hino marie à merveille l'aspect horrifique à des portraits sombres de l'être humain et de ce qui l'entoure.
Lien : https://www.manga-news.com/i..
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Onimbo

Un alliage aussi personnel qu’original qui en fait une des signatures incontournables de la BD horrifique.
Lien : https://www.lemonde.fr/livre..
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Le chat noir

Comme dans nos contrées, les félidés à la robe noire portent la poisse. En plus, celui qui nous accompagne le temps de cinq chapitres est né dans une décharge de zone industrielle. Laissé à lui-même alors que ses frères et sœurs, plus mignons que lui, sont recueillis, il s’en va parcourir le monde des humains pour en comprendre un tant soit peu leur singularité. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’au gré de ses pérégrinations il sera servi, car on suit la vie de quatre personnages comme autant de portraits de l’étrange nature humaine.
Lien : http://www.bodoi.info/le-cha..
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L'enfant insecte

Kafka revisité en manga... Dessins assez terrifiants mais la réflexion philosophique est bien là !
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L'enfant insecte

Le dessin noir volontairement inesthétique de ce one-shot colle parfaitement à un scénario horrifique sans concession, développé avec un aplomb stupéfiant.
Lien : http://www.bodoi.info/critiq..
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L'enfant insecte

Violent, gore, sombre, torturé, désespéré, pathétique, poétique, tous les qualificatifs sont justes. Car le mangaka va au bout du cauchemar sans laisser la moindre chance à son « héros ».
Lien : http://www.bdencre.com/2012/..
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