Qu’elle ne doit plus avoir peur de leur vacarme et que plus jamais je ne la laisserai se bruler à leur contact.
Voler c’est risquer. C’est se laisser emporter par des vents incommensurables. C’est tomber et expérimenter la douleur. Celle-là même qui te fait ressentir la fin de toute chose et le début d’un miracle bien plus grand encore. Voler, c’est aimer Lyra.
Un ressentiment intérieur s’est installé avec le temps. Une rancœur d’autant plus forte qu’elle a été nourrie à coups de mensonges et de dissimulations. Maman… Tu croyais me protéger, mais tu n’as même pas conscience du monstre que tu as engendré.
-Que pense votre mère de tout cela ? Elle m’a téléphoné il y a peu. Elle semblait inquiète pour vous.
-Ma mère ? demande-t-il étonné, alors que nait progressivement un sourire sur ses lèvres. Cette petite cachotière ne m’a rien dit ! Tiens ! Puisque vous me tendez la perche, parlons d’elle. Elle s’imagine que seule une femme est capable de soigner ma tête qui crépite comme le Vésuve. Elle s’est toujours trop inquiétée pour moi. Mais je sais aussi qu’elle vous aime bien et je pense que c’est pour ça qu’elle vous a contactée.
Il possède cette infime étincelle supplémentaire qu’ont les personnes métissées. Ce mélange de déjà vu et d’inconnu.
-Je crois que de te fuir n’avait pas été une bonne idée finalement à l’époque.
Qu’est-ce que? Je ne comprends pas ou ma raison feint de ne pas saisir ce qu’elle redoute le plus. Fini le sourire ravageur. Adel arbore désormais une attitude sérieuse et terriblement déstabilisante pour mon esprit. Mais cela n’a pas de sens et je crains de mal interpréter ses propos.
-Je ne saisis pas bien ce que vous essayez de me dire Adel. Que vouliez-vous fuir ?
-Mon attirance pour toi. Ce que je ressentais en ta présence. C’était ambigu à l’époque, car j’avais du mal à distinguer la réalité du fantasme, mais aujourd’hui c’est plus clair. Plus évident, je dirais.
Mais je ne le laisse pas finir sa phrase. Ses mots sont des lames qui me lacèrent de toute part. C’en est définitivement trop…
-Tu mens ! Comment oses-tu me dire ça ! Tu n’es qu’un gamin qui court après ses étoiles. Et tu en as tellement que tu ne sais même plus où donner de la tête ! Et bien, tu veux que je te dise quelque chose Adel ? Elles viennent littéralement d’exploser en supernova tes saletés d’étoiles et je refuse d’écouter leur vacarme ou d’en ramasser la moindre étincelle.
-Ne réfléchis pas ma petite Lyra, contente-toi de continuer à virevolter ! me répond-elle tout sourire, en mimant une danse aérienne avec ses mains.
-Vous croyez que ça y est… je sais voler ?
-Oh que non, ma chérie ! Voler c’est risquer. C’est se laisser emporter par des vents incommensurables. C’est tomber et expérimenter la douleur. Celle-là même qui te fait ressentir la fin de toute chose et le début d’un miracle bien plus grand encore. Voler, c’est aimer Lyra…
Ne laisse pas les éléments extérieurs faire chavirer votre barque. Tu choisis le cap et le compagnon d’aventure. Ta vie t’appartient, n’autorise personne à t’en déposséder.
-Quoi que tu aies pu vivre avant, j’m’en fous. Ce n’est pas pour ça que je t’ai interrogée. Je désirais seulement savoir si j’étais le premier à te voir telle que tu es, à te vouloir comme tu le mérites. Maintenant que tu me l’as confirmé, j’ai juste envie de te porter. Et ce, aussi haut que je le pourrais, pour nous permettre de toucher les étoiles.