La vie me reprend. le sombre songe qui aurait pu m'envahir, se dissipe. Mes pas se rétrécissent. Mon manteau se ferme. Ma tête fait silence. La promenade de novembre douillettement se termine, réchauffée d'une cheviotte noire au liseré de satin rose comme le sang d'une aïeule.
Un drôle de tablier, aguicheur et innocent, dont la douceur usée caresse celle qui l'a choisi. Il évoque les tartes aux pommes, les seringats en fleurs, les pichets de grenadine, l'éducation faite aux chiots, les premiers pas des nourrissons. Et pourtant.
La montagne est si droite qu'elle est comme un rideau noir cachant le domaine de Satan ou celui du Seigneur.
Plantée dans la mer, elle protège une plaine rousse et vide, des bosquets de genévriers et d'arbousiers, des cubes chaulés de blanc béant au vent violent, des pointes de rocher griffant la mer.
C'est une île rouge, si blanche qu'elle semble faite de brillant mica. Le sable est si chaud qu'à le fouler nous serions consumés de plaisir, comme fondus dans ses pépites d'or blanc. Pour le traverser, il faut chausser des cothurnes de fée, posséder une peau de lézard, avoir des chevilles ailées.