Ignacio Martínez de Pisón

John Dos Passos et Hemingway étaient des amis proches. Puis il y eut la guerre d'Espagne. Et l'Affaire José Robles Pazos.

Réflexion sur l'engagement politique des hommes de lettres dans une période particulièrement agitée, L'encre et le sang. Histoire d'une trahison est aussi une enquête sur la mort de l'intellectuel espagnol José Robles qui sonna le glas d'une vieille amitié entre deux grands des lettres américaines. Ignacio Martínez de Pisón s'est efforcé de décrypter les postures et le rôle que jouèrent Dos Passos et Hemingway dans le conflit pour mieux comprendre pourquoi l'assassinat de José Robles eut un tel retentissement dans leur vie et dans leur relation.



Robles, enseignant et traducteur entre autre de Manhattan Transfer avait du s'exiler aux Etats-Unis à cause de ses idées progressistes favorables à la Seconde République espagnole. Au début de la guerre civile, il est en Espagne. Nommé lieutenant-colonel,il est affecté aux services du général soviétique Vladimir Gover car il parle russe. Quelques mois plus tard, au début de l'année 1937, Robles disparaît, sans doute victime d'une "purge" du NKVD d'Orlov. Le traducteur aurait été l'une de leurs nombreuses victimes, comme Andreu Nin, et sans doute Durruti. Alors que la famille de Robles s'inquiète et tente d'avoir des nouvelles du disparu, Dos Passos est en Espagne avec Hemingway dans le cadre du tournage du film Terre d'Espagne de Joris Ivens. Il mène son enquête, interroge. La journaliste Josephine Herbst apprend que Robles a été arrêté et fusillé comme "espion franquiste", et en informe les deux Américains. Cette liquidation au motif infondé va provoquer chez Dos Passos une rupture idéologique ainsi qu'une cassure amicale avec son vieil ami pour lequel la mort de Robles n'est qu'une "nécessité de temps de guerre"



Martínez de Pisón va tenter de comprendre en quoi l'inoffensif Robles avait pu représenter une menace pour le NKVD. Pour cela il revient sur le parcours personnel du trio, y intercale le résultat de ses investigations, de ses lectures, de ses rencontres avec certains protagonistes, avec en toile de fond les rivalités intellectuelles, idéologiques et personnelles de deux écrivains majeurs du XXème siècle. Pour ceux qui préfèrent les romans aux essais, José Robles est le personnage du roman de Dos Passos Aventures d'un jeune homme et aurait inspiré à Hemingway Robert Jordan dans Pour qui sonne le glas.

Comme d'autres auteurs espagnols (Rafael Chirbes ou Alvaro Pombo), Martínez de Pizón utilise la thématique familiale pour explorer l'Histoire à travers une histoire. Cette histoire de générations est en effet bien pratique pour remonter le temps et comprendre comment l'Histoire s'incruste dans le quotidien et influence irrémédiablement les relations entre les êtres ; pour comprendre comment, en une cinquantaine d'années, on passe d'un grand-père fasciste et fier de l'être à un petit-fils qui n'en peut plus que son grand-père l'oblige à revêtir l'uniforme des brigades italiennes pour assister à l'hommage rendu aux volontaires italiens morts pour une Espagne "Una, grande, libre" !

Sous sa facture classique, ce roman est toutefois riche en défis.Tout d'abord, celui de parler de l'Histoire tout en s'arrangeant pour qu'elle ne forme finalement que l'arrière-plan. Ensuite, raconter l'histoire d'un homme fort peu sympathique car manipulateur et lâche, et s'arranger pour que le lecteur lui trouve des circonstances atténuantes. Enfin, celui de parier sur la tendresse de l'écriture pour dire les choses telles qu'elles sont : horribles, tragiques, inhumaines.

Il n'y a pas d'effet de style. Le récit avance, comme le temps. C'est pour cela que ce roman est bon : il renonce à l'esbroufe, mise sur la simplicité (forme de modestie), dresse le portrait de personnages d'une grande banalité mais finalement plus invraisemblables que la vie elle-même. Comme si Martínez de Pisón inversait la formule stendhalienne : le miroir qu'il utilise est déformant parce que, quand les secrets sont révélés, le choc même de la révélation les fait paraître beaucoup plus monstrueux.

Un excellent livre de cet auteur espagnol.

C'est un roman d'apprentissage qui a comme axe un secret, un secret derrière une certaine apparence de bonheur.

Le roman se passe dans les années 60, pendant l'enfance et l'adolescence d'une fillette pauvre prénommée Maria.

Maria est la fille d'une pauvre femme malmenée par la vie; elle a une demi soeur, Encarna qui est l'image de la réussite sociale.

Cette tante constitue pour Maria l'image du rêve et de l'affection que sa mère ne sait pas lui donner.

Malgré son dénouement et son jeune âge, Maria devine ce qui se cache derrière la vie opulente de sa tante.



Ce roman nous apprend que la vie ne débouche pas toujours dans des fins heureuses, mais qu'il faut accepter de renoncer à certains rêves.
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Ce n'est pas mon Martinez de Pison préféré, mais on reconnaît bien "la patte" de l'auteur avec une écriture autour de la famille, l'enfance et la fin du franquisme, une période que les espagnols appellent la Transition.



Au début le livre parle de Guerre Civile, ce qui m'insupporte car c'est un thème par trop récurrent dans les lettres ibériques. Mais dans ce livre, la guerre civile est racontée autour des milliers de soldats italiens que Mussolini envoya à Franco afin d'aider à combattre "les rouges".(Quelques 7000 soldats italiens restèrent ensevelis en terre espagnole).



C'est ainsi que Raffaele Cameroni arrive en Espagne, plus en cherchant à fuir la misère qu'à combattre l'ennemi...

Il restera en Espagne où il épousera Isabel, une belle infirmière qui s'occupera de lui lorsqu'il sera blessé. Isabelle perdra un frère dans cette guerre (fusillé comme communiste) et son père sera injustement emprisonné.

Raffaele et Isabel auront trois fils, très différents : Rafael l'anti-Franco, Alberto le sérieux et accompli et le petit dernier, Francisco, attardé mental mais terriblement affectueux avec les siens.

Mais Raffaele porte un secret et ce secret va ravager sa famille.

Roman sur le mensonge, sur les options politiques prises au sein d'une famille, sur les relations au sein de la famille.

Un thème cher à cet auteur natif de Saragosse qui décrit sa ville tellement bien qu'il lui donne un rôle majeur dans ce livre.
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Une road story de 1974 entre un père veuf et loser et son fils de 15 ans, Felipe, qui est le narrateur de l'histoire.

Père et fils sont constamment sur la route car ils n'ont pas de domicile fixe et doivent décamper dès que le père commet un délit.

C'est l'alternance permanente entre le sordide et le quotidien, entre la mélancolie et un sens de l'humour ravageur avec le langage familier d'un ado de 15 ans.

Le père de Felipe avait épousé autrefois une femme qui n'était pas de sa classe sociale et avec cela il s'était aliéné toute sa famille. Il était médecin légiste mais avait été radié à la suite d'une affaire louche. Depuis, il vivote et commet des délits minables en menant une vie sentimentale plus que désastreuse.

Felipe déteste son père, il en a honte, se rendant compte à quel point ce père a perdu le contrôle de sa vie. Le fils de 15 ans est en somme plus mûr que le père...

C'est un roman hyperréaliste. Un film fut tourné en 2003 par Manuel Poirier avec le titre Chemins de traverse.
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.Un très bon roman avec une histoire impecable, bien écrite et avec des personnages ayant une vraie épaisseur. Mais ce livre donne une idée assez négative de la famille en général.



C’est l’histoire de trois soeurs pendant la période espagnole connue comme la Transition, les années 1975-1982. Le roman a 3 narratrices, ces trois soeurs qui ont eu une enfance heureuse mais une arrivée à la maturité assez difficile. Les parents étaient en apparence heureux, mais la réalité des faits était bien différente.



Les trois soeurs sont très différentes. L’aînée, Maria, est la plus responsable, elle est prudente, sérieuse mais aussi irascible et autoritaire. La deuxième, Carlota, est plutôt BCBG, musicienne, assez gaie quoique pleurant facilement, incapable de tenir un horaire et ayant tendance à se laisser aller quant à l’hygiène. La dernière, Paloma, est la plus jolie, mais capricieuse bien qu’aimable, grande lectrice et meilleure cuisinière.



Les trois soeurs auront un devenir difficile, malheureux, surtout en amours, comme si la fausseté de la vie des parents avait favorisé en quelque sorte la prise de mauvaises décisions.



C’est très intéressant de suivre chaque soeur car leur vécu est entouré de secrets et de mensonges. Ce sont trois soeurs unies ayant de vies sécrètes.
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Dans ce copieux roman nous avons tous les sujets phares de Martinez de Pisón : la famille, l'enfance, la période connue en Espagne comme "la transition" entre la fin du franquisme et l'installation de la démocratie.

C'est un roman choral et réaliste qui narre l'histoire de la famille de Samuel Caro qui avait épousé, à Melilla, Mercedes Campillo une gentile, ce qui répresentera pour lui une véritable ascension sociale.

Samuel fera tout pour s'intégrer au sein de la communauté catholique, pour paraitre ouvert et s'assimiler, même au détriment de sa propre communauté, ce qui est assez mal vu.

Puis, au moment de la fin du Protectorat espagnol Melilla et Ceuta sont les deux derniers bastions espagnols dans le continent africain et des juifs devront fuir le Maroc en passant par Melilla pour atteindre Israel; c'est le moment pour Samuel de se racheter une conduite vis-à-vis des siens et de récupérer "une bonne réputation".

Tous les personnages de cette famille mixte sont très bien dépeints ainsi que les personnages secondaires. Les malheurs de cette famille de classe moyenne, leurs dissensions, leurs joies, leurs problèmes, rappellent à tout un chacun les problèmes au sein de toutes les familles; ce sont des situations universelles.

Encore un bon roman de cet auteur prolifique espagnol avec son style simple et direct.


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Road-movie, mais sans l'espace, sans la route droit devant, plutôt derrière...