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Citations de Ilse Aichinger (32)


Ilse Aichinger
Dédicace

Je ne vous écris pas de lettres,
mais il me serait facile de mourir avec vous.
Doucement, nous nous laisserions glisser
le long des lunes, une première halte
auprès des cœurs de laine, puis
une autre parmi les loups, les framboisiers
et ce feu que rien n’apaise ; à la troisième,
j’aurais traversé les fines mousses
des nuages raréfiés,
passé sans effort le pauvre fourmillement
des étoiles, pour arriver
dans votre ciel, tout près de vous.
Ilsle AICHINGER - Le jour aux trousses
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Conseil pour le temps présent

Avant tout
tu dois croire
que le jour survient
quand le soleil se lève.
Mais si tu ne le crois pas,
dis oui.
Ensuite,
tu dois croire
et de toutes tes forces,
que la nuit survient,
quand la lune se lève.
Si tu ne le crois pas,
dis oui,
ou approuve en hochant la tête,
cela ils l’acceptent également.
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« Aujourd’hui, la langue ne parle plus, elle a perdu la parole. Nous devons sortir de cette « manipulation », sinon nous sommes tous perdus...Car la fausse langue fait de nous des sans-abri, la vraie langue nous procure une demeure...La langue est le premier et le dernier lieu de la vie. » (Materialen cité par Rose-Marie François).
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« Je ne puis me représenter aucun endroit au monde dont je puisse dire : je suis vraiment chez moi. »
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Promenade

Puisque le monde ne se réalise que par éloignements,
escaliers des maisons et marais,
et que le tolérable devient suspect,
aussi ne tolérez pas
que derrière vos étables les pies
s’envolent en peu de temps, scintillantes,
pour se précipiter dans les étangs scintillants,
que votre fumée s’élève encore
devant les forêts,
il nous vaut mieux attendre,
jusqu’à ce que les renards d’or
apparaissent dans la neige.
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Partie de la question

Haut sur la place se tient l’eau,
l’air s’élève encore en bulles,
mais ce qu’elles chantent,
ne résonne plus en moi.
Les poissons tournent autour des portails des églises,
qui me donnera la réponse :
Dois-je être dans la montagne
ou dans la maison, avec ceux
qui m’aiment,
dans un regard à la ronde,
les crissements de tous les pas
encore une fois ?
Comme mon pays devient noir,
maintenant tout au fond
se tord vert
le temps.
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Si tard

Couleurs bois
et la chandelle
rouge rouille s’enflamme dans l’ombre,
quand souffle le vent
au travers de la tranchée,
en partant le soleil se laisse prendre.

Quand d’abord
le fournil et la grange
s’étirent jusqu’au déclin,
le ciel attrape
les racines,
rouille la neige avant l’année.
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Ancienne vue

Je me suis habituée à cette fenêtre
et que la neige tombe au travers de mes yeux,
mais qui a suivi les disparus
par la porte du jardin ouverte,
qui a condamné, ce qui était là,
la citerne de pluie
et la lune comme lune,
toutes les herbes gelées ?
Qui se balançait avant le matin,
tant que les cordes grinçaient,
qui pose la main de cire
sur la fenêtre de la cuisine,
s’est allongé dans le blanc
et me prenait moi-même ?
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Réponse de l’hiver

Le monde est fait de l’étoffe
qui réclame de la considération,
plus d’yeux désormais,
pour regarder les blanches prairies,
plus d’oreilles, pour entendre
dans les fourrés le frémissement des oiseaux.
Grand-mère, où sont donc tes lèvres
pour goûter les herbes,
et qui donc nous fera humer le ciel
jusqu’à la fin ?
quelles joues se frottent et s’écorchent aujourd’hui encore
aux murs du village ?
N’est-ce pas une sombre forêt
où nous sommes parvenus ?
Non, grand-mère, elle n’est pas sombre,
je le sais, car j’ai longtemps habité
avec les enfants à sa lisière,
et aussi il n’y a pas de forêt.
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Échanges de lettres

Si la poste passait la nuit
et que la lune glissait sous la porte
les mots malades,
ils surgiraient comme des anges
dans leurs blanches tuniques,
et se tiendraient silencieux
sur le seuil.
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Marianne

Cela me console de savoir

que dans l’or des nuits

un enfant sommeille

Que son haleine passe près des forges et son soleil,

très tôt,

se lève avec le coq et les poules

au-dessus de l’herbe humide.
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Dédicace

Je ne vous écris pas de lettres,
mais il me serait facile de mourir avec vous.
Doucement, nous nous laisserions glisser
le long des lunes, une première halte
auprès des cœurs de laine, puis
une autre parmi les loups, les framboisiers
et ce feu que rien n’apaise ; à la troisième,
j’aurais traversé les fines mousses
des nuages raréfiés,
passé sans effort le pauvre fourmillement
des étoiles, pour arriver
dans votre ciel, tout près de vous.
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Les anges de la nuit

Ce sont les jours clairs de décembre, qui ne se font pas d’illusions sur leur propre clarté et ainsi deviennent de plus en plus clairs, qui s’irritent de leur pâleur et accueillent leur brièveté comme une promesse, qui se nourrissent des longues nuits, assez forts pour parvenir sans peine à leur terme, assez forts, assez faibles et doux.
Ce sont les jours qui tirent du noir leur éclat et rien que de lui. Il y en a peu. Car s’il y en avait beaucoup, il y aurait aussi trop de bizarre, trop d’horloges de clocher deviendraient tout simplement l’œil même de Dieu.
Aussi ces jours sont-ils rares afin que le bizarre reste bizarre, afin que les gens revenus de la guerre ne souffrent pas trop souvent de leurs membres arrachés par les balles, ni ne tiennent trop de choses dans leurs mains amputées depuis longtemps par le gel. Qu’ils ne connaissent pas trop la paix de la nuit.
Mais parfois, il y a des nuits comme des oiseaux qui ont oublié de prendre leur vol vers le sud. Ils déploient leurs ailes claires au-dessus de la ville et l’air vibre de leur chaleur, ils rendent encore une fois notre souffle invisible avant le gel. Et quand vient l’heure, ils se dépêchent de
mourir. Ils ne veulent ni long crépuscule ni nuages rouges, ils ne répandent pas leur sang àla vue de tous. Ils tombent des toits et il fait sombre.
Peut-être s’il n’y avait pas ces oiseaux égarés, ces jours clairs de décembre, pas un seul ne croirait encore aux anges, alors que tous les autres en rient déjà, pas un seul n’entendrait les froissements des ailes avant l’aube, alors que tous les autres n’entendent qu’aboyer les chiens...

En ce temps-là, j’ignorais encore que ce sont les anges qui prouvent notre existence.
Ce n’est pas nous qui les rêvons, ce sont les anges qui nous rêvent. Nous sommes les fantômes de leurs nuits claires, c’est nous qui claquons les portes qui n’existent pas, qui sautent par-dessus des cordes qui cliquettent comme des chaînes.
Peut-être devrions-nous être plus doux dans leurs rêves, afin de ne pas leur faire peur...
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Un plus grand espoir

La lune pâlissait.
Ellen essayait de saisir le visage de sa mère. De ses deux bras, elle essayait de saisir ce visage brûlé de larmes sous le chapeau noir. Ce visage qui avait donné au monde chaleur et vérité, ce visage de toujours, ce visage unique. D’un geste implorant, Ellen voulut saisir une fois encore ce premier visage, ce trésor de secrets, mais le visage de sa mère était devenu insaisissable, il s’échappa et devint pâle comme la lune quand blanchit l’aube.
Ellen hurla. Elle rejeta la couverture, essaya de se redresser et saisit le vide. De ses dernières forces elle baissa les barreaux. Elle tomba du lit. Et elle tomba loin.
Personne n’essayait de la retenir. Nulle part une étoile à laquelle s’agripper. Ellen tombait à travers lesbras de toutes ses poupées et de ses ours en peluche. Comme un ballon traverse un cerceau, elle tombait à travers la ronde des enfants dans la cour qui ne voulaient pas la laisser jouer avec eux. Ellen tombait à travers les bras de sa mère.

Le croissant de lune la rattrapa, et, chavirant sournoisement comme tous les berceaux, il la projeta loin de lui. Les nuages n’avaient rien d’un édredon, le ciel n’était pas une voûte bleue. Mensonges, tout cela. Le ciel était béant, mortellement béant, et dans sa chute Ellen comprit que le haut et le bas avaient cessé d’exister. Elles l’ignoraient donc encore, ces pauvres grandes personnes qui appelaient « saut » la chute vers le bas et « vol » la chute vers le haut ? Quand le comprendraient-elles ?
Dans sa chute, Ellen déchira les images du grand livre d’images, le filet des acrobates.
Sa grand-mère la souleva et la remit dans son lit. Brûlants et inexorables comme des courbes de température, la lune et le soleil, les jours et les nuits, montaient puis retombaient.
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« J’écris parce que je ne vois pas de meilleur moyen de me taire.»
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Nuit la plus jeune

Car qui devra venir dans la lumière
sinon les rayures de la neige,
épées à la lisière de l’enfance, et contre la forêt
les branches des pommiers,
que la lune a lavé de noir,
les poules, qui sont comptées ?
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Florestan

Maintenant je vais,
mon frère,
te capturer dans les couloirs
et sous la neige te pousser,
Les passages
je vais te les montrer
et les lieux
où brièvement
tu pourras te reposer.
Je veux te chasser
des places claires,
pour que tu t’envoles plus loin
et que tu viennes jusqu’à moi,
notre couronne
vers la nuit.
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Fin de ce qui ne fut pas écrit

Ainsi nul ne saura
de nos atomes cognés l’un contre l’autre
quand nous aurons couru sur le pont,
et de ce qui est resté allongé derrière nous,
ils ne l’apprendront pas :
les faibles signes des noms,
les soleils sans tête.
Les halls d’entrée des hôpitaux
sont silencieux.
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Treize ans

La fête des cabanes est loin,
le brillant des châtaignes,
alignées devant la fenêtre du jardin.
Et encore dans la pièce
la bougie,
les religions du monde. La poussière des déserts sous le pneu du vélo.
Après ce midi
le crépuscule survient plus vite.
Les compagnons
et une tombe verte,
Rajissa.
Le soir nous serons à nouveau là,
nous ne serons plus jamais là.
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Pénurie de servantes

Qui des rochers conserve la trace,
qui borde les herbes,
et nous enferme dans les places
de l’autre côté des rues ?
Ceux qui mangeaient avec la cuillère,
ont emporté avec eux dans leurs souliers
les pierres,
et ils sont partis depuis longtemps.
Qui encore nous aide,
qui laisse maintenant le soleil
dans son jeu léger ?
Sommes-nous d’arbre en arbre
restés tout seuls
ou bien les ombres, les consolatrices, vont bouger,
hors de leurs filets,
pour bientôt se pencher sur nous ?
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