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Citation de Laureaimelire


Toute pensée exprimée est un mensonge.

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Dostoïevski disait qu'il faut aimer la vie avant d'en aimer le sens.

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"La vie la moins intéressante de toutes celles que vit un artiste, c'est la sienne ! a fait un jour remarquer Yermo. Bienheureux ceux qui ont échappé à la tentation de l'autobiographie."

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L'ART DE MER

Quand on se retrouve face avec la mer, on cesse vite de comprendre qui regarde qui. Contempler la mer en sombrant peu à peu dans un état de torpeur mélancolique, ce n'est pas un art, de même que la respiration et la mort ne sont pas des arts : l'inévitable n'est qu'une part de l'indispensable. L'art commence au moment où l'on se met dos à la mer. Oui, oui, essayez donc de ne pas vous tourner vers elle, alors qu'elle respire si fort, qu'elle murmure et s'agite.
A quoi peut-on comparer cela ? Eh bien, c'est comme tourner le dos à La Joconde. Vous comprenez ? Vous entrez dans la salle où se trouve la toile de Léonard de Vinci, et vous y entrez en sorte de ne pas pouvoir en aucune façon voir ou même entrevoir La Joconde - je ne sais pas, on peut entrer à reculons, ou bien plié en deux, ou encore les yeux fermés -, et vous vous asseyez dos au chef-d'oeuvre. Autour, il y a des gens, ils chuchotent, échangent leurs impressions, ou bien se taisent d'un air pénétré, comme celui qu'on prend aux cabinets. Peut-être même que quelqu'un vous bouscule par inadvertance, peut-être qu'on vous remarque ou qu'on vous pose une question, et que vous engagez la conversation, tout cela, en tournant le dos à La Joconde. Vous restez une heure, deux heures, peut-être trois, finalement, vous vous levez et vous sortez, sans avoir regardé le célèbre tableau. J'ai essayé : c'est terriblement difficile et éprouvant, on sort dans la rue en nage, une de ces tensions physiques, je ne vous dis pas, ensuite, on a des courbatures partout, affreusement mal dans le cou et les épaules. (…) L'homme est fasciné par l'eau qui coule et par le feu, de façon générale, par tout ce qui coule. Panta rei. On peut rester des heures assis au bord d'une rivière ou d'un ruisseau. Mais si la rivière ou le ruisseau possèdent une forme, autrement dit, au moins un début et une fin, la mer, elle, on ne peut lui appliquer les notions de "début" et de "fin", de "gauche" et de "droite", elle est hors des formes et hors du temps : la mer, c'est une catégorie. L'homme est attiré par la mer car il a envie de se fondre dans quelque chose de plus grand que lui-même, peut-être dans quelque chose d'idéal et d'informe.
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L'habitude est non seulement une grande guérisseuse, mais aussi une grande tortionnaire (…) La vie de tous les jours avec ses petits riens, les soucis et les peines, les fluctuations d'humeur, les migraines et la constipation, les odeurs de café et de tabac, les honoraires des avocats et les invitations à des conférences, avec les journaux et les nouveautés littéraires, avec les mauvaises actions et les prouesses dignes d'un saint que l'on accomplit journellement, cette vie nous réconcilie avec l'existence des dragons, des chambres secrètes avec leurs tâches de sang sur le plancher, et des squelettes dans les caves, elle nous réconcilie avec tout cela, transformant subrepticement la chimie de la conscience, jusqu'au jour où l'on se jette sous un train, brusquement, de but en blanc… Mais la plupart des gens ne se jettent pas sous un train.

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"L'histoire n'est pas un roman ; un mensonge peut toujours être beau, tandis que la vérité, dans son simple appareil, ne plaît qu'à quelques esprits mûrs et expérimentés."

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"Si l'on ne se presse pas, c'est-à-dire, si l'on s'abandonne vraiment à la vie (ce qui est malheureusement presque impossible, même dans les monastères bouddhistes), avait-il noté dans son journal, on peut vivre huit jours dans une semaine."

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Un véritable écrivain va d'échec en échec, il ne peut en être autrement. Les gens qui sont vainqueurs portent d'autres noms : ce sont des généraux, des ingénieurs, des politiciens, mais pas des écrivains. La différence entre l'artiste et tous les autres consiste sans doute en ce que l'artiste lance un défi à l'éternité, alors que les autres s'efforcent de maîtriser le temps…

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L'amour est clairvoyant, mais menteur, trompeur et enclin à l'auto-illusion, comme aucun autre sentiment.
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