AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Iouri Bouïda (147)


Ceux qui cherchent Dieu tombent obligatoirement sur le diable.
Commenter  J’apprécie          502
Notre plus proche voisin était le vieux Dobrobabine, un grand gaillard à la barbe blanche, chevalier de quatre croix de Saint-Georges et de trois ordres de la Gloire. C’était un charpentier et un menuisier remarquable, et un coureur de jupons. On racontait qu’un jour il avait enfermé un de ses clients dans le cercueil qu’il avait commandé pour qu’il « s’y fasse », et pendant que l’autre « s’y faisait », il s’était tellement bien occupé de sa femme qu’elle lui avait commandé un autre cercueil –pour son mari suivant.
Commenter  J’apprécie          472
Iouri Bouïda
«Le pays est si vaste, écrit-il, qu'ici les mots et les pensées n'ont aucun sens. Son histoire non plus, d'ailleurs.»
Commenter  J’apprécie          460
Peu avant sa mort, en réponse à mes péroraisons sur « notre pays sans liberté », elle* m’a dit : « La liberté, c’est toi. Seulement, n’oublie jamais que la prison aussi, c’est toi. » Elle n’aimait pas non plus quand on qualifiait quelqu’un de « conscience du peuple ». « La conscience, c’est Dieu à l’intérieur de l’homme. Un peuple, ça n’a pas de conscience, seul un homme a une conscience. C’est par cela que l’homme se distingue de la bête –par la conscience. Mais la conscience du peuple, ça, ça a été inventé par des gens sans conscience. »
*La grand-mère de l’auteur.
Commenter  J’apprécie          390
Dans la salle de lecture, il y a les sempiternelles petites vieilles penchées sur des encyclopédies médicales. Je passe derrière le comptoir et je me retrouve dans une forêt de livres. D’étroits passages entre les étagères, personne, le silence, une odeur de papier qui fait tourner la tête. Je suis pris de tremblements. Je sais déjà comment ça s’appelle : je suis sous l’empire de la convoitise. Je choisis vingt à trente livres, je les empile sur le rebord de la fenêtre, je les trie, j’en mets de côté, j’en prends huit avec moi......Chaque semaine, je prenais à la bibliothèque tellement de livres que c’était à peine si j’arrivais à les rapporter à la maison. J’avais envie de tout lire, tout, même les Essais sur l’univers de Vorontsov-Veliaminov, nom de nom
Commenter  J’apprécie          392
« Il croit en Dieu, dit-elle, dès que nous nous fûmes assis dans les fauteuils.
— Ce sont des choses qui arrivent...
— Je ne sais pas encore si c’est un problème ou non, mais notre maison est bourrée d’icônes... et toutes ces conneries... ces œuvres caritatives, ces églises, ces prières, ces discussions sur la spiritualité et le royaume des cieux... pour un ex-colonel du KGB, c’est un peu trop...
— Que veux-tu, dis-je, le monde est tellement absurde que l’idée du royaume des cieux ne pouvait pas ne pas effleurer l’esprit d’un homme comme Gleb Niepara...
— Les taux d’intérêt, les dividendes, les marges, on peut encore s’y habituer facilement, mais dès qu’on me parle de miracle et de volonté divine, je perds pied...
— Ce n’est pas grave, dis-je. Ce serait pire s’il se mettait un jour à réfléchir au sens de la vie : certains ne s’en remettent jamais.
Commenter  J’apprécie          381
Les experts en folklore de l'évacuation,......assuraient que....les Allemands, avant d'être déportés, avaient caché de fabuleux trésors.....Des gens qui utilisaient des cuvettes de cabinet depuis leur enfance ne pouvaient pas ne pas être riches.
p.126
Commenter  J’apprécie          380
Je n’ai été ni ne serai un dissident, un opposant, un partisan du pouvoir, un homme de gauche, un homme de droite, un libéral, un conservateur, pour la simple raison que cela n’est pas ma langue.
Je prends la vie telle qu’elle est, et je vis conformément à ses règles afin que la première comme les suivantes ne m’empêchent pas de faire ce que j’ai à faire.
Je suis celui qui a été créé pour Dieu, et non pour les hommes.
Mais quand je me regarde dans un miroir, je n’aime pas ce que je vois.
Commenter  J’apprécie          363
Ces années-là, il n’était pas rare qu’un chauffeur et un inspecteur de la police de la route commandent ensemble dans un relais de camionneurs cent grammes de vodka « avec remorque » (une chope de bière), ils buvaient à la santé l’un de l’autre et repartaient tranquillement chacun de leur côté.
Commenter  J’apprécie          360
« L’art fait surgir ce dont la forme préexiste dans l’âme, disait-il, citant Aristote avec le sourire. Il reste à comprendre quelle relation l'écrivain a, lui, avec le contenu....Ou bien ce qu’Aristotr entendait par « la forme »......Mais ça c’est l’affaire des critiques . »
Commenter  J’apprécie          340
Même les sons incohérents de l’univers représentent des problèmes algébriques, des langages qui supposent l’existence d’une solution, d’une grammaire structurée et d’une syntaxe, si bien que les petits détails du monde peuvent être les miroirs secrets des plus grandes choses.
De Quincey ( Autobiographie )
p.43-44
Commenter  J’apprécie          340
- Selon Ganouchkine, les meilleures choses du monde sont l'oeuvre d'anormaux: les plus belles sont créées par des personnalités narcissiques, les plus intéressantes par des schizophrènes, les plus généreuses par des dépressifs et les plus impossibles par des psychopathes...
(page 128)
Commenter  J’apprécie          333
Finalement, le livre fut publié et la première recension citait les noms de Lewis Carroll, Salman Rushdie, Leskov, Andreï Platonov et Kusturica : « Ce n’est même pas du réalisme magique. Prenez les tableaux de Francis Bacon, de Fernand Léger ou de Marc Chagall. Des éléments artistiques simples, en se retrouvant sur une toile, ne reproduisent pas la réalité, ils ne la décrivent pas, ils ne vous donnent pas la possibilité de regarder la toile avec vos yeux, de vous faire une impression de la chose représentée. Une telle peinture, simple a priori, vous force à ouvrir les yeux, à essayer de voir. Mais pendant que vous regardez, l’étape de l’analyse échappe à votre conscience, à votre expérience, et se fige aussitôt dans votre subconscient, formant avant tout non pas une image mais une impression. C’est ainsi qu’Igrouïev, en introduisant au fil de son récit de nouveaux personnages et en surchargeant l’espace d’artefacts temporels, brosse un tableau du monde. Puis, en eriksoniste habitué à ancrer son patient dans la vie, l’auteur adapte sa conscience au passé tsariste, soviétique, à celui de la perestroïka ou alors à l’actualité. Et, enfin, à travers des codes culturels génétiquement proches, il emplit l’âme du lecteur de contes, de couleurs, de sentiments, de rêves, des caractères... »
« L’eriksonisme ? demanda Poupa. Ça fait penser à l’hypnose tsigane. Encore du baratin de critiques... »
Commenter  J’apprécie          330
L’habitude du mal est agréable : les hommes sont attirés par le mal parce que beaucoup ont l’impression qu’il rend plus fort.
Commenter  J’apprécie          331
« de même qu’il est impossible de se représenter la valise d’un commis voyageur sans une brosse à dents et une douzaine de préservatifs, on ne peut se représenter la littérature contemporaine sans des miroirs, des échecs, des labyrinthes, des horloges et des rêves. »
(George Yermo)
Commenter  J’apprécie          321
Que penses-tu de ma proposition ?
— Laquelle ?
— Morceler le texte, le débarrasser des personnages fortuits... Seigneur, à quoi te servent ces agents du KGB ? Ou tous ces bandits... c’est une engeance particulière... ces personnages sont illisibles... ils sont faits pour autre chose... ils collent trop aux circonstances – au point de faire disparaître tout ce qui est personnel, intime, unique...
— Le diable seul le sait, marmonnai-je. Cela semble avoir marché...
— Laisse le diable tranquille – jamais il n’imaginera ce que les hommes sont capables de faire...
Commenter  J’apprécie          320
Un apôtre a écrit : “La lettre tue, l’esprit vivifie” en résumant d’une seule phrase toute l’histoire de la Russie et de son peuple qui n’aime pas ce qui est définitif, convenu, précis, et qui vit donc non selon la loi mais selon sa conscience... bien qu’en fait il n’y ait ni peuple ni conscience, il n’y a que le Kremlin et le bâton qui rassemblent les hommes contaminés par la concupiscence dans un semblant de peuple...
Commenter  J’apprécie          310
"Fais attention à toi, ma fille.
- Ne t'inquiète pas, papa. Ils disent que je devrais faire des études dans une école. Peut-être même à Moscou."
Il fronça les sourcils, réfléchit longtemps, pesa le pour et le contre. Il comprit qu'il ne pouvait pas la retenir. D'ailleurs à quoi bon? Moscou était loin de la Ligne, de l'enfer, du poison, de la drogue qui, sans qu'on s'en rende compte, s'infiltre dans l'âme et tue les hommes, ou leur enlève la raison. Autant qu'elle aille à Moscou.
"Bon, vas-y. Mais ne nous oublie pas, d'accord? Et fais attention à toi, d'accord ?"
Goussia pleura comme une fontaine quand Alionka s'en alla. Ivan souffrait d'un mutisme qui l'empêcha jusqu'au bout de dire à sa fille quelque chose d'important. Il avait peur des mots.
Commenter  J’apprécie          290
.......mon père a entrepris de se raser. Le dimanche, il allait chez le barbier Liovka, un Juif ventripotent qui rasait ses clients selon une vieille coutume : pour dix kopecks avec le doigt, et pour quinze avec un cornichon. Autrement dit, il glissait un doigt dans la bouche de son client pour lui gonfler la joue afin de le raser à la perfection, et si le client était prêt à ouvrir son porte-monnaie, il se servait d’un cornichon au lieu de son doigt. Mon père, lui, se faisait raser avec un cornichon. En semaine, il se rasait lui-même, bien entendu.
Commenter  J’apprécie          293
« Maintenant, sur le fond, poursuivit-elle. La qualité première et indubitable de ta prose, c’est que tu écris avec le sang d’autrui, autrement dit, tu n’écris pas sur toi mais sur les autres. C’est devenu tellement rare... Tu es un véritable sinistré. Un véritable écrivain est toujours un sinistré, il aime le moindre objet, la moindre fissure dans une maison défunte, or une maison russe est toujours une maison en flammes, en péril. Il est important que tu comprennes une chose : un bon détail, ce n’est pas toujours de la bonne littérature, en revanche la bonne littérature, c’est toujours un bon détail....... »
Commenter  J’apprécie          284



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Iouri Bouïda (201)Voir plus

Quiz Voir plus

Politique et littérature

Les Romantiques français, dans leur jeunesse, étaient plutôt réactionnaires et monarchistes. Quel est celui qui a connu une évolution qui l’a conduit à être élu sénateur siégeant plutôt à gauche ?

Stendhal
Chateaubriand
Hugo
Mérimée

11 questions
270 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur cet auteur

{* *}