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Citation de lauravanelcoytte


Extrait
"L'amour qui naît de la peur de la solitude est triste et fort comme la mort. Son désir d'Yves, de sa présence, de ses paroles, devenait pareil à une morne folie. Quand elle était loin de lui, elle se torturait l'esprit à imaginer ce qu'il faisait, où il était, avec qui ? Quand elle reposait dans ses bras, l'angoisse du lendemain était si forte qu'elle pénétrait peu à peu sa joie comme un lent poison. Sur son coeur, sous la chaleur de ses caresses, elle avait toujours présente à la mémoire l'heure qui s'écoulait (la dernière peut-être ?) si vite, si vite... Il lui arrivait, quand sept heures sonnaient, de se cramponner à lui, comme si elle se noyait, si pâle et si tremblante qu'il prenait peur. Et quand elle s'expliquait tant bien que mal, il lui caressait le front, comme à une enfant malade, et soupirait : "Petite, petite..." Mais il ne comprenait pas ce besoin féminin de sécurité, ce frénétique désir de sa présence et cette espèce d'épouvante de le perdre, comme si, sauf lui, plus rien au monde n'eût existé. Mais même ces minutes de souffrance âpre et savoureuse étaient rares. Le plus souvent, leur liaison, comme celle des trois quarts des couples illégitimes à Paris, se bornait à de brèves rencontres entre six et sept heures, à la sortie du bureau d'Yves, à des propos insignifiants, à quelques caresses inachevées... Le samedi, une après-midi de gestes amoureux, de silences, le masque absorbé, méchant de l'homme qui prend sa maîtresse, comme on boit du vin, pour soi... Si peu de chose, si peu..."


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Le Malentendu, p. 115
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