Si la Torah ne dit pas "D. créa au commencement" mais "au commencement créa D." (be-reshit bara elokim, בראשית ברא אלקים) c'est pour deux raisons. Premièrement, D. ne nous est perceptible et connu qu'à travers Ses oeuvres. L'acte créateur est mentionné avant le nom du Créateur, car c'est le fait d'avoir créé le monde qui nous fait savoir qu'il est le D. agent. Comme le dit le prophète (Isaïe 45-18) : "Ainsi parle l'Eternel, c'est lui qui a créé les cieux, il est le D. qui a formé la terre et l'a affermie ..." Deuxièmement, si la Torah avait dit : "D. a créé (sur le / avec le / be- / ב) commencement le ciel et la terre", nous aurions pu nous tromper en pensant que le "reshit" était une chose créée. Comme cette matière dont le Ramban a pensé qu'elle avait précédé la création et qui aurait été appelée "reshit" parce qu'elle serait le commencement à partir duquel les autres choses auraient été engendrées. L'explication du verset aurait alors été la suivante : "D. créa le commencement, le ciel et la terre", car tout a été créé alors. Voilà pourquoi la Torah a dit "au commencement, D. créa le ciel et la terre", afin d'éliminer cette erreur qui consiste à croire que D. a créé une ou plusieurs matières avant qu'il ne crée le ciel et la terre.
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Il nous reste encore à répondre à la 6° question : pourquoi le Tétragramme n'est-il nullement mentionné dans la Genèse mais seulement le nom d'Elok/him ? Cette question se posant au sujet des six jours de la création, je donnerai ici une réponse générale. Car, ainsi que je l'ai expliqué au sujet de l'homonymie du terme elohim, le Tétragramme évoque l'essence et la substance de D., tandis que le nom Elok/him évoque Son action sur la réalité ainsi que le bien qu'Il communique à ce qui lui est autre. Et puisque la Genèse est le récit de Son action dans la création du monde, c'est le nom Elok/him qui apparaît en tant qu'il évoque l'Agent Premier, la puissance absolue parmi toutes les forces. Quant à la raison pour laquelle les autres noms saints apparaissent ensuite à partir de "vayekhoulou" (Gn 2, 1), nous y réfléchirons à chaque fois à l'endroit opportun.
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