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Critiques de Isabelle Artiges (44)
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Isabeau de Limeuil la scandaleuse

Isabelle Artiges mêle habilement romance et histoire à travers l’histoire d’Isabeau de Limeuil. Jeune fille de la grande noblesse périgourdine, elle est élevée au milieu d’une famille aimante, catholique dans un pays en pleine guerre de religion. La religion réformée de Calvin gagne les grandes villes puis les campagnes. Sombre époque qui voit la guerre tout ravager, séparer les familles et sacrifier les jeunes filles au profit des manigances politiques.

Isabeau fait partie à 16 ans de ce fameux escadron volant qui entoure Catherine de Médicis. Isabeau est sa cousine et lui obéit en tout point.

La période est critique, les guerres sont constantes dans toutes les régions du royaume et la reine mère veut à tout prix pacifier le pays. Pour cela, elle ordonne à Isabelle de calmer et de séduire le Prince de Condé qui montre des volontés fort belliqueuses et surtout à un œil sur le trône de France. Isabelle fera tout ce qu’il faut et se brûlera les ailes à voler trop haut, car elle aimera son prince. Les grands de ce monde n’ont pas de scrupules, ils se servent et jettent.

J’ai beaucoup aimé lire ce livre, Isabelle Artiges nous raconte une période brutale, guerrière mais aussi les us et coutumes d’une cour raffinée et cruelle, les faits sont précis et documentés. J’y ai appris beaucoup concernant les grands de cette époque, leurs relations, leurs inimitiés, et surtout leur violence et leur cruauté. Des milliers et des milliers de morts pour une religion, mais surtout pour une lutte de pouvoir. Les pauvres gens paient de leur vie les désirs des grands du royaume. La Saint-Barthélémy en est un exemple flagrant pleine de barbarie et de haine.

L’auteure a un style fort agréable, précise dans ses faits historiques et dans la psychologie de ses personnages. Isabeau est jeune, pleine d’esprit et très vive. Elle a la vie devant elle et veut en profiter. Margot sa jeune sœur de lait, l’accompagne tout au long de sa vie et lui est d’un grand réconfort. Tous les débuts de chapitre nous ramène en 1610 chez Margot qui raconte l’histoire de sa maîtresse à de jeunes paysans de son village. Elle est le prétexte à évoquer la vie d’Isabeau de Limeuil que l’on surnomma la scandaleuse.

Merci aux Éditions de Borée pour ce bon moment passé avec Isabeau de Limeuil. Une période historique fort intéressante.
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Le temps des vieux moulins

A la bibliothèque, j'ai emprunté : Le temps des vieux moulins de Isabelle Artiges.

Direction le Périgord en 1939. Très attachée à son grand-père, Madeleine aime par-dessus tout passer du temps avec lui à la Haute Métairie.

Dans cette ferme qui semble protégée du monde, le vieil homme, pondéré dans ses propos, n’en est pas moins volontaire pour prêter main-forte aux maquisards quand les Allemands débarquent en Dordogne.

C’est dans ces temps troublés que la jeune femme va être happée par ce conflit qui détruit tant d’existences.

Les camps sont-ils aussi bien définis et marqués que ses parents, fervents communistes, veulent bien le croire ?

De ses amours de jeunesse à son amitié indéfectible pour Yvonne, de ces hasards qui n’en sont pas à ces réalités douloureuses, Madeleine va sacrifier sa jeunesse sans perdre son âme.

Le temps des vieux moulins est un roman se déroulant pendant la seconde guerre mondiale, nous découvrons une tranche de vie de la jeune Madeleine. Son enfance est survolée, les idées de ses parents (communistes engagés), de son frère qui épouse les idées des parents sont confrontées aux convictions du grand-père. Madeleine est une jeune fille qui a la tête sur les épaules, elle n'est pas communiste comme ses parents. Elle écoute plus son grand-père, dont elle partage certaines idées. C'est tout naturellement qu'elle préfère vivre avec lui. Quand éclate la seconde guerre mondiale, elle reste avec lui et l'aide à prêter main forte aux maquisards, quitte à braver tous les dangers.

Peu à peu, Madeleine sacrifie sa jeunesse tout en essayant coute que coute de garder son âme intacte, de ne pas trahir ses convictions.

Il est intéressant de voir comment elle s'en sort, comment elle se construit malgré des modèles d'éducation et de pensées très différents.

J'ai apprécié de découvrir cette jeune femme toutefois une petite chose m'a dérangé dans ce roman. J'ai trouvé l'écriture assez froide. Il y a un énorme travail de recherche, on sent que l'autrice connait son sujet. Mais cela manque de chaleur, j'ai parfois eu l'impression de lire un documentaire pas un roman. C'est pour cela que je vais enlever une étoile.

Malgré tout j'ai apprécié ma lecture, c'est un bon roman sur la seconde guerre mondiale et je le recommande.

Ma note : 4 étoiles

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Le secret de la forge



Entre Périgord et Limousin, en ce 19e siècle, Lyse et Gaspard sont tombés amoureux à la minute où leurs regards se sont croisés. Un amour qui pourtant est interdit parce qu'ils sont issus de familles qui se détestent depuis bien longtemps. Entre les de Chaumeuil qui sont maîtres de forge de père en fils, et les Beauregard, qui détiennent des mines qui sont désormais condamnées, le torchon brûle et personne ne voit d'un bon œil ce rapprochement de leur jeunesse respective.



Quand on parle Périgord, on pense foie gras, truffes, noix, châtaignes... C'est oublier qu'à la Révolution, le Périgord était la 6e région sidérurgique de France grâce à ses fonderies. Et c'est dans cette ambiance qu'Isabelle Artiges rend à nouveau hommage à sa région, en plaçant au cœur de son intrigue deux puissantes familles de l'époque qui se partagent un coin de Dordogne, dans la vallée de l'Auvézère.



On entre très vite dans l'histoire puisque le prologue de quelques pages fait planer un mystère qui nous obligera à revenir 50 ans en arrière pour commencer à en dénouer les enjeux. La plume de l'autrice dépeint parfaitement l'époque, la région et les métiers liés à la fabrication de la fonte sans jamais étaler sa science sans raison. Tous les éléments proposés au lecteur participent à la compréhension du contexte qui donnera bien du fil à retordre à nos deux amoureux.

Un peu Roméo et Juliette français, injustement impactés par des histoires de famille qui les dépassent, les héros d'Isabelle Artiges sont très vite attachants. Et tout au long de la lecture on croisera les doigts pour qu'ils aient droit à leur fin heureuse.



La lecture fut bien dépaysante et bien agréable. J'aurais aimé avoir un peu plus de moments transcendés par la passion et j'aurais souhaité un petit chapitre en plus pour avoir la fin que j'attendais. Malgré cela, rien n'a gâché mon plaisir et c'est bien vite que je vais tenter de me procurer un autre roman de cette autrice que j'ai découverte grâce à une masse critique.



Grand merci à Babelio et aux éditions de Borée pour la confiance et la découverte !
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Une vie de porcelaine

Dans ce livre, j'ai bien aimé l'histoire de Jeanne, fille de famille pauvre et dont la vie va prendre un tournant inattendu. Àgée, en 1860, elle décide d'écrire sa vie à son fils.

La partie relative à l'Histoire de France est la plus intéressante car elle est très bien documentée et concerne la fin du 18ème siècle et la première moitié du 19ème, ce qui est assez rare. Le seul reproche concerne peut-être la façon trop pointue d'aborder certains faits historiques par moments.

L'écriture de ce roman alterne entre la parole de Jeanne dans les lettres destinées à son fils et celle de l'auteur qui fait le lien.

En conclusion : un livre qui aborde une période rarement évoquée d'une manière originale par sa forme.

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Isabeau de Limeuil la scandaleuse





Isabeau de Limeuil jeune fille du XVI siècle est un des plus jolis atouts de "l'escadron volant" de Catherine de Médicis reine catholique. Elle est chargée par celle-ci de calmer les ardeurs belliqueuses du Prince de Condé, protestant convaincu. Pour ce faire, elle va user de ses charmes et de son esprit fort acéré.



Durant cette lecture, j'ai joint "l'utile à l'agréable".



Utile car Isabelle Artiges nous renseigne avec force détails sur la vie quotidienne en France en 1550. Nous côtoyons tous les grands du royaume, Guise, Coligny, Condé et Médicis. Aussi Ronsard et Brantome, tous les deux fort sensibles au charme d'Isabelle, quelques vers disséminés dans le roman nous le prouve.



Et agréable car l'histoire d'Isabeau nous est, en partie, racontée par Margot sa sœur de lait et suivante. Cela à chaque début de chapitre. Et puis l' auteure reprend la narration de façon plus classique.



D'ailleurs j'aime beaucoup Margot, fidèle à sa maîtresse mais qui malgré tout n'hésite pas à lui dire sa façon de voir les choses.



Quant à Isabeau, belle Isabeau sacrifiée à la raison d'État. Devant obéir sans discussion possible.. Elle m'a émue par moments.



Un bémol, la couverture du livre de couleur un peu sépia est tristounette. Mais le chapelet qu'Isabeau tient en mains est d' un beau rouge éclatant. Chapelet, symbole de la lutte pour laquelle elle a été sacrifiée. Ceci explique certainement cela.



Mme Artiges merci, vous m'avez passionnée en me racontant l'histoire d' Isabeau la scandaleuse.



Merci à Babelio et les éditions De Borée pour l'envoi de ce roman dans le cadre d'une nouvelle Masse critique.
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Le secret de la forge

J’avais lu Un été de porcelaine d’Isabelle Artiges. Je l’avais beaucoup aimé, car c’est une très belle fresque historique et sociale des années 1800, qui décrit le destin d’une femme courageuse. Cependant, j’avais eu une sensation de distance entre l’écriture et moi. Aussi, lorsque j’ai commencé la lecture de son nouveau roman, j’ai eu un peu peur d’avoir le même ressenti. Pendant les premières pages, mon appréhension semblait se confirmer, puis très rapidement, s’estompait, pour finir par disparaître complètement. J’ai été emportée par l’intrigue et transportée par le style.





Milieu du XIXe siècle. Lyse de Charmeuil a un accident et elle est secourue par un beau jeune homme, Gaspard de Beauregard. Alors que ce dernier la raccompagne chez elle, la famille de la jeune fille le chasse. Mais c’est trop tard, la belle est amoureuse, malgré la réputation de mauvais garçon du jeune homme. Ils entretiennent une relation secrète et tentent de percer les secrets qui entourent leurs familles respectives. Quelle est l’origine de la haine qui les divise ?





Portés par les ailes de l’amour, les deux tourtereaux sont persuadés d’avoir les arguments pour convaincre leurs parents d’oublier les ressentiments du passé. Lyse a grandi au sein de la forge familiale, dont elle connaît tous les aspects et à laquelle elle voue une véritable passion. La famille de Gaspard possède du minerai de fer et des forêts de châtaigniers. Leur union serait une réussite économique, alors que l’industrialisation prend de l’ampleur. Grâce à ce qu’ils ont découvert sur le passé, ils imaginent un moyen, qu’ils considèrent imparable, pour se marier.





Isabelle Artiges décrit la condition féminine du XIXe siècle. Les femmes ne pouvaient pas toujours épouser celui qu’elles aimaient. Le choix revenait à leur père qui était, souvent, guidé par le désir d’accroître leur fortune et la puissance de leur nom. De la domination patriarcale découlaient des drames. C’est ce qui arrive à Lyse.[…]





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Une vie de porcelaine

Ce roman raconte le destin de Jeanne, dans les années 1800. C’est une jeune fille courageuse, qui grâce à l’aide de son amie, la marquise Héloïse de Payzac, a essayé de s’élever sur l’échelle sociale. Cependant, de terribles épreuves vont jalonner sa vie.





L’aspect historique de ce livre est d’une immense richesse. L’auteure s’est attachée à nous faire découvrir et comprendre les événements survenus après la Révolution française. La période napoléonienne, puis le retour de la monarchie sont merveilleusement dépeints. Je me suis aperçue que je connaissais très mal cette partie de notre histoire et je suis heureuse de toutes les connaissances que j’ai acquises en me distrayant.





J’ai énormément aimé le côté sociologique de Une vie de porcelaine. Jeanne, très sensible à la condition des ouvriers et particulièrement à celle des enfants, provoque une réflexion sur le prix à payer du progrès, notamment le travail des petits. Ce livre dépeint précisément les conséquences de l’industrialisation et de la modernisation. C’est aussi une mine d’or sur le contexte social de cette époque. La révolte du peuple gronde. Isabelle Artiges mêle la fiction à l’Histoire, des personnages créés à des personnes historiques tel Victor Hugo, Honoré de Balzac, etc. Cela permet au lecteur d’appréhender le contexte dans son ensemble.





L’histoire de Jeanne est prenante, car l’héroïne est attachante. Elle a subi beaucoup d’épreuves. Ce roman est une longue lettre qu’elle écrit à son fils pour lui expliquer les choix et les décisions qu’elle a été amenée à prendre. Ce qu’elle raconte provoque l’empathie. C’est une femme intelligente qui a cherché à se donner les moyens de changer sa vie.





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La Belle Créole

Née en 1757 à Cayenne (Guyane), Rose-Gabrielle a perdu sa mère à la naissance. Envoyée à l'âge de 8 ans dans un couvent à Toulouse pour y recevoir une éducation digne d'une jeune fille de bonne famille, c'est avec déchirement qu'elle quitte la Guyane et les siens, surtout Solitude, sa fidèle esclave qui s'est occupée d'elle depuis sa naissance.

Dix ans plus tard, la voici enfin de retour en Guyane, découvrant sa nouvelle famille – son père a eu deux enfants entre-temps –, mais le bonheur est de courte durée : son père a décidé de la marier à Michel-Ange, le frère de sa belle-mère. Certes, c'est un homme aimable, mais il est bien plus âgé qu'elle et peu attirant et, surtout, elle est tombée amoureuse d'Alexandre de Sérigny, un jeune scientifique rencontré lors de sa traversée en mer. D'abord réticente, Rose-Gabrielle finit par accepter ce mariage arrangé, persuadée qu'elle retrouvera un jour Alexandre, qui lui promet de revenir régulièrement en Guyane.

Après son mariage, elle part s'installer dans la propriété de Petit Cayenne, l'exploitation de coton de son mari, où travaillent une soixantaine d'esclaves. Loin de se satisfaire d'une vie paisible d'épouse, elle s'investit dans la gestion du domaine, sous le regard peu amène du régisseur Granval, tandis que son mari se consacre à sa grande passion, l'astronomie, quand il n'est pas dans la caserne de son régiment. De son union avec Michel-Ange, une union pleine de tendresse mais sans amour, naîtront trois filles, Rose-Marie, Alexandrine et Victoire. L'amour, elle le vit dans les bras d'Alexandre chaque fois qu'il revient en Guyane, ainsi qu'il l'avait promis. Et quand il n'est pas là, ils s'échangent de longues lettres dans lesquelles Alexandre la tient informée de la situation en métropole, qui devient au fil des années de plus en plus préoccupante : réunion des États généraux, serment du Jeu de paume, prise de la Bastille, Déclaration des droits de l'homme et du citoyen, exécution de Louis XVI... Les nouvelles arrivent certes au compte-gouttes en Guyane, mais elles alimentent dangereusement les rumeurs, la colère, la contestation... et conduisent à une première révolte d'esclaves, réprimée dans la violence. Mais l'Histoire est en marche. C'est tout le mode de vie de la colonie qui est alors remis en question ainsi que la propre vie de Rose-Gabrielle, devenue veuve entre-temps : comment va évoluer la colonie ? Rose-Gabrielle pourra-t-elle rester en Guyane ? pourra-t-elle enfin vivre sa passion au grand jour ?



Ce roman mêle parfaitement bien l'histoire de la Guyane et la vie de Rose-Gabrielle. C'est à travers ses yeux que l'on perçoit le quotidien d'une colonie à des milliers de kilomètres de la métropole, la géographie du lieu, la répercussion des événements politiques, la condition féminine au XVIIe siècle... Au lieu de se révolter inutilement, Rose-Gabrielle en prend son parti : elle ne peut pas se marier avec l'homme qu'elle aime ? Le système esclavagiste est remis en question ? Eh bien, elle fait avec : plutôt que de lutter en vain contre des éléments qu'elle ne maîtrise pas, elle en joue. Ainsi, tout en vivant sa passion avec Alexandre, elle témoigne de la tendresse pour Michel-Ange et son mariage arrangé débouche sur la naissance de plusieurs enfants. Par ailleurs, depuis la naissance de la colonie, la Guyane fonctionne selon le système esclavagiste et, depuis 1685, y est appliqué le "Code noir", cet ensemble de textes juridiques réglant la vie des esclaves noirs dans les îles françaises, lequel indique notamment que les esclaves sont des "biens meubles"... Ce n'est pas Rose-Gabrielle qui va transformer les choses d'un coup de baguette magique. Non, mais elle est juste et traite ses esclaves le plus correctement possible : elle est attentive à leur santé, elle leur donne des vêtements, elle essaie d'éviter autant que possible les punitions, etc. Malgré la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789, il faudra attendre l'année 1794 pour que l'abolition de l'esclavage soit décrétée dans toutes les colonies françaises. Une belle initiative, mais qui ne fut pas sans conséquences : tous ces hommes et toutes ces femmes, subitement libres, qui n'avaient jusqu'alors connu que l'encadrement colonial, se sont retrouvés totalement démunis du jour au lendemain, sans accompagnement pour apprendre à vivre cette nouvelle liberté. Là encore, Rose-Gabrielle fait tout son possible pour aider ses anciens esclaves, leur préparant un contrat de travail, leur versant un salaire, leur octroyant la propriété de leur case… Des émeutes menées par des révolutionnaires attisant la colère des anciens esclaves menacent sa vie ? Eh bien, elle plie bagage et part à Boston avec ses enfants en attendant que la situation s'améliore. C'est une femme réaliste, dure au premier abord, mais elle a compris qu'il vaut mieux, tel le roseau, plier que rompre. C'est surtout une femme patiente, tenace et courageuse, qui entend bien vivre sa vie comme elle l'entend !



À travers la vie de Rose-Gabrielle et de ses proches, c'est toute l'histoire de la Guyane qui est retracée en filigrane depuis le départ des Jésuites jusqu'à la transformation de la Guyane en lieu de déportation d'opposants politiques (Collot d'Herbois, Billaud-Varenne, Pichegru...) et de prêtres réfractaires, sans oublier la calamiteuse expédition de Kourou de 1763 qui donna à la Guyane la réputation "d'enfer vert". En effet, la France avait déjà mis en place la traite négrière en Guyane, mais suite à la guerre de Sept Ans, le ministre Choiseul décida de peupler et de mettre en valeur les terres de cette colonie en poussant des milliers de personnes à s'installer sur ces terres lointaines et pleines de promesses. Las ! L'expédition, dirigée par M. de Turgot, gouverneur de la colonie, M. de Chanvallon, intendant, et M. Brûletot de Préfontaine, commandant, échoue : rien n'a été préparé pour accueillir les milliers de migrants qui arrivent en pleine saison des pluies. Résultat : beaucoup de morts (dysenterie, fièvre jaune, syphilis, paludisme) et les survivants décident en majorité de quitter cette terre maudite. Dans ce roman, Arnaud Privas est l'un de ces hommes, mais, lui, il restera en Guyane grâce à l'aide que lui apporteront des jésuites avant leur départ.



La Guyane, quelle que soit la période, est peu présente dans les romans historiques et c'est bien dommage, car c'est un pays à l'histoire originale, parfois tragique, fruit de ses spécificités (climat, géographie, peuplement…). Ce roman est donc intéressant à ce titre, mais aussi parce que cette histoire est décrite à travers le regard d'une femme, dont l'auteur trace un beau portrait, une femme déterminée et libre, malgré les apparences.



Merci aux Éditions De Borée.
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Isabeau de Limeuil la scandaleuse

Merci à Babelio et aux éditions de Borée de m’avoir permis de découvrir ce livre dans le cadre de la dernière masse critique !



Ce fut une lecture agréable dans l’ensemble. Moi qui apprécie les biographies romancées, j’ai beaucoup aimé découvrir le destin d’Isabeau de Limeuil, demoiselle d’honneur de Catherine de Médicis d’une grande beauté, contrainte par la reine à offrir son corps au prince de Condé afin de négocier avec lui, en pleines guerres de religion. On suit cette jeune femme depuis son enfance dans le Périgord jusqu’à son ascension à la Cour, et l’on découvre par la même occasion plusieurs châteaux qui sont encore debout aujourd’hui.



Le style est fluide et plaisant, et l’intrigue bien construite, notamment à travers le personnage de Margot, sœur de lait et servante d’Isabeau, qui raconte ses souvenirs des décennies plus tard. C’est le genre de roman dont on tourne facilement les pages. J’ai également apprécié les épigrammes des différents chapitres, qui sont pour la plupart des extraits de poèmes de l’époque (notamment de Brantôme et Ronsard) dans lesquels Isabeau est citée et louée.



J’ai cependant quelques points négatifs à soulever. Tout d’abord, le style ne m’a pas toujours plu, et je l’ai parfois trouvé artificiel et lourd – notamment dans les dialogues entre Margot et les enfants, ou dans les phrases sans verbe ou avec uniquement un gérondif pour créer un effet de style. Je n’ai pas non plus aimé le début du livre, qui ressemble un peu à un manuel d’histoire : l’autrice prend le temps de planter le décor, politique comme culturel, mais d’une manière un peu trop pédagogique à mon goût. Heureusement, les explications historiques s’insèrent – à mon sens - mieux dans la suite du roman.



Enfin, j’ai quelques doutes concernant la fiabilité historique. Je connais un peu la période de la Renaissance, et tout m’a paru très crédible au cours de ma lecture, de même que la plupart des informations disponibles sur Internet à propos d’Isabeau de Limeuil concordent avec le roman… Mais, à la fin, l’autrice prend le parti de citer sa bibliographie, ce qui est appréciable, sauf que celle-ci ne contient que… trois ouvrages, dont un (celui contenant la biographie de l’héroïne !) datant de la fin du XIXe siècle ! Je ne sais pas quoi en penser…



Quoiqu’il en soit, ce roman historique reste une lecture plaisante et instructive !
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Les heures du matin, tome 1 : Le hasard et ..

En mai 1895, dans un village de Corrèze. L’épouse de Jean Dumond, un maître chaumier, décède, le laissant seul avec cinq enfants. Maria, âgée de quatorze ans, est l’aînée des filles. Depuis le début de la maladie de sa mère, la maison repose sur elle : elle doit nourrir trois hommes et éduquer deux fillettes. Lors de la veillée, elle tombe sous le charme de Germain. Elle le revoit à la messe de Noël. Le jeune homme, qui part à l’armée, lui promet de lui écrire. Le père de Maria lui recommande de ne pas se faire d’illusions : il n’est pas un paysan, il l’oubliera. Des apparitions prédisent aux amoureux une séparation, puis des retrouvailles.





En mai 1895, dans un autre village de Corrèze. L’époux d’Elizabeth meurt. Mère de trois enfants, elle est forcée de vivre sous le toit de sa belle-mère qui ne pense qu’à la remarier. Son beau-frère, marié et père de famille, essaie de lui imposer ses assauts. Lorsqu’un riche paysan fait sa demande, la jeune veuve est forcée d’accepter. Mais le destin en a décidé autrement et les noces sont annulées. Elizabeth est chassée de son domicile.





La première partie est consacrée à la famille Dumond. L’idylle entre Maria et Germain est au cœur du récit. Hélas, ce qui semblait une belle histoire d’amour se termine sans le que le mot fin soit prononcé : dans le silence. De plus, son père est la cible de malveillances de la part d’anciens employés. Entre drames et devoirs, les Dumont traversent l’existence avec dignité. La deuxième partie s’attache au destin d’Elizabeth. Elle subit la tyrannie de sa belle-famille, alors qu’elle n’aspire qu’à pouvoir élever ses enfants dans la paix. La troisième partie réunit les deux familles.





Le Hasard et la nécessité est le premier tome d’une saga en deux volets : Les heures du matin. Ce premier opus se déroule de 1895 à 1921. Il raconte l’histoire de deux familles qui se croisent et qui sont reliées, sans le savoir, par des connaissances communes. Leur histoire semble écrite, pourtant le hasard s’en mêle et décide lui-même (même s’il bénéficie de certains appuis) des rencontres et des séparations.





Le récit est empreint d’un souffle de regrets, impulsés par le désir de correspondre aux convenances. J’ai été, particulièrement, touchée par les personnages féminins : Maria, à qui j’aurais voulu rappeler ce que les nymphes lui ont prédit ; Elizabeth, victime de la domination masculine ; Marinette qui subit sa condition avec courage et caractère. J’ai apprécié deux personnages masculins : Germain et Jean. Seuls, ils m’étaient indifférents, mais auprès de l’élue de leur cœur, ils se transforment et leur personnalité prend de la consistance. Ils se révèlent auprès de femmes.





J’ai bien aimé Le Hasard et la Nécessité. C’est un joli roman.




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Le secret de la forge

Les amours impossibles sont nombreuses en littératures avec bien entendu la célèbre histoire de Roméo et Juliette, pas simple donc de tirer son épingle du jeu, pourtant l'intérêt suscité par le malheur des amoureux est toujours aussi vivace.

C'est ici encore une brouille familiale qui est au centre de cette histoire, mais l'auteure parvient à faire graviter autour de ce dilemme amoureux, des personnages forts et passionnants. L'envie de découvrir et de passer du temps avec Lyse de Chaumeuil et son entourage, affleure dès les premières pages. A coups de drames mais aussi de belles rencontres, Isabelle Artiges donne au lecteur la passion et la puissance des sentiments qu'il cherche en débutant ce type de lecture. Elle semble connaître à merveille son sujet et être maîtresse dans le maniement des mots, j'ai été séduite par l'univers qu'elle nous propose. Une transcription des plus justes de la vie de cette époque et de l'obéissance due aux aînés, pas de mariage sans l'accord du père, pas d'union si les familles n'y trouvent aucun intérêt. Où se situaient donc les sentiments, les vrais, ceux qui font battre le coeur et mettent des papillons dans l'estomac? Ils étaient bien loin des considérations premières, la vie n'était tout simplement pas sujette à l'amour ou au bonheur mais à "la collaboration économique" d'autant que la guerre est déclarée depuis bien longtemps entre la famille de Lyse de Chaumeuil et la famille de Gaspard de Beauregard, ils faudra de la patience et de la ténacité à nos deux amoureux afin de comprendre et de contrer cette haine. Des secrets bien gardés, des trahisons, mais aussi et surtout l'amour de deux jeunes amants dont le rêve est de vivre une relation simple que leurs familles leur refusent. A dévorer sans hésitations...
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La demoiselle de Hautefort

Ce roman du terroir a l'originalité de se dérouler pendant la Révolution française et après, non pas à Paris mais dans l'arrière-pays.



L'auteur étant très bien documentée, j'ai découvert tout l'impact de la Révolution française sur la population de la France.



Les personnages sont attachants sans plus, hormis Constance qui fait preuve de beaucoup de courage face à l'adversité.



Un très bon roman régional, riche en faits historiques bien réels.
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Isabeau de Limeuil la scandaleuse

Merci beaucoup à Virginie Bourgeon des Éditions de Borée de m'avoir permis de découvrir ce superbe roman historique…



Comme à son habitude, l'auteur nous propose un récit passionnant mêlant l'Histoire avec un grand “H” à son intrigue.

J'avoue avoir eu au début un peu de mal à entrer dans le récit.

Pour mettre en place son “décor”, qu'il soit politique, religieux ou culturel, Isabelle, je pense, n'a eu d'autre choix que de prendre une structure “classique”, mais peut-être un peu trop pédagogique à mon goût. Par la suite, heureusement, la fluidité des textes m'a permis d'apprécier à sa juste valeur, la magie du récit.



Bienvenue donc, dans ce roman qui traite d'une époque ou la guerre est partout, sacrifiant les hommes et les femmes, et séparant les familles.



Isabeau de Limeuil, jeune fille pleine d'esprit de la noblesse périgourdine, va dès l'âge de 16 ans faire partie d'un “escadron volant” entourant sa cousine, la Reine Catherine de Médicis, en pleine guerre de Religion. Malgré sa jeunesse et sa fougue, la demoiselle d'honneur de la Reine catholique, d'une grande beauté, va très vite se brûler les ailes. En effet, ce que Isabeau ne sait pas encore, c'est que les hommes de cette époque, qui sont avides de pouvoir, n'ont aucun scrupule. Ils prennent ce qu'ils veulent, aussi vite qu'ils s'en débarrassent… Et, la belle Isabeau en fera les sacrifices, obligée qu'elle est d'obéir à sa Reine.



C'est une période de l'Histoire très violente et cruelle qu'a choisie de nous raconter Isabelle. J'ai appris beaucoup de choses, mais j'ai surtout vu la vie de l'époque, d'une façon très différente. L'intrigue est bien construite, et les récits de Margot, sœur de lait, puis servante d'Isabeau, qui viennent régulièrement ponctuer le récit, donnent une autre dimension au tout.



C'est un récit passionné et passionnant qui nous montre encore une fois que derrière chaque homme, il y a toujours une femme !



Un petit bémol malgré tout, mais il est “tout petit” et tout à fait personnel.

Je trouve la couverture un peu tristounette, elle ne reflète pas à mon avis la richesse de son contenu.



Lecture intéressante, riche, instructive et très agréable…

Que demander de plus !
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Les petits mouchoirs de Cholet



Les mouchoirs de Cholet, c'est la madeleine de Proust pour Louise. Parce que sa mère lui en a confié un quand elle a du l'envoyer vivre à Paris, loin de son Limousin natal. Et qu'ensuite, Paul lui en tendra un lors de leur première rencontre, séparé par la vitre du guichet de la gare d'Orsay. Et dans la tourmente de la première guerre mondiale, alors qu'elle s'est engagée aux côtés des infirmières, alors qu'elle participe à certaines missions interdites à partir de Bruxelles, alors qu'elle voit passer des jeunes gens ravagés par les combats, ces mouchoirs, toujours, lui apporteront une bouffée d'oxygène.



Isabelle Artige parvient toujours à nous instruire à travers des romances bien ficelées qui ne tombent jamais dans le sentimentalisme. Ici, au cœur de la première guerre mondiale, j'ai découvert pourquoi Edith Cavell avait laissé son nom à un hôpital belge renommé. Encore une fois, l'autrice a croqué une femme solide, bien campée dans la terre, pour nous faire voyager du Limousin jusqu'en Belgique, en faisant un petit détour par la Suisse. Les personnages secondaires sont bien présents, sans être fouillés, mais suffisamment construits pour que le lecteur s'intéresse à leur sort. En toile de fond, les grandes lignes historiques de la Grande Guerre, suffisantes pour bien se situer dans le temps mais ça ne suffira pas aux historiens.



Bref, un roman qui se lit vite, avec une intrigue intéressante sur plusieurs facettes, comme sait si bien nous en livrer Isabelle Artiges.
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Les petits mouchoirs de Cholet

Un bon roman historique qui relate l'évolution de ces 4 années de la guerre 14 -18. C'est dans le contexte de cette dure période que nous suivons la vie d'une jeune provinciale "Louise" au sein de sa grande famille puis seule face au destin qu'elle s'est choisi en acceptant de suivre " Paul " médecin sur le front. Emouvante histoire entre ces deux êtres qui se soutiennent pour gérer un autre combat, celui de sauver les vies de ces courageux soldats.

C'est superbement écrit avec beaucoup de pudeur et de sensibilité.
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Le secret de la forge

Dans la campagne française, ce livre retrace l'histoire de la famille de Chaumeuil, étroitement liée à celle des Beauregard. Nous naviguons entre le début et la fin des années 1800, nous suivons avec plaisir les différents protagonistes : Alphonse et Louise, Armand et Camille, Bertrand et Mary, Octave et Marguerite, et évidemment Lyse et Gaspard. On découvre l'ambiance de cette époque, les us et coutumes, ainsi que les traditions ou la condition de la femme. Nous nous attachons à certains personnages, tandis que d'autres sont antipathiques. On est happé par le secret qui déchire les deux familles et empêche Lyse et Gaspard de s'unir. Plusieurs rebondissements surviendront et leur compliqueront la tâche ; le dénouement est satisfaisant.



J'ai apprécié d'être le témoin des tourments des amants maudits, mais aussi de leur entourage. Il est intéressant de découvrir petit à petit les liens entre eux, les secrets dissimulés et les enjeux de part et d'autre des camps. Les protagonistes évoluent au fil des mois et leur histoire est touchante. Le destin de Lyse et Gaspard sera-t-il similaire à Roméo & Juliette ? Ou connaîtra-t-il une issue plus favorable ? Agréable, la plume d'Isabelle Artiges est soignée et plaisante à lire.

(Chronique complète sur le blog)
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Une vie de porcelaine

Dès la première ligne, on est séduit par le style élégant et raffiné de l'auteure. L'histoire est intéressante et la construction passé/présent originale. L'intrigue est bien menée et on apprend beaucoup de choses sur la région du Limousin et sur l'époque. Seule la fin est sans surprise.
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Les petits mouchoirs de Cholet

Roman historique bien écrit; décrit la vie d'enfant et la condition féminine dans une époque particulière.
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La demoiselle de Hautefort

Voilà un roman de terroir que j’ai beaucoup aimé.



Tout se passe durant la Révolution Française, dans l’arrière-pays. A cette époque, les villages étaient relativement petits, et chacun connaissait ses voisins.



Sœur Constance arrive à Hautefort, bien décidée à soulager les maux de ses concitoyens. Mais évidemment, les batailles qui ravagent la France ne peut laisser indemne quelques religieuses, une dame de la haute société, et des villageois emportés par le mouvement.



Mais Constance doit également faire face à un dilemme : son amour pour Dieu face à celui de Martial, jeune homme discret et profondément épris de la jeune femme.



A travers les épreuves qu’ils vont devoir affronter, naît un amour tout à fait particulier.



L’auteur a fait de réelles recherches historiques, et elle a planté son décor dans un milieu qui semble tout à fait réel, et qui présente des détails bien véridiques. Elle aborde différents métiers qui existaient alors, et parle des habitudes et des coutumes qui avaient cours alors.



Les personnages, en particulier Constance, sont superbes. Démontrant qualité, force et courage, ils allient tout ce qu’il faut pour les rendre vivants, et attachants. On a très vite envie de savoir ce qu’il va advenir de Constance et de Martial, s’ils vont s’aimer ou rester chacun de son côté.



Ce que j’ai également beaucoup apprécié dans ce roman, c’est que, pour une fois, j’ai découvert les ravages de la Révolution ailleurs qu’à Paris, Versailles et leurs alentours. Pour une fois, on parle de personnes loin de tout pouvoir politique. Et ça m’a permis de jeter un nouveau regard sur cet évènement.



Je trouve donc, au final, qu’il s’agit là d’un très beau roman à découvrir. Je vous le recommande.
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La Belle Créole

1762. La guerre de Sept Ans vient de se terminer. En vertu du traité de Paris, la France se retrouve amputée d’un vaste empire en Amérique du Nord désormais aux mains des Anglais. Afin d’accueillir les immigrants chassés d’Arcadie et du Canada, le duc de Choiseul, alors ministre de la Marine, envisage de faire de la Guyane une grande colonie. Louis XV donne rapidement son accord au projet, tout en exigeant cependant que seuls des Blancs immigrent. Compte tenu de leur supériorité numérique, le souverain estime en effet que les Noirs auraient tôt fait de prendre le pouvoir s’ils venaient à se rebeller. Voulant ainsi se prémunir d’une telle éventualité, le roi impose donc ses conditions dans la conduite de cette entreprise.



Deux ans plus tard, les volontaires ne tardent pas à se bousculer pour rejoindre cette nouvelle colonie, alléchés par « le climat, la promesse d’une terre qu’un petit pécule suffirait à obtenir, la gratuité du voyage, de l’installation. » p.25 Parmi les candidats au voyage, un dénommé Arnaud Privas. Le jeune homme, que plus rien ne retient dans sa Charente natale, échange une partie de ses écus contre un agrément et un titre de propriété. Au fil des jours, Arnaud se fait ainsi une place en Guyane. Sa force de caractère et les conseils avisés de deux jésuites lui permettent de ne pas faire partie des nombreuses victimes de cette colonisation à outrance, décimés par les maladies et la faim. Il travaille dur, s’adapte, apprivoise peu à peu cette terre au climat hostile et ses habitants.



Dans le même temps, en Guyane, Rose-Gabrielle, fille de bonne famille, est arrachée des bras de sa nourrice pour être envoyée parfaire son éducation dans un couvent à Toulouse. Bien plus qu’une simple nounou, Solitude s’est révélée être une véritable mère de substitution pour la fillette qui n’a gardé aucun souvenir de sa mère biologique, morte en couches. Afin de récompenser les longues années de fidélité et de services rendus par la jeune esclave, le père de Rose-Gabrielle décide de l’affranchir. Se sentant soudainement abandonnée, ne sachant que faire de ce cadeau empoisonné que représente cette liberté tout juste acquise, le destin de Solitude va alors croiser celui d’Arnaud. Entre la jeune esclave affranchie et le métropolitain fraichement débarqué, c’est le coup de foudre. Privée de Rose-Gabrielle, Solitude se raccroche à cet homme comme à une bouée de sauvetage. A peine leurs regards se sont-ils croisés que les deux ne se quitteront plus.



Dix ans plus tard, sur le bateau qui la ramène chez elle, Rose-Gabrielle se rapproche d’Alexandre de Sévigny, un jeune scientifique détaché en Guyane pour y étudier les moeurs locales. Entre les deux jeunes gens, c’est le début d’une relation tumultueuse, faite de sacrifices, de séparations et de retrouvailles successives qui durera toute leurs vies durant.



* * *

Si au vu des thèmes explorés par ce roman, la référence à l’oeuvre de Margaret Mitchell figurant en quatrième de couverture n’apparaît pas comme totalement illégitime, force est de constater que la raisonnable et réfléchie Rose-Gabrielle n’a in fine pas grand chose en commun avec l’impétueuse et flamboyante Scarlett O’ Hara. Se décrivant elle-même comme « une femme dont le destin fut décidé par des hommes », Rose-Gabrielle apparaît comme une héroïne relativement effacée, manquant souvent de fougue et qui subira son sort durant une grande partie de sa vie. En ce sens, le parcours de cette Belle Créole, jalonné de drames et de turbulences, trouve un écho certain dans celui de sa terre natale, la Guyane.



« La Belle Créole » m’a ainsi davantage séduite pour son aspect de documentaire historique que pour ses personnages, auxquels j’ai globalement eu du mal à m’attacher. Car dans cette fresque historico-romanesque, force est de constater que la grande histoire prend régulièrement le pas sur la petite. Dépassés par les bouleversements de leur époque sur lesquels ils n’ont aucune emprise, les personnages d’Isabelle Artiges peinent à s’affirmer. Leurs histoires se diluent peu à peu dans celle, ô combien tumultueuse (et absolument passionnante) de la Guyane, qui s’impose rapidement comme le personnage central de ce roman. Avec un talent de conteuse hors pair, la romancière nous propulse avec brio dans une région où l’Histoire est plus que jamais en marche. Evitant l’écueil du manichéisme, Isabelle Artiges livre un tableau saisissant de l’histoire mouvementée de la Guyane dont elle retrace ici les grandes étapes : de l’épisode tragique de la tentative de colonisation massive (se soldant par un échec retentissant et la mort de milliers de colons), en passant par l’émancipation précipitée des esclaves après la Révolution, jusqu’au rétablissement de l’esclavage, sous Bonaparte.



Avec ce roman mené tambour battant, Isabelle Artiges nous offre ainsi un regard inédit sur les bouleversements qui secouèrent à cette époque la métropole ainsi que sur leurs conséquences insoupçonnés de l’autre côté de l’Atlantique. Elle démontre comment les évènements houleux qui se jouent alors en France ont des répercussions directes sur la vie de la colonie. La Révolution et les évènements qui s’ensuivent ne tardant pas à modifier en profondeur le fonctionnement de la Guyane, tandis que l’abolition de l’esclavage, réalisée dans la précipitation et sans aucune préparation, fait voler l’ordre social en éclats et paralyse le pays.



Mais la force de ce récit mêlant grande et petite histoire, tient aussi à l’élégance de la plume de son auteure et à son art méticuleux et précis de la description. On est emporté par cette écriture tout en raffinement et en finesse, et par la fulgurance de certaines phrases, à la fois gonflées de poésie et porteuses de sens, qui permettent de donner à cette succession de drames un goût moins insupportable, en apaisant ainsi l’amertume.



* * *

Bien que n’étant pas porté par une héroïne ayant le potentiel romanesque d’une Scarlett O’Hara, « La Belle Créole » n’en demeure pas moins une oeuvre passionnante, nous propulsant avec brio dans une région où l’Histoire est plus que jamais en marche. Mettant ainsi brillamment en lumière un pan méconnu de l’Histoire, Isabelle Artiges signe ici un récit à la fois richement documenté et remarquablement instructif, appuyé par un style de toute beauté.
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