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Citation de Laureaimelire


Un tel homme peut-il être sympathique ? Est-il capable d'aimer, de haïr, de souffrir ? Sans doute, car aucun homme, du moins à première vue, ne semble dispensé de ces passions. Mais celui-là a trouvé on ne sait quel subterfuge pour simplement aimer tout le monde. Il existe en effet des gens en qui on n'arrive pas à susciter des idées, ni même des sentiments d'animosité, de rancune, etc., etc. On peut leur faire ce qu'on veut, ils restent tout aussi caressants. Il faut, du reste, leur rendre cette justice que leur amour non plus - si on le mesure au thermomètre - ne dépasserait jamais un certain degré de… disons : tiédeur. On dit bons ces hommes qui aiment tout le monde, mais en réalité ils n’aiment personne et ne sont bons que parce qu’ils ne peuvent même pas être mauvais. Si, devant un tel homme, d’autres font l’aumône à un pauvre, il lui jettera aussi quelques sous ; mais si ces autres injurient ou chassent le pauvre, il fera comme eux : il l’injuriera et le chassera.
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L’homme était alors environné de mystères incompréhensibles. Et il cherchait dans son imagination la clef de ces mystères et de ceux qui peuplaient sa pauvre existence. Et peut-être sont-ce le sommeil éternel d’une vie toute passive, l’absence de vraies sensations et d’effrois réels, qui poussent l’homme aujourd’hui à se créer, au sein du monde culturel, un autre monde imaginaire, à chercher une diversion dans des pensées oisives…
C’est à tâtons qui vivaient nos pauvres ancêtres ; ils ne donnaient pas des ailes à leur imagination, mais ils ne la bridaient pas non plus, quittes à s’étonner naïvement, ou même à s’épouvanter des maux qui les accablaient. Mais les hiéroglyphes restaient, obscurs, muets.
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Elle ne trouvait dans le caractère germanique aucune douceur, aucune délicatesse, bref, rien de ce qui rend l’existence agréable dans le beau monde, rien de ce qui permet de contourner la règle, de rompre avec la routine, de se soustraire à la férule.
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Selon lui, la mission normale de l’homme était de vivre les quatre grandes saisons de l’année, c’est-à-dire les quatre âges humains, sans faire aucun de ces bonds que la nature réprouve. Il disait : « La combustion égale et lente vaut mieux que tous les incendies, les ravages, la poésie. »
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- Ah ! toi aussi ! Je n’avais qu’un ami, et le voilà devenu fou à son tour ! Mais qui va donc en Amérique ou en Egypte ? Des Anglais, et je ne suis pas Anglais, le Seigneur Dieu ne m’a pas fait tel. Et cela se comprend : eux, n’ont pas de place dans leur pays pour y vivre. Mais dis-moi un peu, qui d’entre nous s’aventurerait de bon gré là-bas ? A la rigueur quelques cerveaux brûlés qui ne tiennent guère à la vie.
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Donner à la passion un cours légal, n’est-ce pas éviter toutes les déceptions, toutes les trahisons, et les remplacer par le battement toujours égal d’un cœur paisible ! N’est-ce-pas, donc, goûter la sève éternelle de la vie, demeurer en état d’éternelle santé morale ?
La passion ! Elle est belle dans les vers ou au théâtre, quand les acteurs s’agitent, la cape jetée sur les épaules et le couteau à la main ; après quoi, assassins et assassinés s’en vont souper ensemble.
Ah, si seulement les vraies passions pouvaient se terminer ainsi ! Mais non, elles ne laissent après leur passage que fumée et suffocation. Et plus aucune trace de bonheur ! Des souvenirs seulement, d’affreux souvenirs de honte et de cheveux qu’on arrache !
Céder à la passion, c’est s’engager en pleine montagne sur des chemins pierreux ; le cavalier s’épuise, les chevaux titubent, et pourtant le village natal est là, on l’entrevoit déjà, il ne faut pas le perdre de vue ; mais comment sortir du sentier étroit et périlleux ?
Oui, il faut canaliser, étouffer, noyer la passion dans la vie commune, le mariage.
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- M’occuper ! On peut s’occuper, bien sûr, mais quand on a un but. Or je n’en ai pas, vraiment pas.
- Le seul but, c’est de vivre.
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Ce triple « je vous aime », qu’était-ce ? Une erreur d’optique, sans doute, le chuchotement d’une âme encore oisive, le pressentiment de l’amour dans le meilleur des cas, mais en aucun cas l’amour.
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Nous nous sommes aimés d’une manière inattendue, très vite… un peu comme on tombe malade, et c’est bien ce qui m’a empêché de me ressaisir il y a déjà quelque temps. De plus, qui dont, en vous regardant, en vous écoutant des heures et des heures, pourrait prendre sur soi la douleur de rompre l’enchantement ? Où trouver, à chaque minute, assez de présence d’esprit et surtout de volonté, pour s’arrêter un haut de la pente ? Chaque fois je me disais : Je ne me laisserai pas entraîner plus avant, je m’arrêterai, cela dépend de moi, et ce disant je me laissais entraîner. Mais maintenant commence un combat, combat pour lequel j’exige votre soutien. C’est aujourd’hui seulement (cette nuit) que j’ai compris combien mes pieds ont glissé vite. C’est aujourd’hui seulement que je suis parvenu à regarder l’abime où je tombe, et que j’ai résolu de m’arrêter.
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Remarque en passant que c’est le travail qui est le but de la vie, et non un être humain quel qu’il soit !
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Stolz se demandait souvent où se tenait le mensonge, et il voyait défiler dans son esprit les masques bariolés du présent et du passé. Avec un sourire, parfois timide, parfois en fronçant les sourcils, il contemplait la suite interminable des héros et des héroïnes de l’amour : les Don Quichotte aux gants d’acier, les dames de leur pensées (dont la fidélité résistait à des séparations interminables), les pastoureaux aux joues roses et aux yeux candides, leurs Chloé accompagnées de moutons…
Des marquises en dentelle défilèrent devant ses yeux, le regard intelligent, le sourire pervers ; puis des Werther, cervelles brûlées, plus tard perdus, noyés ; puis des vierges fanées, vouées aux larmes éternelles versées à l’ombre de quelque cloître ; puis des figures moustachues, au regard brûlé d’un feu impétueux, don Juan naïfs ou malins. Et tous, se disait-il, toutes, tremblent au seul nom de l’amour !
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- Se tourmenter pour des fantômes ! Tu crois vraiment qu'il n'y a pas de remèdes ?
- Qui t'a dit cela ? Le soutien, dans la vie, cela existe. Et si on n'a pas ce soutien, alors, même sans toutes les inquiétudes on ne veut plus continuer à exister.
- Que faire ?
- S'armer de courage et continuer patiemment, opiniâtrement. Nous ne sommes pas des titans, poursuivit-il en l'entourant de ses bras, avec les Manfred et les Faust, livrer un combat téméraire aux questions insidieuses. Nous ne devons pas relever leurs provocations mais, baissant la tête, laisser passer la minute difficile, pour ensuite sourire de nouveau à la vie, tendre vers le bonheur…
- Et si ces questions insidieuses… ne desserrent pas leur étreinte, si la tristesse vous opprime de plus en plus ?
- Alors nous devons les accepter comme faisant partie intégrante de la vie...
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