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Citation de SophieAh


- Et bien non, tout n’est pas là ! cria Oblomov, s’échauffant soudain. – Je veux bien que l’on dépeigne un voleur, une femme déchue, un imbécile berné, pourquoi pas ? Mais qu’on n’oublie pas, au milieu de tout cela, l’homme ! Où est l’humanité, en l’occurrence ? Vous n’écrivez, tous, qu’avec votre intellect ! Vous croyez sans doute que la pensée exclut les mouvements du cœur. Je regrette de vous contredire, mais la pensée ne peut être fécondée que par l’amour. Tendez la main à l’homme déchu pour le relever, pleurez sur lui s’il vient à périr, mais ne vous en gaussez pas sans cesse comme vous le faites ! Aimez-le, sauvez-vous de vous-mêmes en l’observant, et traitez-le comme vous auriez voulu qu’ l’on vous traitât vous-mêmes ; alors, je vous lirai, et non seulement je vous lirai mais je m’inclinerai devant vous, dit Oblomov, soudain un peu plus calme, et tout en se recouchant sur son divan. – Oui, reprit-il, vous représentez le voleur, la femme déchue, mais vous oubliez tout simplement l’homme, vous ne savez pas le dépeindre. Est-ce de l’art, cela ? Des couleurs poétiques ?... Vraiment, je ne crois pas ! Dénoncer le vice, la boue, dénoncez-les tant que vous voulez, mais de grâce, ne prétendez pas en même temps à la poésie.
p 60-61
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