Ébloui par le soleil, je ne m'aperçus pas immédiatement que je n'étais pas seul ; s'il s'agissait d'un nouveau monde, je n'étais pas le premier à y mettre le pied. Il y avait déjà, de loin en loin, sur la plage, des groupes de jeunes gens, des hommes pour la plupart, mais aussi quelques femmes, en tenue d'Adam — et d'Eve —, qui s'isolaient les uns des autres à l'aide de grands châles colorés, tendus entre des piquets fichés dans le sable, et, sur plusieurs de ces piquets, des marottes de rubans, de grelots, s'agitaient dans un joyeux brouhaha. Certains des habitants de ce nouveau monde avaient aménagé, avec des branchages et autres débris, de très larges nids, entre lesquels couraient de grands chiens blancs aux pieds ailés. L'orage m'avait révélé la plage de l'amour.