Assis à mon bureau pour déjeuner, cette nouvelle semaine ne m’a rien apporté qu’une nouvelle pesanteur. Je pouvais entendre les hurlements et les cris des élèves dans la cour. Je les ai noyés en coiffant mes écouteurs et en écoutant Ali Farka Touré et Toumani Diabaté, l’album In the Heart of the Moon. J’ai fermé les yeux et me suis imaginé assis dans la chambre d’hôtel où ils ont enregistré cet album, immergé dans une atmosphère de magie ésotérique grâce aux accords de la kora. J’ai ouvert les yeux, et tout aussi vite que je les avais fermés, les élèves de la classe de seconde étaient à leur place, face à moi, tête baissée dans leurs manuels. C’était ainsi dernièrement que le temps semblait s’écouler, par éclairs, par instants qui défilaient en un clin d’œil.
Certains jours, je suis fatigué. Certains jours, j'ai à peine assez de force pour porter le fardeau de mon cœur lourd, et moins encore le poids du monde sur mes épaules, certains jours j'ai besoin d'un espace à moi, sans internet, sans téléphone portable, et certains jours, j'entends une vois qui m'appelle tout au fond de ma tête, chaque syllabe retentissant comme une gouttelette de lumière, et elle me dit " Pourquoi voudrais tu courir quand tu as des ailes au lieu des pieds ? Vole." Alors, cela s'adresse a tous ceux qui ont des ailes au lieu des pieds et qui continuent de courir, je vous en prie, ne courez pas. Volez.