Ce livre contient :
7% de pensées profondes
3% de divagations
12% de beaux gosses
7% de travaux manuels #sapinsdenoel
20% de sarcasmes
10% de larmes
14% de superchien
1% de sexe (presque!)
2% de terreur dans la salle de gym
5% d'opposum
10% de processus de guérison
9% de curieuses coïncidences
Maintenant, trouver de l’aide. J’ouvre mon téléphone portable. Il ne s’allume pas. Évidemment, j’ai oublié de le recharger.
Les flashs de douleur réapparaissent dès que je transfère mon poids sur l’autre jambe. Ma cheville est déjà enflée et m’élance. Délicatement, je plonge mon pied dans le ruisseau pour que la fraîcheur de l’eau atténue le gonflement.
Le serpent, perplexe, m’observe.
J’ouvre mon sac à dos et en tire mon carnet de croquis, une boîte de crayons de couleur et une gourde d’eau filtrée. Ah ! J’ai trouvé : la trousse de secours prévue par Martha. Un point pour Martha et pour toutes les mamans du monde. Une plaquette d’Ibuprofène, super ! J’avale deux comprimés avec une gorgée d’eau et je farfouille dans le reste du kit de secours : des pansements, un bandage, un sifflet, des allumettes waterproof et un miroir. J’ai aussi les deux barres de céréales maison et le pot de raisins secs et de cacahouètes que j’ai emportés : au moins, je ne risque pas de mourir de faim. En rade, blessée, mais je peux gérer. Pas de panique. Pas d’inquiétude. Cette fille est différente.
J’enroule la bande élastique autour de ma cheville et je la replonge dans l’eau, où flottent des feuilles d’érable pourpres aux extrémités recroquevillées mouchetées de brun. Elles tournoient paresseusement dans le remous qui s’est formé autour de mon pied. Moi aussi, je ferais bien de ralentir un peu : Martha ne réalisera pas que je suis blessée avant un bon bout de temps.
Pourquoi les filles m’observent-elles toujours de cette façon ? Mon cœur se serre. Et je me sens nulle, parce qu’en général, j’ai confiance en moi ; c’est comme ça que j’ai été éduquée. Mais si Audrey est le genre de fille qui plaît à Kumar, la probabilité qu’il s’intéresse à moi est proche de zéro. Je ne suis pas menue. Je ne suis pas grosse non plus, loin de là, j’ai… disons… des formes. Je suis musclée, bien bâtie et grande. Féminine ? Soyons clairs : je suis fière d’être une fille, mais féminine ? Pas vraiment. Je regarde mes pieds nus, mes ongles sans vernis, les poils clairs sur mes jambes pas épilées, et j’attrape ma longue queue de cheval brune pour la resserrer. Peu importe. Je suis comme je suis.
Je parviens à saisir le serpent, non sans me tordre le pied et tomber à la renverse, les fesses dans le ruisseau. Lorsque je me relève, une douleur lancinante irradie ma cheville. Je prends une longue et profonde inspiration yogique – Ujjayi, la respiration de l’Océan – pour rester calme. Ancrée. Forte.
À cloche-pied, avec dans une main le reptile qui se tortille, je me hisse sur un gros rocher. Pendant que j’enlève mon sac à dos, le serpent me tire la langue à plusieurs reprises. Il doit penser que je suis folle. Il y a pire. Mieux vaut être folle que mollassonne. Ou que timide, voire docile, ou ennuyeuse.
De mon sac, je sors le pot en verre que j’ai apporté pour le serpent.
— Tes quartiers temporaires.
Il rampe à l’intérieur du bocal et se love au fond. Après avoir ajusté le couvercle ventilé, je soulève le récipient pour mieux observer l’animal : un noir velouté, des lignes jaunes qui courent le long de son dos. Couleuvre rayée ou couleuvre ruban ? Je renifle le bocal. Il dégage une odeur un peu âcre, mais pas insupportable. Probablement une couleuvre ruban.
— En tout cas, tu es magnifique.
Minute. Qu'est-ce qui m'arrive ? C'est quoi, cette façon débile de douter de moi, de me prendre la tête et de complexer ? S'il y a bien une chose que je suis, c'est sûre de moi, et j'ai la peau dure. Mais ... à cause de mes sentiments pour Rajas, je me sens exposée ... fragile comme un nouveau-né. Comme une huître sans sa coquille, qu'on aurait balancée sur la plage, puis aspirée à contre-courant.
Depuis, c'est comme si je vivais dans un immense kaléidoscope : une force invisible fait tourner le monde, le sol vacille sous mes pieds et les milliers de morceaux éparpillés de mes journées se bousculent pour former sans cesse de nouvelles images, triangulaires et vitreuses..."
La vie est une comparaison permanente,de soi avec les autres.On se définit,on évalue notre propre vies ,bonne ou mauvaise,en fonction de celles des autres, de ce qu' ils ont vécu, des épreuves qu' ils ont dû (ou pas) affronter.
Ne doutez jamais du fait qu'un petit nombre de gens réfléchis et engagés peuvent changer le monde. En vérité, c'est la seule chose que l'on a jamais faite. [Margaret Mead]
Le message est clair : Parle-nous suffisamment pour qu'on pense que tu vas bien mais ne dis pas ce que tu penses vraiment. Ca nous met mal à l'aise...
Mon Dieu, j’aimerais que mon cœur cesse de marteler comme ça. Mais ce mec est tellement beau. Et si gentil. Et il a un solide sens de l’humour aussi. En plus, lui et Jacinda ont l’air de comprendre mes blagues, ce qui n’est pas une mince affaire, vraiment ! Je n’ai pas tellement eu d’amis de mon âge.