-Ils n'ont pas de maison Maman!
-Non, ils vivent tous sous des tentes, ce sont des nomades.
-Maman, quand je serai grande, je veux être une nomade. Demain tu me raconteras encore, dis, Moubia, tu crois qu'elle gardera le ballon longtemps?
-Oui, elle le gardera longtemps, oui, demain je te raconterai encore, oui, si tu veux, tu seras une nomade.
-Dis, tu viendras avec moi?
-Si je ne suis pas trop vieille, oui j'irai avec toi.
Sa mère s'était penchée comme chaque soir après l'histoire, elle l'avait serrée avec ses petits bras et dans l'oreille très doucement lui avait répondu :
-Les mamans, ça ne vieillit pas et elle s'est endormie.
Elle est rentrée dans sa chambre qui était d'hôtel, elle s'est déshabillée lentement-demain elle achèterait un mascara longueur-elle a plié ses vêtements-demain, elle achèterait aussi des livres-puis elle a pensé à ses enfants, ils lui manquaient ses enfants, mais elle a éloigné ces pensées, ils allaient sûrement très bien, l'homme devait bien s'en occuper, elle était sûre de ne pas leur manquer, puisque lorsqu'elle était là, elle avait si souvent eu l'impression qu'ils ne la voyaient pas, elle était une sorte de meuble ou robot pour le faire-propre, pour les repas et toutes ses petites choses de la vie que l'on faisait entre quatre murs, cela faisait prison et lui donnait des frissons.