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EAN : 9782367950075
159 pages
Chèvre-feuille étoilée (24/10/2013)
3.33/5   3 notes
Résumé :
En Italie, une femme au foyer sort un soir acheter du lait et... ne revient pas.
À partir de cette décision prise sans préméditation, Maria Pia prend sa vie en main et la transforme au fur et à mesure de ses rencontres avec un milieu artistique et généreux. La femme de la mer ionienne,créatrice de bijoux, l'aidera à se réconcilier avec la vie.
"Elle a regardé ses mains, ses mains dont, à la maison, ils attendaient la confection de la purée, lorsqu'el... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Merci à Babelio, Masse Critique et bien sûr les éditions Chèvre-feuille (quel joli nom) pour m'avoir choisie et avoir permis la lecture de ce livre.
La mystérieuse femme de la mer ionienne, nous ne ferons sa connaissance qu'en toute fin de l'histoire, mais je ne vous dévoilerai pas qui elle est.
Milan un jour comme un autre, dans la vie de Geneviève les jours se suivent et se ressemblent. Jusqu'au soir de la fatidique purée de pommes de terre, le lait manquait, Geneviève (appelée "elle" jusqu'à la page 29 et ensuite son prénom d'emprunt Maria-Pia), fait le tour de l'appartement, prend son porte-monnaie pour aller chercher le lait manquant et... ne rentre plus chez elle. Elle est en questionnement, se rend compte qu'elle ne mène pas la vie qu'elle voudrait, mais ne sais pas très bien non plus ce qu'elle veut vraiment, excepté ne plus faire de purée, de lessives, de ménages, ne plus être transparente, elle veut exister. Elle laisse derrière elle deux enfants et un mari. Si l'histoire nous raconte le parcours de cette femme qui se cherche, on parle très peu des enfants et de son mari, tout se passe trop bien à mon avis, elle ponctionne de l'argent sur le compte, elle donne de temps à autre un coup de téléphone à ses enfants, apprend que son mari a engagé une jeune fille pour s'occuper d'eux, qu'ils ne sont pas malheureux. Elle fait des rencontres qui lui apportent ce qu'elle cherche, elle voyage un peu, revoit ses enfants les week-end, et en finale, rencontre la femme de la mer ionienne puis s'en retourne à Milan où elle a trouvé un travail. L'histoire est gentille jolie, mais est un peu irréaliste, elle rencontre les gens qu'il faut au bon moment, des gens de milieux artistiques, on lui propose un travail qui lui plaît au bon moment, elle ne manque jamais de rien matériellement, son parcours est loin d'être un enfer, elle a des parents aimants qui l'aident, un mari qui lui fiche la paix, des enfants qui ne la tarabustent pas. Je pense qu'elle a bien fait de chercher la voie qui lui convenait, mais aussi qu'elle l'a fait très égoïstement. Mais peut-être qu'il faut être égoïste pour se réconcilier avec soi-même. Je pense aussi qu'il faut avoir du courage pour tout quitter sans savoir où on va. La femme de la mer ionienne est écrit de manière légère, on sent de la douceur chez l'auteure, elle ne provoque pas, ne choque pas, sa plume coule comme une rivière. Un livre à lire le soir sous la couette avec un chocolat chaud.
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Grâce à la dernière opération "Masse Critique" et à l'envoi généreux des éditions "Chèvre-feuille étoilée" (que j'ai été heureuse de découvrir), j'ai pu lire La femme de la mer ionienne, un roman contemporain que j'aurais eu peu de chances de lire dans d'autres circonstances. Pourtant, c'est son titre qui m'a tout de suite intriguée. J'ai été conquise par la poésie de ce titre qui nous fait d'emblée voyager en Méditerranée et ce n'est que sans surprise qu'on retrouve la narratrice tiraillée entre deux vies, deux Italies : celle du Nord, de Milan où elle étouffe et celle du Sud, la région des Pouilles où elle va renaître. La femme de la mer ionienne est clairement une sorte de roman d'apprentissage : réapprendre à devenir femme.

Son auteur, Jackeline van Bruaene, m'était forcément méconnue et plus généralement, c'est assez difficile de se repérer dans la masse de publications spécialement en temps de "rentrée littéraire". J'ai été heureuse de tomber sur un roman contemporain "sérieux" avec un réel travail de la langue (sans être illisible) et une idée de départ originale et prometteuse. C'est d'ailleurs cette originalité qui a guidé mon choix à la lecture du résumé : l'immoralité de l'abandon d'une mère au foyer dans un monde où l'enfant, à la fois son autre et son même, est roi et où la femme doit à la fois rester pleinement femme (désirable, accomplie, indépendante) tout en trouvant sa place. Rentrer dans une case en somme, à la perfection....

Or la perfection n'est pas une vie : être exclusivement une mère de famille ou une femme d'affaire non plus. c'est le tiraillement assuré. C'est ce que vit la narratrice dont on apprend le prénom - les prénoms - qu'assez tardivement. J'ai aimé ce flou facilité par l'usage du "je" et d'un monologue intérieur au début constant avant les premières rencontres. C'est forcément déstabilisant, dérangeant et on ne cherche même pas à forcer l'identification avec le personnage. le lecteur est clairement exclu : interdit de juger, de faire la morale ni même d'approuver ce choix. Il suffit d'écouter l'histoire de Geneviève, cette Française expatriée avec sa petite famille, ou plutôt Maria Pia puisque c'est son prénom d'emprunt au début pour passer incognito, fuir le monde, pour enfin s'assumer.

Malgré une intrigue assez simple, ça a été une lecture assez ardue, un peu fastidieuse pour tout avouer. Dans le style du stream-of-consciousness à la Virginia Woolf par exemple, on a affaire à de longues phrases prolongées à l'infini grâce à de nombreuses virgules. On s'habitue assez facilement à ce genre de syntaxe surtout quand on a l'habitude de lire du Proust, du Claude Simon ou du Faulkner. C'est plutôt l'emploi parfois arbitraire des temps du récit qui est un réel frein. le français étant assez rigide sur ce point, même pour des effets de style, ça ne pardonne pas. Cela s'explique surement par l'énorme place réservée à l'oralité, au parler vrai pour un roman qui avoue à peine son emprunt à la "confession" de peur de paraître trop moral. Ce style parfois "brut de décoffrage" cache parfois des moments franchement stéréotypés : des idées simplistes et manichéennees mais surtout des opinions pas très recherchées notamment sur la politique italienne ou américaine qui jurent un peu avec d'autres propos qui se veulent à bon droit contestataires et intelligents notamment sur la femme ou l'humanitaire. Forcément, ça rend la narratrice d'autant plus banale et bornée, un peu "ratée. Une anti-héroïne sans le savoir en somme.

Malgré une forte dose de romanesque (l'héroïne n'est jamais dans le besoin,, ses enfants ne souffrent pas et elle devient rapidement la protégée d'une généreuse marchande d'objets d'art qui va tout aussi facilement l'aider à se reconstruire par le travail), certains passages restent assez magiques comme la rencontre avec la fameuse "femme de la mer ionienne" (miroir renversé de l'héroïne) mais surtout le récit de voyage des parents de l'héroïne dans le désert africain où ils vont aider une enfant d'esclave malade et en sous-nutrition. C'était plein de poésie et ça sentait le vécu.

La femme de la mer ionienne, c'est surtout l'image d'un objet d'art, une bague, dont Maria Pia va s'enticher. Cette bague, c'est le refus de l'alliance d'un mariage raté pour une autre alliance, un contrat avec soi- même. Une promesse. On a envie de croire au choix de vie de Maria Pia, à son courage et même s'il est irréalisable sans une bonne dose de souffrance et de galères. La fin du roman (qui finit sans finir) ne donne pas forcément envie de tout plaquer mais juste de prendre le temps de réfléchir sur soi- même et sur la femme qu'on veut devenir.

Et d'aller en Italie pour visiter les Pouilles !
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Une femme part chercher du lait... et ne reviendra pas dans l'appartement où l'attendent ses enfants et son mari. Une fois dehors, elle regardera autrement Milan et les personnes qu'elles croisent, s'inventera une nouvelle identité au fil des rencontres et de son entrée dans le monde de l'art, tissera d'autres liens avec ses parents, avec ses enfants.
Dans une langue fluide (mais surprenante par son mélange des temps), La femme de la mer ionienne est une réflexion autour de l'indépendance des femmes, les manières d'être mère, les choix de vie "hors cadre", une réflexion sur les rêves d'enfance, l'identité de l'adulte. L'héroïne est fragile, et chanceuse : elle part et ce premier mouvement spontané amène des hasards qui font bien les choses. C'est un livre un peu "bourgeois-bohème" peut-être, à cause de cette apparente facilité (pas de difficultés d'argent, le mari se laisse gommer sans trop râler, on ne sait rien de l'inquiétude des enfants), mais je crois que l'histoire n'est pas tout à fait là. Il s'agit seulement de suivre les pensées d'une femme qui étouffe et qui se libère, entre Mauritanie, mer ionienne et bijoux d'art. Et j'ai beaucoup aimé suivre ces pensées-là.
(petite remarque : j'ai croisé une faute d'orthographe assez grosse... pardonnable parce qu'il s'agit d'une petite maison d'édition qui fait un beau travail mais un peu dommage...)
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
-Ils n'ont pas de maison Maman!
-Non, ils vivent tous sous des tentes, ce sont des nomades.
-Maman, quand je serai grande, je veux être une nomade. Demain tu me raconteras encore, dis, Moubia, tu crois qu'elle gardera le ballon longtemps?
-Oui, elle le gardera longtemps, oui, demain je te raconterai encore, oui, si tu veux, tu seras une nomade.
-Dis, tu viendras avec moi?
-Si je ne suis pas trop vieille, oui j'irai avec toi.
Sa mère s'était penchée comme chaque soir après l'histoire, elle l'avait serrée avec ses petits bras et dans l'oreille très doucement lui avait répondu :
-Les mamans, ça ne vieillit pas et elle s'est endormie.
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Elle est rentrée dans sa chambre qui était d'hôtel, elle s'est déshabillée lentement-demain elle achèterait un mascara longueur-elle a plié ses vêtements-demain, elle achèterait aussi des livres-puis elle a pensé à ses enfants, ils lui manquaient ses enfants, mais elle a éloigné ces pensées, ils allaient sûrement très bien, l'homme devait bien s'en occuper, elle était sûre de ne pas leur manquer, puisque lorsqu'elle était là, elle avait si souvent eu l'impression qu'ils ne la voyaient pas, elle était une sorte de meuble ou robot pour le faire-propre, pour les repas et toutes ses petites choses de la vie que l'on faisait entre quatre murs, cela faisait prison et lui donnait des frissons.
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