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Citation de nadejda


D'avril à fin juin, ils s'écrivent chaque jour, souvent plusieurs fois, toujours en express. Lorsque la fièvre monte, c'est un furieux va-et-vient de télégrammes. Franz adresse ses lettres à une fictive Mme Kramer, poste restante, où Milena se rend matin et soir. Chacun des deux vit dans l'attente, dans l'impatience d'en savoir plus, d'en dire plus :
« Cette rage de lettres est insensée, lui écrit Franz, on renverse la tête, on boit les mots, on ne sait plus rien sinon qu'on ne veut pas cesser. Expliquez-moi ça, professeur Milena. »
« Les lettres, nées d'un tourment incurable, lui dit-il, ne sont qu'incurables tourments. Les baisers écrits ne parviennent pas à destination, les fantômes les boivent en route. »
Dès le 12 juin, il ne supporte plus ces missives en zigzag.
« Elles doivent cesser, Milena, elles nous rendent fous ; on ne sait plus ce qu'on a écrit, on ne sait plus à quoi l'autre répond et, de toute façon, on tremble. »
Le lendemain, il change d'avis :
« Écris-moi quand même tous les jours, deux lignes à peine, une seule, un mot, mais de ce mot je ne puis me passer sans une effroyable souffrance. »
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