Paris. Un immeuble ancien avec une cour pavée. Cinq étages. Fin de semaine calme. Si ce n'est que
Que la grosse fête au quatrième chez ces trentenaires bien dans leur époque tourne mal. Qu'au premier, un des deux Lettons de passage dans la capitale a pris un éclat de grenade GLI-F4 dans le dos et saigne comme un boeuf. Que l'homme du deuxième qui a accueilli une sans-papiers ne rêve que de la baiser. Que la belle étrangère sait particulièrement bien calmer les ardeurs des hommes qui se croient tout permis. Que le jeune du cinquième connaît tout des horreurs commises par le salaud du deuxième et qu'il ne va pas en rester là. Que l'importateur de pistaches qui habite au troisième a pris une balle dans la tête. Mais qui pourrait affirmer que dans ce nid de vipères l'amour ne pourrait pas éclore ?
Dans ce nouvel opus, Jacques Bablon usant là encore de son style minimaliste, évitant le superflu, tendant à l'ascèse va nous entraîner dans la cage d'escalier d'un immeuble parisien très intrigant. Avec lui, nous allons monter les étages un à un, nous arrêtant à chaque palier. Et en poussant la porte des locataires, Jacques Bablon va nous laisser entrevoir des pans entiers de leur vie
Une vie qui aurait pu couler des jours relativement paisibles. Mais l'ironie du sort semble vouloir s'en mêler
On va découvrir leurs aventures personnelles, tumultueuses, qui pourraient peut-être les entraîner vers le chaos
le mélange est savoureux. La famille est omniprésente comme si l'auteur avait voulu lui donner le rôle principal
Elle est naturellement source de problèmes qui tourneront parfois au cauchemar. Monde pourri ? Désespérant ? Pas totalement. Reste une petite lumière. Tant qu'il y a de la vie
Et comme d'habitude avec Jacques Bablon, on va retrouver dans cet excellent roman noir, son don pour donner chair à ses personnages, leur apporter une profondeur qui ne peut que nous faire courir d'un étage à l'autre pour suivre leur destin
L'écriture claque, égratigne, dézingue jusqu'à en devenir jubilatoire !
« Dans ses romans, Jacques Bablon va toujours à l'essentiel. Dès l'ouverture du polar, l'ambiance est bien là, donnant envie d'aller plus loin, de lire encore et encore. Avec lui, pas le temps de souffler, on ne lâche pas le livre tant qu'il n'est pas terminé. Des romans noirs dignes des plus grands. » Emmanuel Fleury.
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Nous et ce gus, on évoluait pas dans la même couche de la stratosphère, on captait pas pareil les infos environnantes, on pâturait pas dans le même champ de conscience.
Ils m'ont laissé sur le carreau juste pas mort.
"-Non il n'a pas déraillé...C'est pire, on ne l'a jamais mis sur les rails!"
J'ai sélectionné cette citation car je pense qu'il y a vraiment deux erreurs grossières dans cette bulle quasiment incompréhensible :
"Elle me dévoiler les trésors de sa langue, ça se ne compare pas avec la chose bâclée qu'elle fait avec Zinedine."
===> Je ne peux pas donner le numéro de la page car il n'y a pas de numérotation dans le livre.
"𝘏𝘪𝘦𝘳 𝘴𝘰𝘪𝘳, 𝘲𝘶𝘢𝘯𝘥 𝘰𝘯 𝘴'𝘦𝘴𝘵 𝘳𝘦𝘵𝘳𝘰𝘶𝘷é𝘴 𝘵𝘰𝘶𝘴 𝘭𝘦𝘴 𝘥𝘦𝘶𝘹 à 𝘱𝘰𝘪𝘭 𝘥𝘢𝘯𝘴 𝘭𝘦 𝘭𝘪𝘵 𝘢𝘷𝘦𝘤 𝘎𝘶𝘪𝘭𝘭𝘦𝘳𝘮𝘰, 𝘤𝘰𝘮𝘮𝘦 𝘵𝘰𝘶𝘴 𝘭𝘦𝘴 𝘫𝘰𝘶𝘳𝘴 𝘥𝘦𝘱𝘶𝘪𝘴 𝘥𝘦𝘴 𝘢𝘯𝘯é𝘦𝘴, 𝘪𝘭 𝘺 𝘢 𝘦𝘶 𝘶𝘯𝘦 𝘨ê𝘯𝘦. 𝘑'𝘢𝘪 𝘴𝘦𝘯𝘵𝘪 𝘲𝘶'𝘪𝘭 𝘴𝘦 𝘥𝘦𝘮𝘢𝘯𝘥𝘢𝘪𝘵 𝘤𝘦 𝘲𝘶'𝘪𝘭 𝘧𝘢𝘭𝘭𝘢𝘪𝘵 𝘧𝘢𝘪𝘳𝘦 𝘮𝘢𝘪𝘯𝘵𝘦𝘯𝘢𝘯𝘵 𝘲𝘶'𝘰𝘯 𝘦𝘯 é𝘵𝘢𝘪𝘵 𝘭à. 𝘊𝘰𝘮𝘮𝘦 𝘴'𝘪𝘭 𝘯𝘦 𝘴𝘦 𝘳𝘢𝘱𝘱𝘦𝘭𝘢𝘪𝘵 𝘱𝘭𝘶𝘴. 𝘗𝘶𝘪𝘴, 𝘪𝘭 𝘴'𝘦𝘴𝘵 𝘳𝘢𝘱𝘱𝘳𝘰𝘤𝘩é, 𝘮'𝘢 𝘵𝘰𝘶𝘤𝘩é𝘦. 𝘖𝘯 𝘯'𝘢 𝘱𝘢𝘴 𝘧𝘢𝘪𝘵 𝘭'𝘢𝘮𝘰𝘶𝘳, 𝘥𝘪𝘴𝘰𝘯𝘴 𝘲𝘶𝘦 𝘫𝘦 𝘭'𝘢𝘪 𝘭𝘢𝘪𝘴𝘴é 𝘮𝘦 𝘣𝘢𝘪𝘴𝘦𝘳."
Le psy sévissait derrière les barreaux. J’avais le droit de bénéficier de ses services. Je savais pas trop comment ça marchait, juste que c’est sur ce qui s’est passé quand j’étais petit qu’il se penche. Va pour le psy.
– Comment voyez-vous votre père ?
J’étais de père inconnu, il était con ou quoi ? Plutôt que de lui faire la remarque, je lui ai balancé un truc bidon :
– Comme une chaise vide.
Surprise ! Ma réponse a retenu son attention. Il avait un faible pour la métaphore, je ne me suis pas retenu de lui faire plaisir »
Il y avait Zoé, devenue incontournable, et ses filles à ne pas négliger. Pas une mince affaire. Leurs moeurs la surprenaient parfois. Entre autre, Clem et ses tatouages. Devenus une obsession. S'en ferait faire dès qu'elle aurait l'âge. D'où lui venait ce désir ? Margot entrevoyait une raison cachée. Sa fille avait besoin de se rassurer. Elle avait peur de l'inconstance, du désamour, de la fragilité des choses. Le tatouage marquait pour l'éternité son corps au destin éphémère.
Ma voiture bleue filait sur le ruban d’asphalte. Du bord, on ne devait voir qu’un trait bleu comme quand passe un martin-pêcheur. J’allais le plus vite possible, m’envolait sur les dos d’âne, faisais crisser mes pneus dans les virages. John Fitzgerald avait agrippé le haut du siège avant et le serrait très fort. Il jubilait, émettait un grognement continu proche d’une mélopée sioux et l’expression spontanée de son plaisir me faisait venir les larmes.
Joseph Salkov est moins vif qu’avant, mais il bande encore dru. Au réveil. Mais c’est surtout le soir qu’on baise. Pas comme son envie de tuer qui se pointe sans prévenir. Cette nuit, il a flingué Elvis. Du sang sur les mains. En rêve. Le King est mort. En vrai, il ferait bien la peau à qui ?
Titillée par le meurtre de Paul Delvès, [Margot] avait demandé à Romain de rassembler ce qui avait trait à l’été meurtrier. Il avait mis dans une boite tout ce qu’il avait ramené du chalet. Romain ne savait pas quoi penser de l’insistance de Margot à reprendre en main l’enquête. Qu’elle s’occupe de son père mort qu’elle n’avait pas connu vivant était troublant. Ça tenait de l’hommage ? De l’intrusion déplacée ? Il se dit surtout qu’il ne risquait rien à la laisser faire. Au mieux, il ne serait pas mécontent que l’assassin de son père se fasse choper. Ce serait sans l’ordre des choses. Mais pas plus, il n’était plus motivé par le sujet. Il savait que ça ne réparerait pas les dégâts que ça lui avait causés, qu’il n’y avait pas d’autre choix que de faire avec…