II. ÉLÉGIE DE ROPRAZ
J'AI VOLONTÉ À RAFFERMIR
Ce matin te voyant luire
O muse quoi vouloir que bouche à bouche
des mots de toi me soient donnés
comme viande au corps affamé
Aussi j'ai volonté à raffermir
et noire fatigue à laver
Ah ne tarde à venir dans mes ratures
Si le doute les fauche comme touffes
Ici est une herbe peu sûre
De mots clairs ou tôt brûlés
Garde-les de hâte ou de vanité
Donne-leur conseil pour la guerre au-dehors
Et gîte contre le tremblement dedans
Ici est une herbe en cendre sous les clarines
Fais-la reverdir après le désert
Que ta viande occupe un corps, et ma narine
En attendant ma vraie mort sous le pré bouclé
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