Jacques Imbert

Introduction de Guillevic :

Tout poème est incarnation. Incarnation de quoi ? C'est ce qu'il cherche à dire.
Tout poème est un compromis entre ce qui anime le poète et, ce qu le force à dire, et l'idiome dans lequel il dit.
Toute anthologie est de même un compromis entre disons le goût de l'anthologiste, son amour, ses amours, ses préférences et ce choix établi par l'opinion anonyme et triomphante: on peut ne pas aimer Lautréamont ou Eluard, on ne peut pas les faite se taire.
Toute poésie nationale est un dialogue entre des poèmes d'auteurs contemporains et d'auteurs d'époques différentes. L'anthologiste établit le procès verbal de ce dialogue .
Il nous ainsi son dialogue avec lui-même. Il accuse fatalement ses propres contradictions. Il se compromet avec lui-même.
Ainsi l'anthologie est en même temps une exploration et une relation du dialogue entre celle-ci et la masse des choses admises qu'il faut traverser pour se lancer dans cette entreprise.
C'est à quoi correspond, je le crois fortement, l'anthologie de Jacques Imbert. (...) Homme de culture, homme de goût, homme d'un bon sens forcené (...) voici son fruit.

Puisque les mots
Puisque les mots jaillissent de la mer
Puisque les mots ruissellent sur les murs des villes
Griffes Caresses Poignards et Soie
Puisque les mots déchirent la prison de la mémoire
Puisque les mots dévorent ma vie.

"Pour nommer ou les mots perdus" Georges Jean