AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Jaime de Angulo (2)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées
Une famille de chasseurs indiens

Livre surprenant s'il en est, puisque il s'agit en fait d'un recueil de contes issus de la mythologie des Indiens de Californie. Les histoires, car il s'agit d'une série d'histoires, se déroulent dans les temps préhistoriques de l'ouest des Etats-Unis, où hommes et animaux ne sont pas encore foncièrement dissociés.

L'auteur, fin connaisseur et amoureux des cultures indiennes du nord de la Californie, nous relate les aventures de la famille d'Ours, figure du père un peu bougon, de sa femme Antilope, de leur petit garçon Renard et de leur petite fille Caille. Le lecteur chemine donc dans le monde du Merveilleux et du symbolique.

Passé la surprise -si l'on s'attendait à un contenu plus classique et "réaliste", on en vient à accepter et à chercher à comprendre ce qui est caché dans ces contes empreints de simplicité et d'une réelle fraîcheur, pas uniquement destinés à un public d'enfants. Jaime de Angulo, considéré comme un "old Coyote", a su faire revivre dans ce livre une part de l'âme amérindienne.
Commenter  J’apprécie          70
Indiens en bleu de travail

Une immersion poétique et ethnolinguistique parmi les Indiens déshérités de Californie dans les années 1930 : « rouler dans les fossés avec les chamanes ».



Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2022/04/29/note-de-lecture-indiens-en-bleu-de-travail-jaime-de-angulo/



Jaime de Angulo (1887-1950), né à Paris de parents espagnols (son type « mexicain » prononcé lui permettra tout au long de sa vie de se différencier auprès des populations indiennes des W.A.S.P. californiens largement honnis des descendants des plus anciens occupants du pays), parents aristocrates selon la légende, arrive en Californie en 1906, juste avant le grand tremblement de terre de San Francisco, d’abord comme authentique cowboy, puis comme médecin et psychologue, avant de se tourner également vers l’anthropologie et l’ethnomusicologie. Vivant au contact immédiat des Indiens de Californie, tout particulièrement des tribus Pit Rivers, Païutes et Modocs, aux vies particulièrement précaires, il consacre près d’une décennie à recueillir, au prix d’une observation extrêmement participante (ses collègues universitaires de Berkeley utiliseront parfois à son sujet l’expression imagée « going native ») de précieuses informations linguistiques, mythologiques, coutumières et artistiques (assemblant notamment une rare collection d’enregistrements de chants traditionnels, cérémoniaux ou autres). Vivant ensuite en semi-reclus à Big Sur, non loin du repaire d’Henry Miller, séparé de son épouse L.S. « Nancy » Freeland (également linguiste et anthropologue, étudiante d’Alfred Kroeber, le père d’Ursula K. Le Guin, car le monde est parfois tout petit et chargé de correspondances baudelairiennes) après la mort de leur fils Alvar dans un accident de voiture en 1933, mais restant en bons termes avec elle, il reçoit les visites relativement fréquentes de Robinson Jeffers, de Henry Cowell ou de Kenneth Rexroth, parmi bien d’autres artistes de la région de San Francisco, et participe ainsi, d’une manière distante mais réelle, à la pré-révolution culturelle alors en cours sur la côte Ouest des États-Unis. Apprenant son cancer début 1949, il consacre frénétiquement les derniers mois de sa vie, avec l’aide de son épouse, à rendre publiable l’essentiel du travail accumulé pendant près de vingt-cinq ans, tout particulièrement ses « Contes indiens », qui seront publiés en 1953, et ces « Indiens en bleu de travail », publié en revue puis en volume en 1950. C’est en 2014 que Martin Richet nous en offre cette belle traduction française (ainsi qu’une précieuse postface), dans la collection géographie(s) des éditions Héros-Limite.



On sera certainement frappé à la lecture de ces 70 pages de l’adéquation intime, profonde, vitale, entre la forme qu’elles adoptent et la vie qu’elles décrivent comme en passant, avec une profonde simplicité dans le compte-rendu de l’échange, dans l’acceptation de l’autre, qui résonne avec les proses poétiques d’un Thierry Metz, d’un Jean-Pierre Abraham ou d’un Joseph Ponthus. Traquant avec une grande finesse ce qui se peut se terrer au détour d’un détail linguistique, vivant pleinement la misère et la fierté qui baignent ses amis chamanes ou simples journaliers (on pensera sans doute aussi, même si l’époque est plus tardive et qu’il s’agit d’Indiens du Sud-Ouest aux structures sociales et mythiques réputées plus complexes, aux navajos et aux hopis si finement mis en scène par le grand Tony Hillerman), faisant preuve en permanence d’un humour digne du sens constant de la plaisanterie et du rire dont témoignent ses interlocuteurs, jusque dans le malheur épais, Jaime de Angulo nous offre un témoignage rare, fou et intense, en pleine conscience, du caractère infiniment précieux de l’altérité, contre toute la pression d’une société et d’un mode de vie dominant.
Lien : https://charybde2.wordpress...
Commenter  J’apprécie          30


Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Jaime de Angulo (14)Voir plus

Quiz Voir plus

Dancing'quiz

corse pour Fernandel et argentin pour Astor Piazzolla

mazurka
rumba
rhapsodie
tango
valse
polka
marche

11 questions
99 lecteurs ont répondu
Thèmes : musique , danse , variété , musique classique , musiciensCréer un quiz sur cet auteur

{* *}