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Citation de Philippe-rodolphe


« Je serrai Alafair contre moi, l’embrassai sur les cheveux et allai me déshabiller dans la chambre avant de prendre une douche. La brise par la fenêtre sentait la terre et les arbres humides, délicatement parfumée par les belles-de-nuit encore ouvertes sous les ombrages. J’aurai dû éclater d’énergie en ce matin de printemps, mais je me sentais à plat, vidé, une vraie chiffe molle qui se promènerait aux confins de sa propre enveloppe. La raison n’en était pas simplement une nuit d’insomnie et de mauvais rêves. Ces périodes-là descendaient sur moi aux moments les plus bizarres, comme si mon cœur me chassait au travers du corps un sang avarié pour que, soudainement, mon esprit vînt s’illuminer d’images et résonner de bruits que je n’étais pas bien prêt à accepter.

La chose pouvait m’arriver n’importe où. En cet instant précis, c’était dans ma chambre à coucher. J’avais remplacé plusieurs planches du mur, j’avais calfaté les trous de chevrotine double-zéro et de balles à gros calibres au bois synthétique avant de les poncer au papier de verre. La tête de lit au bois creusé et déchiqueté, où le sang de ma femme avait laissé ses taches marron comme un mouchetis de brosse à peinture qu’on aurait secouée là, gisait dans un recoin de la vieille grange effondrée à une extrémité de ma propriété. Mais lorsque je fermai les yeux, je vis les traînées de flammes des fusils de chasse dans l’obscurité, j’entendis les explosions des cartouches, aussi violentes que les éclairs au-dehors, j’entendis les hurlements de ma femme qui cherchait refuge sous un drap en essayant de se protéger de ses deux mains tandis que je me ruais dans une course frénétique vers la maison sous la pluie, mes propres hurlements noyés sous le tonnerre qui roulait au travers des terres »
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