Jan Stocklassa

Dans les dernières années avant le passage au nouveau millénaire, Stieg fut l'un des premiers à remarquer qu' une bonne part de l' extrême droite avait changé de tactique. Exit les crânes rasés,les bottes en cuir et les saluts nazis, ils portaient maintenant les cheveux bien coiffés, des chaussures bien cirées, ne se distinguant en rien, à première vue, des autres partis politiques établis. Leur calendrier officiel était celui de la vie démocratique, mais derrière on retrouvait les vieux nazis, et quoiqu'il arrive, on voulait se débarrasser des étrangers.
L' un des partis sur lesquels Stieg écrivait déjà en 1991 était celui des Démocrates Suédois. Leur discours était bien articulé, sourire aux lèvres. Ils étaient prêts à entrer au Parlement, quoique la route fût longue."

Pour devenir un jour reporter criminel, il lui fallait fréquenter assidument la préfecture de police et s'y batir un réseau.
Chaque aventure a son point de départ. Après un été si calme, Stieg ne se doutait pas que les événéments allaient trouver leurs dénouements au cours de l'automne.

« Archipel de Stockholm, août 2002.
Eva avait fini par le convaincre. Cette fois il devait prendre de vraies vacances d’été, et elle avait trouvé une maison dans l’archipel où ils pourraient se reposer au calme pendant plusieurs semaines (…) Au bout de quelques jours, il commença à se demander ce qu’il pourrait bien faire pendant qu’Eva rédigeait son livre (…) Stieg glissa une première feuille contre le rouleau de sa machine à écrire, et en haut de la page il écrivit :
Les Hommes qui n’aimaient pas les femmes. »

Hormis une petite plaque sur laquelle était gravé un numéro, rien n’indiquait que nous étions arrivés à destination. Rien ne laissait présager que le débarras qui s’ouvrait à nous pouvait abriter un trésor. Un trésor dont j’espérais qu’il puisse nous amener à faire des découvertes inestimables.
Le volet remonta en grinçant, la pièce à l’intérieur était pleine à craquer. Des colonnes de cartons du sol au plafond. Empilés les uns sur les autres en deux rangées jusqu’à la porte. Un regard sur le dessus d’un des cartons m’apprit que j’avais trouvé ce que je cherchais depuis si longtemps. On lisait, écrit au marqueur : ARCHIVES STIEG.

Eva et Stieg avancèrent jusqu’à la bande de plastique qui délimitait la scène du crime, et ils comprirent qu’ils étaient tout près de l’endroit exact où Palme avait été tué. Du sang avait coulé sur le trottoir gelé, la glace était teinte d’un rouge sombre. La flaque de sang était plus grande que ce qu’ils imaginaient qu’un être humain pouvait en contenir. On avait déposé des fleurs, des roses surtout, autour du périmètre interdit, certains les avaient jetées au milieu. Il faisait froid, pourtant ils restèrent là une bonne heure, immobiles. Seule la radio dans la voiture de police brisait sporadiquement le silence.

Même si les trois romans de Stieg Larsson se sont vendus à plus de 80 millions d’exemplaires à travers le monde, son activité première n’était pas d’écrire des romans policiers. Il avait voué toute sa vie d’homme adulte à combattre l’extrême droite montante. Dès le début des années 1990, il avertissait du danger que représentait le nouveau parti des Démocrates Suédois. Le même parti qui a bouleversé le paysage politique suédois et qui, vingt-cinq ans plus tard, fait basculer la majorité au Parlement.

Craig Williamson avait souvent répété dans ses interviews qu'après la chute du Mur de Berlin en 1989, et donc la fin de la guerre froide, les puissances occidentales n'eurent plus besoin du régime d'apartheid en Afrique du Sud. Et de fait il chuta, après que Nelson Mandela eut été libéré et que, le 7 juin 1990, le Premier ministre F.W. De Klerk eut décrété la fin de l'état d'urgence. A partir de cette date, le nombre d'opérations se réduisait sensiblement.

Tout est censé être très simple. Pluton est une planète. Le lait est bon pour la santé. Le diesel est plus propre que l’essence. Si l’on nage juste après avoir mangé, on peut avoir des crampes et se noyer. L’assassinat du Premier ministre suédois Olof Palme ne sera jamais résolu. Or toutes les bonnes vieilles vérités ont une fin, et pour l’une d’elles, ce jour est venu. Voici la nouvelle vérité : nous allons savoir qui a assassiné Olof Palme.

Les essuie-glaces luttaient contre l’épaisseur de la neige. J’étais garé depuis à peine plus d’un quart d’heure, mais la tempête avait déjà englouti ma Volvo bordeaux sous une lisse couche de neige. Les bruits de l’extérieur me parvenaient assourdis, et la neige qui tourbillonnait me faisait perdre tout sens de l’orientation, bien que je sache que j’étais sur le parking devant le bâtiment en tôle ondulée de l’entrepôt.

Quand il étendit la main vers l’interrupteur placé sur le lourd pied en fonte de sa lampe de bureau, afin d’éteindre la lumière, il était vingt-trois heures vingt. Presque au même instant, un coup de feu retentissait sur Sveavägen, le Premier ministre suédois était mort. Stieg heureusement n’en savait rien ; il ne pensait qu’à une seule chose : ne pas rater le prochain métro pour Rinkeby.