Je suis allée au lycée, à la fac, j’ai trouvé un boulot, et je me sens toujours paumée. Je n’ai pas d’amis, juste des collègues et des gens que je croise à la salle de sport ou au café. Je ne sais pas si ce sont des amis parce que je n’ai jamais trop compris comment ça fonctionnait, ce truc-là. La seule chose que je sais, c’est qu’être pragmatique et raisonnable me semble mieux que l’inverse.
La seule chose que je sais, c’est qu’être pragmatique et raisonnable me semble mieux que l’inverse.
Elles se regardèrent avec de petits sourires tristes.
— Jusqu’à ce que tu exploses comme une bombe, dit Sage.
— Ça peut arriver, oui.
— Ça finit toujours par arriver quand tu vis uniquement de façon raisonnable et pragmatique.
Amber possédait une adorable petite voiture parfaite pour la ville et pour se garer dans de minuscules espaces. Les personnes de grande taille avaient du mal à y entrer et à en sortir, à tel point que son voisin obèse avait même décliné une proposition de covoiturage. Pour atteindre le siège conducteur du quatre-quatre, en revanche, il fallait monter sur une marche avant de pouvoir poser ses fesses. Elle prit un moment pour ajuster le siège, régler les rétroviseurs, trouver les pédales et essayer le levier de vitesse.
— Méfie-toi de ceux qui sont marron, surtout, précisa-t-il. Leur morsure est assez méchante.
Elle baissa les yeux vers les touffes d’herbe au sol et recula en levant très haut les pieds.
— Ils hibernent en hiver, mais ils sont toujours là, reprit-il. Cela dit, il ne faut pas que cela t’arrête. Tant que tu ne les surprends pas, tu ne crains rien.
Elle n’avait aucune intention de lui dire la vérité. Que rien ne l’attendait chez elle, et qu’elle était restée dans l’espoir de découvrir l’ADN paternel qui faisait d’elle ce qu’elle était.
— Oui… quoi ?
— Je…
Je veux savoir pourquoi je ne suis pas impulsive, insouciante et blonde comme les blés.
Le secret de ce qui se cache derrière son expression est dans ses yeux.
Méfie-toi de qui tu écoutes. Notre tête croit toujours savoir mieux que le reste.