Jann Halexander

''Maman, je tenais à te le dire. Le moment n'est pas forcément le mieux choisi mais je crois qu'il n'y aura jamais vraiment de moment idéal au point où nous en sommes. Je suis lesbienne. Ce n'est pas vraiment une lubie, quelque chose de l'esprit. Ni une vengeance contre qui que ce soit. Tu sais que je ne déteste pas les hommes. Tu as connu mon ex. Mais je suis lesbienne. Même pas bisexuelle. J'ai eu une aventure de six mois avec une nana de la faculté. Voilà.'' Ouf elle l'avait dit. Enfin. Ce n'était rien, ce n'était que ça et c'était TOUT. Quelque chose s'était débloquée en elle. Elle pensa : voilà quelque chose de juste et utile à ma vie de fait. D'avoir clarifié les choses.

Il faut le savoir, l’admettre, l’univers des chansons pour adultes d’Anne Sylvestre est d’une violence insoutenable. A côté, les rappeurs sont des enfants de chœur. Violence d’autant plus insoutenable qu’elle arrive masquée par des musiques et des paysages solaires. Doux clavecin qui résonne et champs de blés…mais dans les champs de blés et les douces maisons, il est question de viols sauvages et d’âmes meurtries. De couteaux, de cris, d' insultes. Il y a celle qui se désole devant son miroir d'être si gentille et désespérée. Une autre qui n’en peut plus et voudrait rien qu’une fois faire des vagues.

L'amour est raison, le sexe est pulsion, la passion un désastre...

Mais quand même... de quoi avons-nous l'air, avec nos k2 et les lampes-torches, me dis-je en suivant le groupe jusqu'aux écuries...de gens qui veulent se donner des petits frissons  ? De gens qui vivent avec des chimères ? Et pourquoi faire d'ailleurs ? Le quotidien est jonché d'horreurs, de drames, d'effrois, pourquoi rendre visite à des fantômes dans la Vienne?

Le vent souffle, souffle, créant des ondes sur les hautes herbes vertes foncées sur la colline…je marche depuis des heures. Celle que je cherche existe-t-elle vraiment ? Je lève les yeux. Haut dans le ciel, des nuages mauves galopent. Devant moi se dresse un splendide escalier en colimaçon, aux marches faites de marbre et de bois. Vais-je avoir le courage de gravir ces marches si larges ? Voir la femme du Vent se mérite. Patient, excité, décidé, je gravis avec entrain les marches. Jusqu’au moment où un gigantesque plongeon huard atterrit devant moi. L’oiseau aux plumes dorées
par le soleil chante une longue plainte évoquant le hurlement d’un loup. Il déploie ses ailes, vole vers moi et me saisit par les épaules. Vole haut, très haut, m’emporte loin, très loin, planant au-dessus d’une mer mauve et pourpre. On ne dérange pas la femme du vent si facilement.

La première fois qu’on arrive à Hogsback reste à jamais gravée dans la
mémoire. Depuis East London, cette ville portuaire sans grand intérêt,
s’étalaient sous mes yeux fatigués, les paysages vallonnés monotones de
l’ancien Transkei, ex-bantoustan, aux herbes basses, jaunes et sèches,
collines tachetées ici et là de maigres arbres aux troncs noircis par la mort,
la foudre peut-être. Au bout d’une heure trente de route, nous
entraperçûmes enfin la chaîne de montagnes Amatola. Je dis nous, car,
étrange fruit du hasard, je partageais l’arrière de la voiture avec un français,
presque trente ans, comme moi, passionné d’Heroic Fantasy. Il voulait
également découvrir Hogsback. Ce coin était un aimant.

Il y a trop de choses à dire sur Fougeret. Je veux dire, rédiger un article pour le site, sachant qu'un article doit être synthétique, facile à lire, court, bref, je ne vais pas réussir. Je ne suis pas trop nul en synthèse. Mais là, je bloque. Soit on dit trop, soit on ne dit rien sur Fougeret. Le lieu est chargé, incontestablement. Est-ce qu'il est hanté ? Une part de moi-même se donne une bonne conscience en disant 'je ne sais pas'. Ce que je confirme, c'est que je ne regrette pas d'y être allé. De voir par moi-même. J'y suis allé sans trop d'attente. Et j'en suis revenu. Cela peut sembler idiot, mais il y avait quand même une légère crainte de ne pas pouvoir en revenir.

Les détracteurs des sociétés africaines les accusent d'être en retard sur tout. Il ne faudrait pas que les sociétés gabonaises, congolaises contemporaines se retrouvent spectatrices passives d'un processus de divulgation généralisé.