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Citation de sl972


sl972
17 février 2015
Caprice de l'histoire, l'ambassadeur polonais avait été maintenu à Istanbul aux frais du sultan. C'était un retour au temps où les Ottomans étaient trop suffisants pour se plier aux lois ordinaires de la diplomatie européenne et n'autorisaient aucun roi ni empereur à se considérer l'égal du sultan. Un ambassadeur était, à leurs yeux, une sorte de plaignant devant la source de la justice mondiale et non un grand personnage bénéficiant d'une quelconque immunité diplomatique. C'est pourquoi ils avaient toujours tenu à payer ses factures. D'autres nations étaient parvenues à contester cette conception de la diplomatie. Mais dernièrement les Polonais ne pouvaient guère se le permettre. Depuis 1830, leur pays avait cessé d'exister, quand la dernière parcelle de terrain autour de Cracovie avait été avalée par l'Autriche.
Les appointements que recevait l'ambassadeur polonais ne semblaient pas couvrir le coût du maintien de l'ambassade elle-même, avait remarqué Hachim, mais ils permettaient au moins à Palewski de vivre dans un confort raisonnable. "Nous parlons de justice chrétienne, expliquait Palewski, mais la seule justice dont ait jamais bénéficié la Pologne a été le fait de son vieil ennemi musulman. Vous, Ottomans, vous comprenez mieux la justice que n'importe qui d'autre en ce monde !" Palewski se gardait de faire remarquer que les appointements octroyés étaient inchangés depuis deux siècles. Hachim, de son côté, ne disait jamais ce qu'il savaient tous les deux : que les Ottomans persistaient à reconnaître les Polonais à seule fin d'irriter les Russes.
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