De fait, les viols sont des armes de destruction massive et continue. Pour les femmes qui en sont victimes, c’est la triple peine : traumatisme, stigmatisation au sein de leur communauté, et séquelles physiques (grossesse, contamination par des maladies sexuellement transmissibles comme le VIH, l’hépatite C, reconstruction chirurgicale des organes génitaux). Elles souffrent de troubles post-traumatiques, anxieux, dépressifs avec altération des capacités cognitives (troubles de la mémoire et de la concentration, incapacité à penser), émotionnelles (baisse de l’estime de soi, auto-dévalorisation, honte, culpabilité) et comportementales (conduites addictives, changement de caractère). Le noyau familial peut être compromis surtout si les viols ont été commis devant le mari et les enfants, une atteinte à l’intimité d’une portée effroyable. Dans les sociétés patriarcales, les femmes violées sont méprisées, chassées et mises au ban de la société, quand elles ne sont pas assassinées par des membres de leur propre famille.
Parce qu’une faction byzantine avait besoin de l’alliance russe contre une autre faction dans la compétition pour le trône impérial, un prince de Kiev, Vladimir, embrassa le christianisme oriental en 989. Événement de hasard, mais l’un des plus important de l’histoire, puisque l’immense espace russe s’était mis à l’écart de l’Europe occidentale latine, par un mur que le schisme de 1054 rendit peu à peu infranchissable. Le mur du filioque (l’Esprit saint procède du Père seul, et non, comme à Rome, du Père et du Fils) est toujours debout, aujourd’hui plus arrogant que jamais.
Pendant des siècles cette frontière spirituelle n’a pas été une frontière de guerre mais de civilisation. Le pays russe n’a pas participé à l’essor de l’Europe latine à partir de l’an mil. Il était sans véritables villes, sans progrès agricole, sans droit, sans institutions savantes.