Parce qu’une faction byzantine avait besoin de l’alliance russe contre une autre faction dans la compétition pour le trône impérial, un prince de Kiev, Vladimir, embrassa le christianisme oriental en 989. Événement de hasard, mais l’un des plus important de l’histoire, puisque l’immense espace russe s’était mis à l’écart de l’Europe occidentale latine, par un mur que le schisme de 1054 rendit peu à peu infranchissable. Le mur du filioque (l’Esprit saint procède du Père seul, et non, comme à Rome, du Père et du Fils) est toujours debout, aujourd’hui plus arrogant que jamais.
Pendant des siècles cette frontière spirituelle n’a pas été une frontière de guerre mais de civilisation. Le pays russe n’a pas participé à l’essor de l’Europe latine à partir de l’an mil. Il était sans véritables villes, sans progrès agricole, sans droit, sans institutions savantes.