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Critiques de Jean-Charles Le Roux (1)
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Une femme face à la mafia

Probablement que plusieurs d'entre vous se souviennent ou ont suivi certains épisodes dans la presse de la Saga Agnès Le Roux, qui non seulement s'est répandue sur une période relativement longue, grosso modo de 1977 à 2014, ou 37 éternelles années, mais comporte un nombre d'éléments et d'évènements rarement rassemblés en une histoire véridique et sûrement pas dans notre douce France. Il y a un peu de tout : trafic de sous, blanchiment d'argent criminel à grande échelle, corruption politique à un niveau aussi rarement égalé, magouille en tous genres et grand banditisme, une magistrature hésitante et décevante et mort d'homme, la fille même de l'auteure.



Commençons par le début et les présentations. Il y a d'abord un homme d'affaires exceptionnellement doué, Henri Le Roux (1897-1967), qui est avec son épouse Renée Bousquet (1922-2016), administrateur-délégué de la Société des Bains de mer de Monaco (SBM) et fondateur du casino niçois "Le Palais de la Méditerranée", à un des endroits les plus exquis et magics du monde "La Promenade des Anglais" face à la légendaire Baie des Anges !



Henri et Renée, qui se sont mariés en 1942, ont eu 4 enfants : Catherine, l'aînée ; Patricia, épouse George Blot ; Agnès, la pauvre disparue, née en 1948 ; et Jean-Charles, né en 1957, qui a aidé sa mère à produire le présent ouvrage.



Le charme de l'endroit n'avait pas échappé non plus à un dénommé Jean-Dominique Fratoni (1923-1994), un gangster d'origine corse, qui grâce à l'appui du maire corrompu de Nice, Jacques Médecin (1928-1998), se fit construire un peu plus loin du Palais de la Méditerranée le Casino Ruhl. En fait, ce duo Fratoni-Médecin avait le plan de métamorphoser cette partie de la côte méditerranéenne en un Las Vegas français. À la mairie ce projet grandiose ne coûtait strictement rien et le financement était assuré par les commanditaires de Fratoni, à savoir des puissants groupes mafieux qui y voyaient une belle perspective pour leurs multiples business.



Seul inconvénient, il fallait impérativement que le Palais de la Méditerranée fasse partie de ce complexe ambitieux du jeu. Or, cela n'était nullement l'intention de Renée Le Roux, qui était une dame respectable. Pour Fratoni pas de problème : ce qu'on ne peut prendre on l'achète. Ainsi, Fratoni offre, le 30 juin 1967, 12 millions de francs pour la cession des titres de la famille Le Roux du Palais. Une somme rejetée par Renée comme totalement insuffisante.



Apparaît alors un personnage particulièrement sinistre du nom de Maurice Agnelet (né en 1938), un obscur avocat, qui fréquente l'auguste cercle de Fratoni & Co., mais qui connaît également la jeune Agnès Le Roux avec qui il a une liaison. Cette jeune femme de 29 ans est un peu impatiente et réclame à sa chère mère le paiement intégral de son héritage, ce qui s'avère impossible sans mettre la compagnie gestionnaire du Palais dans une position d'insolvabilité risquée.



Lorsque Agnès raconte que par l'intermédiaire de son amant Agnelet elle a appris que Fratoni est disposé à lui payer 3 millions pour ses actions, sa mère lui répond que : "Fratoni est tout ce que toi et moi détestons" (page 136).



Seulement Agnès a décidé de ne pas être raisonnable du tout : elle divorce de son mari, Jean-Pierre Hennequet, pour épouser Agnelet, qui divorce à son tour, et bien entendu elle vend ses actions. Avec cet argent le couple part en Suisse, où à Genève ils mettent cet argent sur des comptes numérotés.



Peu de temps après, Agnès Le Roux disparaissait. En effet, elle n'a plus donné signe de vie depuis le 27 octobre 1977. Les soupçons sur l'auteur de cette étrange disparition se sont relativement vite axés sur son nouveau mari, le sinistre avocat Maurice Agnelet, qui a eu droit à 3 procès retentissants et que je vous laisse découvrir en lisant ce témoignage de 351 pages. Je peux vous assurer que vous aurez de quoi être étonné et surpris.



Le style de Renée Le Roux est extrêmement précis et honnête, sans pour autant être littéraire. J'ai trouvé que ce récit est à la fois plus instructif et plus captivant que la plupart des romans policiers et thrillers.



Sur la même affaire il y a le livre de Patrick Besson "Le corps d'Agnès Le Roux" que j'ai eu en main et feuilleté, mais qui ne m'a point convaincu. Une approche nettement plus solide est "Dossier M... comme milieu" de James Sarazin, ancien journaliste du Monde.



Les cinéphiles peuvent se flatter que le réalisateur de qualité André Téchiné a porté le livre de mère et fils Le Roux en 2014 à l'écran sous le titre "L'Homme qu'on aimait trop" avec Guillaume Canet dans le rôle de Maurice Agnelet, Catherine Deneuve comme Renée Le Roux et l'excellente Adèle Haenel comme Agnès Le Roux.

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