Certes se comporter en nazi pour punir des nazis tomberait sous le sens, si un soupçon d'humanité ne nous distinguait pas de ces nuisibles.
Une dévastation intérieure : la haine. Partout. Elle a tout submergé. La mort suinte des mots comme des actes. Chacun a de bonnes raisons d'assouvir sa vengeance. La paix des armes n'est pas la paix des âmes.
Les premières consultations nationales depuis le Front populaire, il y presque dix ans. La possibilité de changer de régime en élisant une assemblée constituante. Et l'occasion pour les partis de se compter vraiment. Socialistes, démocrates-chrétiens et communistes se rendent coup sur coup. L'unanimité résistante a fait place à une compétition féroce.
Un passant interpelle le lieutenant Richard alors que la Jeep s'immobilise à la hauteur d'une épicerie aux étals faméliques.
"Alors, la pimbêche, on bouffe bien chez les trouffions ? Mieux qu'ici, certainement ! C'était bien la peine de chasser les Fritz pour continuer de crever la dalle !"
Colette Richard préfère ne pas répondre. Elle se concentre sur les explications qu'elle me donne, l'air gêné. Comme si elle se sentait responsable de me faire déouvrir l'ambiance délétère des rues parisiennes.
"Les gens sont exaspérés. Et ils ne se privent plus de le dire...
Les services se renvoient la balle et les victimes préfèrent se fondre dans la foule. Comme si elles avaient honte. De toute façon, beaucoup de gens ne les croient pas : de telles horreurs semblent inimaginables… Et quelques esprits tordus les prennent pour des menteurs qui veulent profiter des secours en cette période de pénurie !
– Honteux !
– Alors, ils préfèrent se taire. Disparaître une fois de plus… »
Depuis mon retour d'Angleterre, je mesure la monstruosité d'une apocalypse dont j'étais loin d'imaginer l'ampleur lorsque j'étais à Londres. Une dévastation intérieure : la haine. Partout. Elle a tout submergé. La mort suinte des mots comme des actes. Chacun a de bonnes raisons d'assouvir sa vengeance La paix des armes n'est pas la paix des âmes.
Depuis mon retour d’Angleterre, je mesure la monstruosité d’une apocalypse dont j’étais loin d’imaginer l’ampleur lorsque j’étais à Londres. Une dévastation intérieure : la haine. Partout. Elle a tout submergé. La mort suinte des mots comme des actes. Chacun a de bonnes raisons d’assouvir sa vengeance. La paix des armes n’est pas la paix des âmes.
Parcourue à hauteur d’homme, une ville frappée par les bombardements ou les combats est toujours impressionnante. Mais la différence entre une ville détruite et une ville défaite ne se mesure pas aux tas de gravats le long des rues défoncées, aux cratères dans les chaussées, aux quartiers soufflés, aux conduites d’eau éclatées ou aux monuments effondrés. Elle se ressent dans le regard de ses habitants. Quand il y en a encore…
Toute dictature soumet d'abord son propre peuple avant de terroriser les peuples voisins. Hitler n'a rien inventé : il a simplement industrialisé la méthode.
- Voici la Zone d'Occupation française, la ZOF pour les intimes: elle suit les pointillés jaunes, le long du Rhin, coincée entre les colonies britannique et américaines. Strasbourg est là, pas loin.
- Ce n'est pas immense....
- Ni très pratique.