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Citation de Leg12


Le magasin de vêtements occupait tout le rez-de-chaussée d’un immeuble des années trente. C’était un véritable paradis pour apparatchik, un rêve de membre du Soviet suprême.
Aurel avait réussi à se constituer au fil du temps une garde-robe de ce style, mais c’était en en dénichant les pièces par-ci par-là, dans des friperies ou des sites d’enchères. Tandis que cet espace tout entier était dédié à des coupes démodées, à des tissus qui semblaient sélectionnés sur le seul critère de la tristesse et de la laideur. Tout était dans les tons marronnasses et verdâtres. Il ne faudrait pas imaginer que ce mélange pouvait avoir le charme des rayons de vêtements de chasse ou d’équitation. Le camouflage dont il s’agissait était de type social. Les tenues exposées étaient réservées aux athlètes de la médiocrité, aux champions de la grisaille bureaucratique. Il s’agissait de triompher en battant tous les autres concurrents à l’épreuve de la banalité et de la modestie prolétarienne. Ce sport se pratiquait au sommet, dans les hautes sphères des États socialistes, mais aussi à ras de terre, pour se faire bien voir des flics et des petits chefs. Aurel n’avait jamais dépassé ce niveau. Il avait pourtant pris goût à cette façon de se vêtir, comme on chérit tout ce que l’on associe à sa jeunesse. Il avait toujours été incapable de s’habituer à une autre forme d’élégance.
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