L’Alsace-Lorraine accompagne l’Empire allemand jusque dans ses derniers soubresauts. Elle participe aux quinze premiers jours de la révolution de Novembre. Cette révolution en Allemagne est d’abord une révolution démocratique qui met un terme au régime impérial comme aux régimes princiers de la plupart des États fédérés au sein de l’Empire. En Alsace-Lorraine, cette révolution coïncide avec son retour dans une France désormais républicaine.
Ces deux années d’agitation sociale et politique s’inscrivent directement dans la continuité du mouvement des conseils d’ouvriers et de soldats de novembre 1918. Comme une réplique sismique du tremblement de terre que constitue ce moment, se propage une onde de choc qui résonne encore longtemps. Il bouleverse profondément l’agencement des différentes strates sociales, politiques, nationales au sein de la classe ouvrière et dans l’ensemble des classes populaires
Tout au long de la guerre, la part de la population active socialement et politiquement est sous les drapeaux, souvent sur le front, exclue des rapports de production. La population ouvrière est surtout formée de femmes, d’enfants et de personnes âgées
la généralisation du mouvement signifie immédiatement l’impossibilité totale d’assurer aussi bien le retrait des troupes et la démobilisation des soldats que l’approvisionnement des villes
Avec les soldats, les jeunes constituent au mois de novembre, le gros des foules qui agitent les rues des villes du Reichsland
Cette distribution frappe très fort l’imagination des populations qui n’ont jamais connu le pain blanc